LA FORET AMAZONIENNE EN DANGER AU BRESIL

Alors que le monde entier est concentré sur la pandémie de coronavirus.la déforestation de la jungle amazonienne s’est accélérée cette année, suscitant des craintes que ne se répète la dévastation record de l’année dernière.

De fait, la déforestation en Amazonie brésilienne a atteint un nouveau sommet au cours des quatre premiers mois de l’année, selon des données publiées vendredi par l’Institut national de recherche spatiale du Brésil (INPE), qui utilise des images satellites pour suivre la destruction : ce sont 1 202 kilomètres carrés de forêt ( équivalant à la moitié du Luxembourg) qui ont disparu de début janvier à fin avril 2020. Soit une augmentation de 55 % par rapport à la même période de l’année dernière, la plus élevée depuis 2015, date des premières observations mensuelles.

Face à ces chiffres inquiétants on ne peut que se demander comment le Brésil entend protéger la plus grande forêt tropicale du monde.sous le président d’extrême droite Jair Bolsonaro. Ce dernier est un climato-sceptique notoire qui préconise l’ouverture des terres protégées à l’exploitation minière et à l’agriculture.

Une politique quasiment anti-écologique

En 2019, pour la première année de sa présidence , la déforestation a connu une augmentation de 85% en Amazonie brésilienne, avec la destruction de 10 123 kilomètres carrés de verdure ,soit à peu près de la taille du Liban. Cette dévastation, avait créé un émoi mondial quant à l’avenir de la jungle, considérée comme vitale dans la lutte contre le changement climatique.

La destruction a été provoquée par des incendies de forêt record qui ont ravagé l’Amazonie de mai à octobre, en plus de l’exploitation illégale forestière et minière, et de pratiques agricoles sur des terres protégées.

« Plus encore, tout le monde brûle la forêt au Brésil, aussi bien les grands que les petits propriétaires, car c’est la façon la plus facile et la moins coûteuse de nettoyer le terrain avant de semer ou planter des cultures (notamment le soja exporté en Europe pour nourrir les porcs d’élevage intensif) ou encore de mettre les terres en prairie pour y élever des bovins à viande qui, eux aussi, seront exportés dans le monde », précise Michel Le Tourneau (CNRS-Université d’Arizona), géographe spécialiste de la forêt amazonienne.

Cette semaine l’armée va se déployer à partir de ce lundi 11 mai 2020. en Amazonie pour lutter contre les incendies et la déforestation, qui l'an dernier avaient été violents et nombreux. Mais la stratégie militaire du gouvernement ne porte que sur les incendies, sans tenir compte du fait qu’ils sont souvent causés par des fermiers illégaux et des éleveurs qui abattent des arbres puis les brûlent, déplore Erika Berenguer, écologue forestière de l’université d’Oxford. « C’est comme prendre du paracétamol quand on a mal aux dents : ça va réduire la douleur, mais si c’est une cavité, ça ne va pas la guérir », souligne-t-elle.

Pour les écologiste il serait préférable de soutenir davantage les programmes de protection de l’environnement. Mais sous la présidence Bolsonaro, l’agence environnementale IBAMA a dû faire face à des réductions de personnel et de budget. Et le mois dernier, le gouvernement a limogé le plus haut responsable chargé de l’application des lois environnementales de l’agence, qui avait peu avant autorisé une descente de police sur des mines illégales, devant les caméras de télévision.

Deux tragédies en même temps

Vient s'ajouter à cette première tragédie l’épidémie de coronavirus qui a fait officiellement près de 10.000 morts parmi quelque 150.000 personnes contaminées. L’État de l’Amazonas, le plus grand des États du Brésil situé au nord-ouest, à la frontière du Vénézuela et de la Colombie, largement couvert par la nature, est l’un des plus touchés. Avec sa seule unité de soins intensifs basée à Manaus, il a été débordé par l’épidémie.

Et les écologistes craignent que la protection de la forêt soit délaissée en raison de la lutte contre le Covid-19.




Alyson Braxton pour DayNewsWorld