TURQUIE UN CINGLANT REVERS POUR ERDOGAN LORS DES MUNICIPALES

Moins d’un an après sa réélection ,en mai 2023, à la tête de la Turquie contre un candidat désigné par six partis d’opposition, le président Recep Tayyip Erdogan a subi dimanche 31 mars, à la faveur d’élections municipales, le pire revers politique qui lui ait été infligé depuis son arrivée au pouvoir en 2002.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a concédé dimanche la victoire historique de l'opposition aux élections municipales, qui constituent selon lui un "tournant" pour son camp, au pouvoir depuis 2002. Le dépouillement de près de 99 % des urnes à l'échelle nationale confirme que l'opposition turque a infligé au parti AKP (islamo-conservateur) du chef de l'Etat sa pire débâcle électorale en deux décennies.

"Nous n'avons pas obtenu les résultats que nous souhaitions." Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a concédé "un tournant" pour son camp, dimanche 31 mars, après la victoire historique de l'opposition aux élections municipales.

Le premier parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), une formation laïque, a devancé le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir, en nombre de voix, totalisant 37,7 % des suffrages exprimés, contre 35,5 % pour l’AKP. Non seulement l’opposition conserve les mairies d’Istanbul et d’Ankara, mais elle s’est imposée dans un grand nombre d’autres villes et villages qu’elle n’avait pas réussi à conquérir jusque-là, y compris des bastions de l’AKP.

Pour nombre d'observateurs, le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, très populaire, dispose désormais d'un boulevard vers la présidentielle 2028. Le CHP, formation sociale-démocrate, a raflé de nombreuses autres mairies, comme à Bursa, une importante cité industrielle du nord-ouest du pays, qui était acquise à l'AKP depuis 2004. Outre Izmir, troisième ville du pays et fief du CHP dans l'Ouest, et Antalya, dans le Sud, le premier mouvement d'opposition a réalisé une percée spectaculaire en Anatolie. Il fait la course en tête dans des chefs-lieux de provinces longtemps tenus par l'AKP.

"Les électeurs ont choisi de changer le visage de la Turquie", s'est félicité le chef du CHP, Ozgür Ozel. "Ceux qui ont été ignorés ont envoyé un message clair à ceux qui dirigent ce pays", a abondé le maire CHP d'Ankara, Mansur Yavas.

Le parti pro-kurde DEM s'est, lui, assuré une confortable avance dans plusieurs grandes villes du Sud-Est à majorité kurde, dont Diyarbakir, la capitale informelle des Kurdes de Turquie.

Erdogan promet de "respecter la décision de la nation"

Depuis le siège de son parti à Ankara, devant une foule abattue et inhabituellement silencieuse, le président turc a promis de "respecter la décision de la nation". Résigné, il a évoqué les "quatre années de travail (...) à ne pas gaspiller" d'ici 2028, une manière d'écarter l'éventualité d'une élection anticipée qui lui permettrait de se représenter une nouvelle fois.

La très mauvaise situation économique du pays, l’inflation, dont le taux a atteint 80 % fin 2022 et se maintenait encore à 67 % en février, et la hausse du coût de la vie qui en a résulté expliquent en bonne partie le verdict des électeurs. Ces facteurs ont sans doute incité les électeurs mécontents de l’AKP à rester chez eux .




Andrew Preston pour DayNewsWorld