POLOGNE L'OPPOSITION PRO-EUROPEENNE REMPORTERAIT LES LEGISLATIVES

C'est une surprise : en Pologne, selon les sondages sortis des urnes, l'opposition pro-européenne remporte les élections législatives du 15 octobre. Le président de la "coalition civique", Donald Tusk, revendique la victoire.

La fin de 8 ans de pouvoir pour les conservateurs.

Certes, en nombre de voix, le parti au pouvoir, le PiS, termine la course en tête (36,8%), lors des élections législatives qui se sont déroulées en Pologne, dimanche 15 octobre, avec un taux de participation historique : quasiment 73%, de loin le plus élevé depuis la chute du régime communiste en 1989. Mais avec 200 députés, sur une assemblée de 460, ce n'est pas suffisant pour gouverner. Même avec l'aide de l’extrême droite Konfederajca, qui espérait "renverser la table" et n’obtient que 6% des voix . L'absence d'un parti capable de former un gouvernement de coalition avec eux met le parti au pouvoir dans l'impasse.

L'opposition au contraire a réussi à obtenir la majorité absolue, grâce aux 31,6% du Parti Coalition Civique (KO) de l'ancien président du conseil européen Donald Tusk. Pour autant, l'opposition ne dépasse les conservateurs que parce que les libéraux de KO peuvent compter sur les centristes de Troisième Voie (13%) et de la Gauche (8,6%).Elle est donc bien placée pour former un gouvernement

Les trois principaux partis d’opposition, qui sont des alliances de petits partis, ont des positions différentes sur plusieurs questions, notamment sur les mœurs. En dépit de leurs différences, ils peuvent trouver un langage commun, car ils partagent tous un même but :  mettre fin au PiS et à son flirt avec l’Est, de restaurer l’État de droit en Pologne, et de rétablir de bonnes relations avec avec les institutions de l’UE .

Le prochain Premier ministre, si l’opposition actuelle devait former un gouvernement, serait le chef de file de la Coalition civique et ancien président du Conseil européen, Donald Tusk, qui a été Premier ministre entre 2007 et 2014.

"La démocratie a gagné"

Dès dimanche soir, le leader de cette "plate-forme civique", l'ancien président du Conseil européen Donald Tusk, ne cachait pas sa joie : "Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie.. C'est la fin de cette mauvaise période, c'est la fin du règne du PiS. La Pologne a gagné, la démocratie a gagné".

C'était son pari : après son passage à Bruxelles, Donald Tusk avait replongé dans la politique polonaise pour défaire les nationalistes.

Pour les Polonais, cela va a priori changer beaucoup de choses. Donald Tusk a promis de protéger les droits des LGBT, de libéraliser le droit à l'avortement qui est l'un des plus restrictifs au monde. Sur le plan économique, il s'est engagé à freiner l'inflation, 11% attendus cette année.

Le président Duda,, membre du PiS et l'allié des nationalistes

Mais tout ne va non plus changer d'un coup .Le président Andrzej Duda, membre du PiS, est l'allié des nationalistes.Le PiS étant arrivé en tête, le président polonais M. Duda (dont le mandat expire en 2025) a exprimé son intention d’accorder le mandat de formation du gouvernement « au vainqueur », ce qui signifie que M. Morawiecki aura très probablement la possibilité de former une majorité parlementaire. Cela devrait échouer, mais c'est un passage obligé.

Ensuite, les trois partis de l'opposition devront être capables de former un gouvernement rapidement. Mais la nouvelle coalition n'obtiendra pas la majorité des trois cinquièmes nécessaire pour renverser les vetos présidentiels... Elle risque d'être confrontée à de fréquents conflits avec la tête de l'État.

Par ailleurs en vertu de la Constitution, c’est le président de la République qui désignera dans un premier temps le parti chargé de fonder une équipe gouvernementale. Le chef d’État devrait sauf surprise confier la tâche à son propre parti, sauf que cette mission est vouée à l'échec.

Un revers pour les eurosceptiques.

Le gouvernement italien, dirigé par la Première ministre Giorgia Meloni, exprime l'espoir que Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais actuel, sera reconduit pour un troisième mandat malgré les divergences sur l’immigration lors des récents sommets de l’UE. Cette situation serait un revers pour les eurosceptiques.
Pour les amis européens du PiS, comme le Fidesz hongrois et les Fratelli d’Italia, la perte de pouvoir du PiS en Pologne serait une mauvaise nouvelle. Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, et Giorgia Meloni, son homologue italienne, perdraient un allié clé au sein du Conseil européen.

En revanche, le Parti populaire européen (PPE), dont font partie à la fois la Coalition civique et le Parti populaire polonais (PSL), ainsi que le parti de centre-vert Poland 2050, ont formé l’alliance de la Troisième Voie, s'en sortirait mieux. Pendant la campagne électorale, le Premier ministre du PiS, Mateusz Morawiecki, et le dirigeant influent du parti, Jarosław Kaczyński, ont accusé le PPE et son chef, Manfred Weber, de tenter de s’ingérer dans le processus électoral en Pologne pour soutenir la KO et PSL.

D'autre part, Renew Europe, auquel appartient Poland 2050, et les Socialistes et Démocrates, qui incluent la gauche polonaise, ont des raisons de se réjouir. Si les résultats officiels, attendus dans les prochains jours, confirment les sondages effectués à la sortie des bureaux de vote, cela constituera « une lumière au bout du tunnel », a déclaré Mme Kopacz, faisant référence à l’influence potentielle de la victoire de l’opposition sur le paysage des partis en Europe.
Elle est convaincue que les pays dominés par le populisme « prendront exemple sur la Pologne et verront qu'il est possible de revenir sur la voie de la démocratie et du partenariat avec l’UE ».

Vers un apaisement avec l'U.E

Les relations de la Pologne avec l'Union européenne vont considérablement s'apaiser. Au cours de ses huit années de règne, le PiS est connu pour être aller au conflit avec la Commission européenne, en raison notamment de ses réformes judiciaires controversées qui portaient gravement atteinte à l’État de droit et aux droits fondamentaux en Pologne.

Le PiS a également envenimé ses relations avec Berlin et Kiev au cours des derniers mois. Une grande partie de sa campagne électorale a ciblé l’Allemagne, tandis que ses relations avec l’Ukraine, auparavant chaleureuses, se sont refroidies en raison de la querelle sur les importations de céréales ukrainiennes. Les 35 milliards d'euros du plan de relance européen sont gelés.

Le changement de gouvernement devrait permettre à la Pologne de retrouver sa pleine place au sein des 27.




Britney Delsey pour DayNewsWorld