VERS UN ECHEC PROGRAMME DE LA CONTRE-OFFENSIVE UKRAINIENNE ?

En cet automne 2023, les efforts de reconquête ukrainiens peinent à produire des effets stratégiques. Les territoires repris depuis début juin par les armées de Kiev sont conséquents, mais restent sans commune mesure avec les 20 % du territoire national occupés et annexés illégalement par la Russie.

Le chef d'état-major de l'armée ukrainienne, Valeri Zaloujny, admet que le conflit actuel est dans une situation difficile, et que la contre-offensive menée par ses troupes n'a pas donné les résultats escomptés."Il n'y aura probablement pas de percée magnifique et profonde", a-t-il ajouté alors que ses hommes sont engagés depuis le mois de juin dans une laborieuse contre-offensive destinée à reprendre aux Russes les territoires conquis au Sud et à l'Est.  Sur le terrain, les troupes de Kiev continuent de buter sur une gigantesque ligne de défense érigée le long des quelque 1 000 kilomètres de la ligne de front par la Russie. Malgré la mobilisation de douze brigades entraînées sur les standards de l'Otan et appuyées par des chars occidentaux, l'Ukraine n'est parvenue à grappiller que quelques centaines de km2 en cinq mois.

Selon le général ukrainien, le niveau technologique de l'armement utilisé des deux côtés est tel que sur le terrain, les forces se neutralisent mutuellement. Les systèmes de surveillance détectent presque instantanément toute concentration de forces, et la précision des armes employées rend pratiquement impossible toute tentative de franchir la ligne de front. Valeri Zaloujny reconnaît qu'il est peu probable qu'une percée significative puisse être réalisée, affirmant que "pour faire la différence, nous avons besoin d'innovations technologiques majeures." Il fait référence ici aux limites des livraisons d'armes occidentales.

Les avions F16 américains ne seront opérationnels qu'en 2024, et les Ukrainiens réclament des systèmes électroniques de brouillage de pointe. De plus, la pression exercée par les pays occidentaux s'intensifie. Les alliés exigent des résultats immédiats, mais la réalisation de cette mission sur le champ de bataille s'avère difficile.

Vers une guerre d'usure

L'espoir d'une victoire rapide a cédé à la résignation d'un second hiver sous les bombes russes, synonymes de privations et de coupures de courant pour la population ukrainienne.

Est-ce à dire qu'un doute s'insinuerait dans les têtes ukrainiennes ? Quelques jours avant la sortie du général Zaloujny, un article du correspondant du Time a fait grand bruit à Kiev. Le journaliste Simon Shuster y décrit un président Volodymyr Zelensky isolé, obsédé par la victoire face à des conseillers de plus en plus perplexes sur les chances ukrainiennes de reconquérir le Donbass et la Crimée.

Dans sa tribune parue dans The Economist, le commandant en chef des forces ukrainiennes s'inquiète d'une guerre d'usure qui finirait par tourner à l'avantage de la Russie. "Cela va bénéficier à la Russie, lui permettant de rebâtir sa puissance militaire, jusqu'à peut-être menacer les forces ukrainiennes voire l'existence de État lui-même", assure le militaire.

D'après le renseignement estonien, Moscou disposerait encore de plus de quatre millions d'obus d'artillerie. Par ailleurs, la Corée du Nord a récemment fourni un million d'obus supplémentaire à son voisin et allié, a révélé un député sud-coréen, citant des informations des services de renseignement de son pays.

Avec une population de 143 millions d’habitants et une industrie de défense qui devrait tourner à plein régime en 2024, l'armée russe, semble mieux préparée à une guerre de longue haleine, et ce malgré les sanctions occidentales.

À contrario, l'Ukraine et ses 43 millions d'habitants pourrait bientôt éprouver des difficultés à renouveler ses


La méfiance de Occidentaux

"Si les pays occidentaux font preuve de patience pour que nous puissions éroder les forces russes et ouvrir une brèche, cela pourrait fonctionner", ajoute le général Valeri Zaloujny dans sa tribune. "Comme on le sait, l'attaque est plus difficile que la défense, et cela ne dépend pas uniquement des Ukrainiens, mais aussi des pays occidentaux."

Ces déclarations interviennent dans un contexte difficile pour l'Ukraine alors que la guerre entre le Hamas et Israël a détourné l'attention internationale et poussé certains alliés à repenser leur aide militaire.

Dans les chancelleries mondiales se manifestent certains fléchissements dans le soutien à l’Ukraine, en Pologne du fait du conflit lié à l’importation en Europe des céréales ukrainiennes, aux États-Unis dans un contexte de crise institutionnelle au Congrès ou encore en Europe centrale comme en Slovaquie, où la victoire de Robert Fico affaiblit l’unité de l’UE dans son bras de fer avec la Russie.

L'Europe commence en effet à faire preuve de prudence en matière de financement alors qu' aux États-Unis, à un an des prochaines élections présidentielles, les républicains mettent également la pression sur Joe Biden et demandent des comptes.




Alize Marion pour DayNewsWorld