PRESIDENTIELLE EN COLOMBIE

 BIENTOT UN PRESIDENT DE GAUCHE ?

Le candidat de la coalition Pacte historique, Gustavo Petro, a récolté 40 % des voix au premier tour, contre 28 % pour Rodolfo Hernandez. M. Petro pourrait devenir le premier président de gauche du pays à l’issue du scrutin, le 19 juin.uche

Gustavo Petro est arrivé largement en tête, dimanche 29 mai, du premier tour de l’élection présidentielle en Colombie. Il affrontera, au second tour, un candidat indépendant, Rodolfo Hernandez, selon les résultats officiels provisoires publiés dans la soirée. M. Petro cumule 40,32 % des voix, devant M. Hernandez (28,20 %). Le candidat conservateur Federico Gutierrez est en troisième position avec 23,87 %, un résultat surprise qui marque une défaite inédite de la droite traditionnelle colombienne.Pour la première fois de son histoire, la Colombie pourrait élire un président de gauche lors de l’élection présidentielle, dont le second tour aura lieu le 19 juin.

De l’avis de tous les observateurs, le sénateur Petro, un ex-guérillero converti à la social-démocratie, économiste et ancien maire de Bogota, a su exploiter la soif de changement manifesté par les Colombiens devant les inégalités et la corruption, un besoin dont il a fait son emblème avec son slogan « Pour la vie ».

Les quatre années de mandat du président conservateur sortant Ivan Duque, qui ne pouvait se représenter, n’ont vu aucune réforme de fond. Elles ont été marquées par la pandémie, une forte récession, des manifestations antigouvernementales massives dans les villes et l’aggravation de la violence des groupes armés dans les campagnes. Le « paro » (grève) du printemps 2021, sévèrement réprimé par la police, a révélé l'ampleur des frustrations, en particulier chez les jeunes, face à la pauvreté, aux inégalités et à la corruption, mal endémique du pays.Dans les zones rurales, guérillas et groupes armés liés au narcotrafic ont accru leurs violences et leur emprise au sein des communautés, mettant à mal les quelques acquis de l'accord de paix signé en 2016 avec les Farc marxistes.

« Il n’y a que deux options : laisser les choses telles qu’elles sont (…), ce qui signifie plus de corruption, de violence, de faim. Ou changer la Colombie et la conduire vers la paix, la prospérité et la démocratie », a déclaré M. Petro, dimanche, après avoir voté à Bogota.

C’est la troisième fois que M. Petro participe à une présidentielle. Cette fois-ci, il a comme colistière pour la vice-présidence une Afro-Colombienne, Francia Marquez. L’ascension au sommet de l’Etat de cette charismatique activiste au discours féministe et antiraciste marquerait également un tournant dans la politique colombienne, traditionnellement dominée par les mêmes élites.

Face au « Trump colombien »

Comme le laissaient percevoir certains sondages en fin de campagne, le millionnaire Rodolfo Hernandez, 77 ans, est, lui, arrivé en deuxième position. L’ex-maire de la ville de Bucaramanga (nord), homme d’affaires aux déclarations souvent outrancières ou excentriques, est surnommé par la presse locale le « Trump colombien ».

Alors que M. Gutierrez a été considéré tout le long de la campagne comme le challenger de Petro, ces résultats surprises marquent la déroute historique de la vieille droite colombienne, à l’image de son mentor, l’ex-président Alvaro Uribe, aujourd’hui englué dans les démêlés judiciaires.

Après le Chili, la Colombie en passe d’élire à son tour un président de gauche. Le pays pourrait tourner la page d’un demi-siècle de gouvernement par la droite et voir une femme noire et activiste écologique accéder à sa vice-présidence .



Alyson Braxton pour DayNewsWorld