DES ELECTIONS LEGISLATIVES HORS NORMES EN INDE

A partir du 19 avril, près d'un milliard de personnes ont été appelées aux urnes, en Inde, pour les élections législatives. 

Un défi logistique pour le pays surnommé "la plus grande démocratie du monde". 

Au total, 968 millions d'Indiens sur les 1,4 milliard d'habitants, sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des États-Unis, de l'UE et de la Russie réunis. Les bulletins de vote de tout le pays seront dépouillés le 4 juin. 

Les résultats sont généralement annoncés le même jour.

Plus de six semaines de scrutin

Le scrutin s'étalera donc sur 44 jours, soit plus de six semaines. Il a démarré le 19 avril et terminera le 1er juin, a annoncé la commission électorale indienne lors d'une conférence de presse le 16 mars. Tout au long de cette période, les électeurs seront appelés à voter par étapes, selon l'État ou le territoire où ils habitent. Au total, il y aura sept phases de vote : le 19 avril, le 26 avril, le 7 mai, le 13 mai, le 20 mai, le 25 mai et le 1er juin. Et pour ajouter en complexité, si certains des 29 Etats et sept territoires qui composent la fédération voteront en un jour, d'autres, notamment l'Uttar Pradesh, voteront en plusieurs.

Le même système électoral s'applique cependant partout : un scrutin uninominal à un tour. Chaque votant choisit un candidat parmi tous ceux qui lui sont proposés et celui qui recueille le plus de suffrages est déclaré élu.

Au total, 543 sièges de la Lok Sabha, la chambre basse du parlement indien, sont mis en jeu pour un mandat de cinq ans. À cela s'ajoutent deux sièges réservés à la communauté anglo-indienne, dont les membres sont nommés par le président indien.

Dans un pays longtemps dominé par le système des castes, 84 des 543 sièges sont réservés aux candidats des castes répertoriées - c'est-à-dire les dalits (ou Intouchables), afin d'assurer leur représentativité.

En revanche, si le gouvernement indien a fait adopter en septembre un projet de loi visant à réserver un tiers des sièges aux femmes, il faudra plusieurs années avant que cette mesure ne se concrétise. Actuellement, les députées ne représentent que 15 % du Parlement.

Une démocratie multipartite mais deux partis dominants

Démocratie multipartite, l'Inde compte environ 2 660 partis politiques enregistrés. C'est ainsi plus de 8 000 candidats qui vont tenter de briguer un mandat parlementaire sous les étiquettes de ces multiples groupes. En 2019, seuls 36 partis avaient réussi à envoyer au moins un représentant à la Lok Sabha.

Mais en réalité, deux partis dominent la vie politique indienne : le nationaliste BJP de Narendra Modi, et le Parti du Congrès, principal parti d'opposition longtemps mené par la famille de Nehru Gandhi. Il prône le "sécuralisme", c'est-à-dire à la bienveillance de l'État à l'égard de toutes les religions. Pour asseoir leur influence au Parlement, chacun est à la tête de coalitions. Le BJP est ainsi la principale composante de l'Alliance Démocratique Nationale, une formation classée à droite et au centre droit, et Le Congrès est pour sa part à la tête de l'Alliance Progressiste Unie, classée au centre gauche.

Le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi est presque assuré – face à une opposition à la peine – d'emporter ces élections étendues sur six semaines. Il est encore très populaire après deux mandats au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique.En 2019, le BJP avait remporté une victoire écrasante avec 303 sièges et sa coalition, 353. Le parti du Congrès, lui, avait obtenu 52 sièges, et 91 avec ses alliés.

Si le Premier ministre Narendra Modi, 73 ans, remporte ce nouveau scrutin, il signera donc pour quinze ans à la tête de l'Inde. Or, après une décennie au pouvoir, il bénéficiait d'une opinion favorable de 80 %, selon une enquête Pew publiée l'an dernier.




Jaimie Potts pour DayNewsWorld