LE PRESIDENT CHILIEN RECULE

DEVANT LA PRESSION DE LA RUE

Alors qu’il parlait d’un pays « en guerre contre un ennemi puissant » en début de semaine, le président chilien Sebastian Piñera a finalement mis de l’eau dans son vin devant la contestation sociale qui a fait 15 morts dans le pays. Il a opté pour un changement de ton radical .« Nous n’avons pas été capables de reconnaître l’ampleur de cette situation d’inégalités et d’abus. Je vous demande pardon pour ce manque de vision », a admis le président de droite.

Le dirigeant de droite a surtout pris un virage social : hausse de 20 % des pensions de retraite les plus basses, revalorisation du salaire minimum, baisse du salaire des parlementaires, gel du prix de l’électricité, baisse de celui des médicaments, augmentation d’impôts pour les plus riches… M. Piñera, qui avait réuni plusieurs présidents de partis politiques ce mardi, a déroulé une longue série de mesures qui seront soumises au vote du Congrès ou approuvées par décret présidentiel. « Cet agenda social ne résoudra pas tous les problèmes qui accablent les Chiliens, mais c’est un effort nécessaire et significatif pour améliorer la qualité de vie des plus vulnérables », a déclaré le chef d’Etat.

Mais pour Alberto Mayol, vice-doyen de la faculté d’administration et d’économie de l’université de Santiago, « ce qui est fondamental dans les événements de ces derniers jours, c’est l’échec du modèle économique actuel. Et aucune des mesures annoncées par le président ne sort de ce modèle ». Des annonces qui risquent donc de ne pas empêcher la poursuite de la mobilisation dans ce pays de 18 millions d'habitants aux inégalités criantes.

La Centrale unitaire de travailleurs (CUT), la plus grande confédération syndicale du pays, et 18 autres organisations ont en effet appelé à des grèves et des manifestations mercredi et jeudi à Santiago. Les syndicats de la santé publique ont également annoncé pour cette semaine une grève et des actions de protestation devant le ministère de la Santé.Appel qui a toutes les chances d'être suivi.

Près de 20 000 policiers et soldats sont toujours déployés sur le territoire chilien où l'état d'urgence est en vigueur dans la capitale et neuf des seize régions.

C'est la première fois que des militaires patrouillent dans les rues depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990).

Garett Skyport pour DayNewsWorld