SALVADOR NAYIB BUKELE LE DICTATEUR COOL RECONDUIT PRESIDENT

Nayib Bukele a remporté de manière écrasante l'élection présidentielle au Salvador le dimanche 4 février 2024, obtenant selon un sondage CID-Gallup réalisé à la sortie des urnes, un impressionnant soutien de 87% des voix. Nuevas Ideas, son parti, est assuré d'une large majorité au Parlement.

Le jeune président réélu de 42 ans a exprimé sa conviction que le Salvador connaît désormais une véritable démocratie. " C'est la première fois qu'il y a la démocratie dans le pays ", a déclaré Nayib Bukele. " Il n'y a pas de dictature, les gens votent en démocratie. Le peuple dit : je ne suis pas opprimé, je suis heureux. "

Une politique sécuritaire implacable

La popularité indiscutable de ce leader souvent qualifié de " dictateur cool " est attribuable à sa politique sécuritaire implacable mise en place au cours de son premier mandat. Cette lutte sans merci, engagée il y a deux ans, a transformé la capitale, autrefois classée parmi les plus dangereuses du monde, en l'une des plus sécurisées en l'espace de quelques mois. La politique de Nayib Bukele a réussi à réduire de 70% le nombre d'homicides dans le pays.

75 000 arrestations

Le président Nayib Bukele a adopté une approche résolument radicale pour remédier à la situation au Salvador : en mars 2022, il a instauré l'état d'urgence, autorisant ainsi le déploiement de l'armée dans les rues salvadoriennes et permettant des arrestations sans mandat. Depuis lors, pas moins de 75 000 personnes ont été arrêtées, une mesure sans précédent pour une population de 6,5 millions d'habitants. De plus, le chef d'État a supervisé la construction d'une méga prison qu'il a nommée « centre de confinement du terrorisme », où aucun avocat n'est autorisé à entrer et où tout contact avec l'extérieur est prohibé.

Pendant des années, le Salvador avait été ravagé par les deux principales maras (gangs), la Salvatrucha et Barrio 18, qui semaient la terreur dans toutes les rues du pays. Leurs membres, arborant souvent des tatouages jusqu'au visage pour se reconnaître, contrôlaient une grande partie du territoire, pratiquant le racket, l'assassinat, et instaurant un climat de violence extrême. Les règlements de compte se concluaient souvent par le démembrement ou la décapitation des adversaires. Se déplacer dans les rues de San Salvador nécessitait parfois d'importants détours si le chauffeur de taxi n'avait pas versé la somme requise aux personnes appropriées. 

Sortir dans les rues la nuit était impensable sans la protection d'un des gangs.
Nayib Bukele a comparé la situation précédente du Salvador à un cancer généralisé. " Le Salvador avait un cancer avec des métastases. 85% du territoire était dominé par les bandes ", rappelle-t-il. " Nous avons pratiqué une chirurgie, une chimio, une radiothérapie et nous allons en sortir guéris, sans le cancer des bandes. Nous avons éliminé ce qui nous tuait. Ce qui attend maintenant le Salvador est une période de prospérité. "

Une économie en panne

Ce 4 février, Nayib Bukele a promis une ère de prospérité "car il n'y a plus de frein à la création d'entreprise, plus de frein aux études, plus de frein au travail, plus de frein au tourisme". Selon le président, la victoire sur l'insécurité permettra au pays de déployer son potentiel économique, une nécessité impérieuse étant donné que 70% des emplois se situent dans le secteur informel, privant ainsi les travailleurs des avantages en matière de santé et de retraite. La Commission économique des Nations unies pour l'Amérique latine et les Caraïbes (Cepal) estime que 30% de la population salvadorienne vit dans la pauvreté.
La réalité économique du pays repose largement sur les remesas, ces envois d'argent effectués par les expatriés, qui génèrent 21% du PIB. Dans cette économie dollarisée, Nayib Bukele a tenté de faire du bitcoin la monnaie officielle en 2021, une décision critiquée par le FMI en raison de la forte volatilité de cette cryptomonnaie.

La politique de sécurité de Nayib Bukele et ses succès suscitent un vif intérêt dans d'autres pays d'Amérique latine gangrenés par l'insécurité, aussi bien de la part du nouveau président équatorien, Daniel Noboa que de son homologue argentin, Javier Milei.




Jaimie Potts pour DayNewsWorld