LE LAC DE TITICACA N’A PLUS

SA SPLENDEUR D’ANTAN

Le Lac de Titicaca est exposé à un grave problème, car il est le réceptacle de tous les polluants qui sont produits dans ses alentours, surtout du coté de l’Altiplano.

C’est par ce cri d’alarme que Juan Jose Ocola, responsable de l’autorité binationale (Bolivie/Pérou) qui gère l’environnement vient d’alerter la communauté internationale, car quelques 1,6 millions de personnes vivent dans cette région où se trouvent les villes de Puno et Juliaca coté Pérou et El Alto , coté Bolivie.

Le Lac de Titicaca s’étend sur 8300 km2 (la superficie de la Corse environ) à cheval entre le Pérou et la Bolivie. Situé à près de 4000 m de d’altitude, il est considéré comme la plus grande réserve d’eau douce de l’Amérique du Sud. C’est l’une des merveilles du Monde. Mais cette merveille a été en quelques années complètement contaminée.

Les raisons de cette pollution galopante sont multiples. Elle est causée tout d’abord par les déchets abandonnés par les quelques 750 000 touristes qui fréquentent annuellement cette région de l’Amérique du Sud.

Le Lac de Titicaca attire, car il fait rêver avec ses eaux bleues d’azur et le romantisme qu’inspirent les civilisations précolombiennes sur lesquelles on apprend chaque jour plus de détails grâce aux nombreuses et récentes découvertes archéologiques.

Mais les touristes ne sont pas les seuls responsables. Ajoutés aux gestes inciviques des touristes, il y a les rejets toxiques produits par les villes alentours. Toutes les eaux usées des quartiers résidentiels et des industries finissent dans le lac sans être traitées.

Les polluants favorisent le développement d’une algue verte nocive pour la biodiversité dont les animaux, dont les poissons en particulier indispensables aux pécheurs qui en dépendent économiquement.

Les animaux domestiques sont également concernés dont notamment les vaches et les moutons, (mais le bétail en général) qui meurent de diarrhées après avoir mangé la « tortora » une herbe du bord du lac.

Les conséquences sur la santé des hommes sont dramatiques. On constate aux alentours du lac une mortalité infantile importante et des problèmes de santé en proportion élevée.

Le Pérou et la Bolivie ont prévu d’investir 500 millions de dollars pour construire plusieurs stations de traitement des eaux usées ; 400 millions de dollars par le Pérou tandis que la Bolivie a décidé simultanément d’affecter 77 millions de dollars.

En attendant, se sont les habitants ou plutôt les habitantes qui,à mains nues ou quasiment nues (elles sont quand même équipées de gants en latex, mais elles ne portent pas de masque ?) ramassent périodiquement plastiques, papiers, bouteilles jetables, couches de bébés, médicaments et tous types de détritus.

Les plus actives appartiennent à l’ethnie Aymaras. En costume local, sous le soleil brûlant elles ramassent les déchets qu’elles entassent dans des sacs poubelle bleu ciel biodégradable. Leurs jupes multicolores et leurs chapeaux melon noirs en feutre se détachent sur le paysage d’un site somptueux ou l’ethnie aymaras vit depuis des siècles.

Certaines de ces indigènes ont même été formées à la mesure du PH du lac !

Jour après jour, le lac étouffe sous la pollution. Dans le labyrinthe végétal de la tortora qui l’a envahi (la tortora ressemble à un roseau, c’est la plante emblématique du lac) il est devenu presque impossible à un bateau à moteur de naviguer, le niveau de l’eau ayant de surcroit baissé de près de 70 cm au cours de ces dernières décennies.

L’odeur qui règne et qui vient de l’hydrogène sulfuré, libéré par la décomposition des sédiments charriés par les eaux est irrespirable.

Il détruit lui aussi l’écosystème car il est chargé de neurotoxiques et prive la faune et la flore d’oxygène.

Il y a urgence à agir ; le premier acte, long et difficile doit passer par l’identification des constructions d’infrastructures à réaliser.

La Banque Interaméricaine de développement (BID) a déjà prêté 77 millions de dollars. L’Union Européenne vient d’accorder 8 millions de subventions. La France, en très mauvais état financièrement s’est engagée à prêter 115 millions de dollars.

Il va falloir faire vite car le Nord de l’Altiplano, très peuplé, est le seul secteur  vivable de la région, le Sud étant couvert par le désert Lipez.

Les risques d’exode et de migrations écologiques menacent.

Clara Mitchell pour DayNewsWorld