REUNION D'URGENCE DES PAYS ANDINS 

FACE A LA CRISE SECURITAIRE ET LA TERREUR 

EN EQUATEUR

Le 9 janvier, un nouveau seuil de terreur a été franchi en Équateur avec l'assaut en direct à la télévision publique TC par des hommes lourdement armés et encagoulés. Ces assaillants ont brièvement pris en otage journalistes et employés de la chaîne avant que les forces de l'ordre n'interviennent, libérant les otages et arrêtant 13 assaillants. Huit jours plus tard, le procureur anti-mafia Cesar Suarez, chargé de l'enquête sur cette attaque spectaculaire, a été assassiné en plein jour dans le centre de Guayaquil.

Une tentative d’assaut dans un hôpital : 68 interpellations

Face à cette escalade de violence, le président Daniel Noboa a décrété l'état d'urgence et qualifié le pays de "guerre intérieure" contre les gangs, les qualifiant de "terroristes". Plus de 20 000 militaires ont été déployés sur le terrain. Dimanche, de nouveaux incidents violents ont éclaté à Guayas, dans le sud-ouest.

En réponse à cette situation critique, la police équatorienne a effectué 68 arrestations lors d'une tentative d'assaut dans un hôpital à Yaguachi, dans la province du Guayas. Ces membres présumés d'une organisation criminelle projetaient de prendre le contrôle des installations pour protéger l'un des leurs, blessé et hospitalisé dans la matinée. Les forces de l'ordre ont également saisi des armes à feu et de la drogue, découvrant un centre de rééducation clandestin où des membres de l'organisation se cachaient.

Cette intervention s'inscrit dans le contexte d'une récente insurrection générale de nombreux criminels du narcotrafic à la suite de l'évasion du principal chef de gang d'une prison équatorienne. Les autorités ont également fermé plusieurs centres clandestins de rééducation, présentés comme des hôpitaux, mais gérés par des gangs sans équipements médicaux adéquats. Dimanche, environ 10 tonnes de drogue ont été saisies près de la ville de Vinces, dans la province de Los Rios, par l'armée.

Saisie d’armes à feu et de drogue

En parallèle, la police a effectué une saisie d'armes à feu et de drogue, mettant au jour un "centre de rééducation" clandestin où des membres présumés de l'organisation se dissimulaient, selon les informations fournies par les autorités. Ces centres illégaux ont fait l'objet de fermetures récentes de la part des autorités, principalement des établissements présentés comme des hôpitaux clandestins gérés par des gangs. Selon les autorités, ces structures ne sont pas équipées des dispositifs médicaux nécessaires pour assurer des soins adéquats aux patients.

Par ailleurs, dimanche, dans la province de Los Rios, près de la ville de Vinces, l'armée a signalé la saisie d'environ 10 tonnes de drogue. Cette action renforce les efforts des autorités pour contrer le trafic de stupéfiants et démanteler les réseaux criminels opérant dans la région ouest de l'Équateur.

" Réseau andin de sécurité "

Le 21 janvier, une réunion d'urgence s'est tenue à Lima, la capitale du Pérou, rassemblant les pays membres de la Communauté andine des Nations (CAN), pour discuter de la situation critique en Équateur. Le pays est actuellement miné par des violences liées au narcotrafic, générant un chaos et une crise sécuritaire sans précédent. Les pays voisins membres de la Communauté andine ont exprimé leur préoccupation face à cette détérioration rapide de la situation en Équateur.

Ces nations, à savoir la Colombie, le Pérou, la Bolivie et l'Équateur, s'unissent pour définir des actions concertées contre la prolifération et l'expansion des gangs impliqués dans le trafic de drogue et le racket. Les ramifications internationales de ces groupes criminels ont mis en alerte les zones frontalières, nécessitant une réponse coordonnée.

Le chef du gouvernement péruvien, Alberto Otarola, souligne l'impératif d'une action concertée face à cette réalité, affirmant qu'aucun pays n'est véritablement sûr si son voisin est sous l'assaut insensé de ces groupes. La réunion, convoquée par la présidence tournante bolivienne, a été l'occasion de renforcer la coopération régionale pour contrer cette menace croissante.

À l'issue du sommet, les ministres des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de la Défense de la Colombie, du Pérou, de la Bolivie et de l'Équateur ont annoncé la création du premier "réseau andin de sécurité" contre le crime organisé. Ce réseau fournira un service opérationnel 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, permettant l'échange d'informations entre les pays membres sur l'activité des groupes criminels opérant à l'échelle transnationale.

Une vingtaine de gangs font la loi

L'expansion des gangs impliqués dans le trafic de drogue et le racket en Équateur a suscité une alerte aux frontières, incitant le Pérou et la Colombie à renforcer leurs contrôles, redoutant l'arrivée de criminels fuyant la répression grandissante en Équateur.

Malgré sa réputation de pays relativement sûr, l'Équateur connaît une escalade de la violence depuis cinq ans, accentuée par un ralentissement économique et une détérioration consécutive à la pandémie de Covid-19. Le taux d'homicides a explosé, passant de 6 à 46 pour 100 000 habitants en 2023.

Historiquement préservé des violences liées au narcotrafic, l'Équateur, situé entre la Colombie et le Pérou, les deux principaux producteurs mondiaux de cocaïne, est désormais un centre opérationnel et logistique pour l'expédition de cette drogue vers l'Europe.

Une vingtaine de gangs, agissant parfois depuis les prisons, exercent un contrôle préoccupant sur la situation.

Dans un rapport publié en 2022, la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) avait souligné le "contrôle interne important" exercé par le chef de Los Choneros sur la prison. Elle notait par ailleurs que ce dernier, ainsi que Junior Roldan, un autre dirigeant du gang tué l'année dernière en Colombie, bénéficiaient d'un "traitement différencié et préférentiel de la part des autorités".




Jenny Chase pour DayNewsWorld