MANIFESTATIONS MASSIVES EN COLOMBIE

L'Amérique latine est secouée ces dernières semaines par une vague de contestation qui a atteint le 21 novembre la Colombie. En effet des centaines de milliers de personnes -200 000 d'après la ministre de l'Intérieur Nancy Patricia Gutierrez, plus d'un million pour les organisations à l'origine du mouvement- sont descendues dans les rues lors d'une grève nationale.

Etudiants, ONG et opposition contre le président Ivan Duque.

A la grève et aux marches convoquées par des syndicats de travailleurs se sont joints les étudiants, les indigènes, mais aussi des organisations de défense de l’environnement et de l’opposition. « Il y a une accumulation de situations que nous espérons voir révisées après cette journée, y compris par un grand dialogue national de concertation », a déclaré le président de la Confédération générale du travail.

Ils ont défilé pour protester contre les politiques du gouvernement de droite du très impopulaire président Ivan Duque et pour défendre l’accord de paix signé avec la guérilla en 2016. Une fois n’est pas coutume, l’Eglise catholique elle-même avait exprimé son soutien à la mobilisation. Lassés de la corruption et de l'insécurité, les manifestants ont dénoncé des velléités du gouvernement de flexibiliser le marché du travail, d'affaiblir le fonds public des retraites en faveur d'entités privées, et de reculer l'âge de la retraite. Les étudiants ont pour leur part réclamé des moyens pour l'enseignement public, et les indigènes des mesures de protection après l'assassinat de 134 d'entre eux depuis l'arrivée de Ivan Duque au pouvoir en août 2018.

«La Colombie a gagné en cette journée historique de mobilisation citoyenne», a estimé dans un communiqué le Comité national de grève.

Un dialogue avec la société civile

Les organisateurs ont sollicité une réunion «immédiate» avec le président et appelé «les citoyens à se tenir prêts à mener de nouvelles actions dans la rue si le gouvernement persiste dans son indifférence face aux revendications». Dans la soirée, le président a affirmé avoir entendu les manifestants sans répondre cependant à la requête de dialogue direct. «Aujourd'hui, les Colombiens ont parlé. Nous les entendons. Le dialogue social a été la bannière principale de ce gouvernement. Nous devons l'approfondir avec tous les secteurs de cette société», a-t-il déclaré.

Des affrontements et trois morts

A l'issue de cette mobilisation majoritairement pacifique, des affrontement entre manifestants et forces de l'ordre, en fin de journée, ont conduit à la mort de trois personnes et 270 autres ont été blessées. Des «cacerolazo», des concerts de casseroles ont retenti dans tout le pays qui dénonçaient les violences de policiers anti-émeute. A Cali, au sud-ouest de la capitale, et à Bogota, le couvre-feu a été déclaré.

Cette mobilisation survient dans un climat agité en Amérique latine, avec des crises sociopolitiques, sans dénominateur commun, déclenchées en Equateur, puis au Chili et en Bolivie.

Andrew Preston pour DayNewsWorld