PRESIDENTIELLE AU BRESIL

 DYNAMIQUE FAVORABLE POUR JAIR BOLSONARO

Jair Bolsonaro est particulièrement satisfait d’avoir « vaincu les mensonges » des sondages qui le donnaient parfois perdant dès le premier tour. Dans un climat de polarisation extrême, les partisans de Lula s 'étaient mis à rêver d’une victoire par KO de Lula qui allait reléguer Jair Bolsonaro aux oubliettes de l’Histoire. Or ce dimanche soir autour de 22 heures, le verdict des urnes était formel : non seulement il y aurait un deuxième tour le 30 octobre, mais celui-ci s’annonce très serré et imprévisible.

Bolsonaro talonne Lula, un 2e tour le 30 octobre

Si l’ancien président Lula est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, le président sortant Jair Bolsonaro a beaucoup mieux résisté que prévu. Luiz Inacio Lula da Silva, icône de la gauche brésilienne, a certes remporté 48,4 % des voix, devant le président, à 43,20 % mais cette courte victoire est des plus décevantes pour Lula, auquel les sondages promettaient une large avance, voire un triomphe dès le premier tour. Cinq points séparent donc les deux candidats, alors que pendant des mois, les sondages prédisaient un écart d’au moins 15 points entre l’ancien président de gauche et le président d’extrême droite.

Le président sortant a obtenu ses meilleurs scores dans les régions du centre-ouest, du sud et du sud-est, note le journal brésilien Folha de São Paulo. Dans l'état de Roraima, au nord-ouest du pays, Jair Bolsonaro a recueilli 69,6% des voix. Bolsonaro est assez fort dans le sud du pays, une région blanche qui est le cœur de la ruralité brésilienne, avec de grands exploitants agricoles conservateurs.Les bons scores du président-candidat se retrouvent à São Paulo, cœur économique du Brésil ainsi qu'à Rio de Janeiro.

Avec 43 % des voix, Jair Bolsonaro améliore son score de 2018 abordant le deuxième tour dans une dynamique favorable : il peut en effet envisager la victoire s’il parvient à mobiliser une partie des électeurs qui ont voté pour Simone Tebet, la candidate de centre droit qui a réalisé 4,16 % des voix, ou pour Ciro Gomes (centre gauche, 3,04 % des voix) et une fraction des 20,9 % de Brésiliens qui ne sont pas allés voter ce dimanche.

Comme pour Jair Bolsonaro, l'ancien président de gauche a « fait fort là où il devait faire fort », soit dans la région du Nordeste, plus pauvre et rurale. Lula réalise son meilleur score (74,2%) dans l'Etat du Piauí, relève le journal brésilien Folha de Sao Paulo.

Avec 48 % des voix, Lula semble lui avoir fait le plein de voix même s'il va tenter de rallier ces électeurs qui feront pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Il devra donc affronter son ennemi juré lors d’un 2e tour, prévu par la loi électorale le 30 octobre.

Un raz-de-marée bolsonariste aux législatives et gouvernatioriales

Ce résultat rebat totalement les cartes de cette élection présidentielle scrutée de près. En effet, le président sortant enregistre aussi des résultats bien meilleurs que ce que prédisaient les sondages pour les autres scrutins du jour : ceux qui renouvellent les deux chambres du Congrès et élisent les gouverneurs des 27 États brésiliens.

Selon les analystes, le Parti libéral (PL), parti de l’actuel président d’extrême droite, est en passe d'obtenir le plus grand nombre de sièges à la Chambre des députés. Au Sénat, le PL et ses alliés ont remporté au moins 14 des 27 sièges à pourvoir.

Concernant les gouverneurs, le candidat du Parti libéral Claudio Castro a été réélu gouverneur de l’État de Rio dès le premier tour. La plus grande surprise a toutefois été l’arrivée en tête de Tarcisio Freitas dans l’État de São Paulo, ancien ministre de l’Infrastructure de Jair Bolsonaro, qui affrontera Fernando Haddad, dauphin de Lula et ancien maire de la mégapole de São Paulo. Le Parti des Travailleurs de Lula était pourtant annoncé comme en tête dans les sondages dans l’État le plus peuplé du Brésil.

Au plan national comme au niveau local, la dynamique électorale semble plus favorable à Jair Bolsonaro qu’au camp du Parti des travailleurs et de ses alliés.

Une campagne acharnée pour le second tour

Cette courte victoire de Lula au premier tour de la présidentielle est le présage d’un mois de campagne acharnée jusqu’au 30 octobre, date du second tour des élections. Dimanche soir, les deux candidats arrivés en tête ont réagi à l'issue des résultats.

«Dès demain, nous serons déjà en campagne. Ne vous reposez pas », a tweeté dans la soirée le leader de gauche Lula. « C'est juste une prolongation. Je peux vous dire que nous allons gagner cette élection (...) La lutte continue, jusqu'à la victoire finale », a déclaré Lula. L'ancien président, s'adressant à ses soutiens avenue Paulista à São Paulo, s'est déclaré « absolument certain que la justice divine va nous permettre de gagner ces élections, pour recouvrer la dignité du peuple brésilien ». Et le candidat d'ajouter : « C'est comme si le destin aimait que je travaille un peu plus. »

Le président sortant s'est déclaré optimiste pour « jouer la deuxième mi-temps » de l'élection présidentielle. «Nos adversaires ne se sont préparés que pour une course de 100 mètres. Nous sommes prêts pour un marathon. Nous nous battrons avec confiance et avec une force croissante, certains que nous vaincrons pour la patrie, pour la famille, pour la vie, pour la liberté et pour la volonté de Dieu !», a de son côté déclaré le président d’extrême droite Jair Bolsonaro.

Il s'est également engagé, dimanche soir, à mieux convaincre les Brésiliens les plus défavorisés qu'ils bénéficieraient davantage de son programme. « Je comprends qu'il y a eu beaucoup de votes en lien avec les conditions de vie des Brésiliens, qui sont touchés par l'inflation, notamment des produits de première nécessité. Je comprends que de nombreuses personnes aient envie de changement mais parfois, certains changements peuvent être pour le pire », a-t-il déclaré.

Si l’ancien président de gauche et l’actuel président d’extrême droite s’accordent sur la nécessité du Brésil d’être «sauvé», alors que le Brésil fait face à une grave crise économique. Sur les 213 millions d’habitants du pays, 33 millions souffrent de la faim et 9,9 millions sont au chômage. L’inflation est également très élevée et atteint les 12%.

Pour faire face à cette situation, le candidat du Parti des Travailleurs, Lula, souhaite tout d’abord améliorer le pouvoir d’achat des Brésiliens les plus pauvres en renforçant le système actuel «Auxilio Brasil» qui octroie 600 réais (115 euros) aux familles pauvres. Lula souhaite également une refonte du système fiscal brésilien, afin de taxer plus progressivement les classes moyennes et davantage les foyers les plus riches.

De son côté, Jair Bolsonaro mise sur l’emploi pour relancer l’économie du pays. Contrairement à son rival de gauche, il se positionne en faveur de la privatisation des grandes entreprises publiques, comme le gestionnaire de l’électricité.

Selon lui, la liberté économique des entreprises est la clé du bien-être social.




 Garett Skyport pour DayNewsWorld