INQUIETANTE CRISE POLITIQUE AU VENEZUELA

Plus d'une semaine après l'autoproclamation du président du Parlement, Juan Guaido, comme « président par intérim », la crise persiste au Venezuela aggravant le risque de troubles civils.

Alors que le président élu, Nicolas Maduro, a proposé des élections législatives anticipées pour sortir de la crise, Juan Guido ,lui, appelle à une nouvelle élection présidentielle, estimant la précédente irrégulière.

Mercredi, des milliers de Vénézuéliens ont manifesté à l'appel de Juan Guido pour convaincre l'armée de rejoindre l'opposition tandis que le dirigeant chaviste qui supervisait des manœuvres militaires à Caracas, a exhorté l'armée à l'unité face aux appels à la rébellion des Etats-Unis et du président autoproclamé.

«Vous voulez que gouverne une marionnette des ‘gringos' au Venezuela?», a lancé M.Maduro ensuite dans un meeting face à des jeunes Vénézuéliens.

Face au duel entre les deux présidents la communauté internationale se montre divisée.

La communauté internationale divisée

L’opposant Juan Guido est en effet soutenu par les Etats-Unis, les premiers à l'avoir reconnu comme président par intérim. Les deux hommes, qui se sont entretenus par téléphone avant la mobilisation de mercredi, se sont mis « d’accord pour rester en contact régulier afin de soutenir le retour vers la stabilité du Venezuela ». « Le combat pour la liberté a commencé ! », a tweeté, dans la foulée, le locataire de la Maison Blanche. Treize autres pays, menés par les États-Unis, reconnaissent également officiellement Guaido.

Emboîtant le pas, notamment, aux Etats-Unis, les députés du Parlement européen ont voté jeudi 31 janvier une résolution reconnaissant l'opposant vénézuélien Juan Guaido «président par intérim légitime» de son pays et appelant tous les pays de l'UE à faire de même.

Les eurodéputés ont également apporté leur «soutien entier à l'égard [du] programme» du président de l'Assemblée nationale et président par intérim autoproclamé, Juan Guaido.

De son côté Nicolas Maduro, fort du soutien de l'armée, est soutenu et reconnu par une écrasante majorité des 193 États membres de l'ONU, notamment la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité, qui dénoncent une ingérence américaine.

L'asphyxie de l'économie vénézuélienne

Alors que le Venezuela , autrefois le plus riche d'Amérique latine, a sombré économiquement et que ses habitants souffrent de graves pénuries d'aliments et de médicaments, les Etats-Unis accentuent leur pressions économiques en sanctionnant le groupe pétrolier PDVSA, source de 96% des revenus de l'État vénézuélien( gel des avoirs à l'étranger et interdiction de tout commerce avec des entités). Dans le même temps, les États-Unis ont donné à Juan Guaido le contrôle des comptes bancaires du Venezuela sur le sol américain.

De plus la Banque d'Angleterre en possession d'une partie des réserves vénézuéliennes en or, a refusé de restituer 1,05 milliard d'euros de lingots à Caracas tandis que, selon des rumeurs, un avion russe, arrivé à vide à Caracas, devrait repartir du pays, probablement vers la Russie, avec 20 tonnes d'or, soit 730 millions d'euros et 20% des fonds en or détenus par le Venezuela...

Alors que les neuf jours de mobilisations se sont déjà soldés par une quarantaine de morts et plus de 850 arrestations , selon les chiffres de l’Organisation des Nations unies, que des journalistes étrangers ont été arrêtés, de nouvelles manifestations des deux camps politiques sont prévues samedi.

Joanne Courbet pour DayNewsWorld