L'ITALIE DE MELONI INTERLOCUTRICE PRIVILEGIEE DE L'AFRIQUE EN EUROPE 

POUR REGULER L'IMMIGRATION

Giorgia Meloni a réuni à Rome une conférence sur les migrations, rassemblant des chefs d'État de pays africains et arabes, ainsi que des responsables des institutions européennes. Mme Meloni entend promouvoir un nouveau mode de coopération entre pays d’immigration et pays d’émigration, sur le modèle de l’accord signé par l’Union européenne (UE) avec la Tunisie dans le but de freiner l’arrivée de migrants en Europe.

Parmi les personnalités présentes figuraient les présidents de la Tunisie, Kaïs Saïed, des Émirats arabes unis, Mohammed Ben Zayed, et de la Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani, ainsi que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen, Charles Michel, et le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, accompagnés de délégués des grandes institutions financières internationales.

Le processus de Rome

Lorsqu'elle était dans l'opposition, Giorgia Meloni promettait d'instaurer un « blocus naval » des côtes nord-africaines. Désormais cheffe de gouvernement, elle veut bâtir un pont avec l'autre rive de la Méditerranée pour lutter contre l'immigration illégale en promouvant le développement économique de l'Afrique. « C'est le début d'un long travail », a déclaré Giorgia Meloni en ouvrant la conférence au cours de laquelle elle a détaillé le « processus de Rome ».

Il devra obtenir des « résultats concrets dans la lutte contre l'immigration illégale , la gestion des flux légaux d'immigration, le soutien aux réfugiés, et surtout, la chose la plus importante, sinon tout ce que nous ferons sera insuffisant, une large coopération pour soutenir le développement de l'Afrique, et particulièrement des pays de provenance » des migrants, a expliqué la présidente du conseil.

Selon les données de Rome, environ 80 000 personnes ont traversé la Méditerranée et sont arrivées sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, contre 33 000 l'année précédente à la même période, avec une majorité de départs du littoral tunisien. Selon l'ONU, plus de 100 000 migrants sont arrivés en Europe au cours des six premiers mois de 2023 depuis les côtes nord-africaines, la Turquie et le Liban, soit légèrement moins que les 189 000 enregistrés en 2022.
La création d’un fonds Giorgia Meloni défend le partenariat récent entre l'UE et la Tunisie, qui prévoit notamment une aide de 105 millions d'euros pour lutter contre les passeurs, comme un modèle pour de nouvelles relations avec l'Afrique du Nord. 

Des accords similaires pourraient être envisagés avec l'Égypte et le Maroc. Actuellement, l'Italie met en avant ses projets de coopération économique sur le continent africain, totalisant près d'un milliard d'euros.
À la suite de la conférence, la présidente du conseil italien a annoncé la création d'un fonds qui sera alimenté par une première conférence de donateurs, à laquelle les Émirats arabes unis ont déjà contribué avec 100 millions d'euros. Les financements prioritaires devraient se concentrer sur les investissements stratégiques et les infrastructures pour assurer une coopération équitable et durable. Ces plans seront dévoilés lors d'un sommet intergouvernemental Italie-Afrique qui se tiendra à Rome début octobre.

Activisme diplomatique

Grandes absentes ce dimanche à Rome, l'Allemagne, l'Espagne et la France. Ce sont pourtant les principaux pays de destination des flux migratoires secondaires. Si Giorgia Meloni ne les a pas invités, c'est qu'elle souhaite faire de l'Italie l'interlocutrice privilégiée en Europe des pays africains et arabes.
Le gouvernement italien semble vouloir profiter de la perte d'influence de la France dans la région. C'est d'ailleurs le Premier ministre néerlandais Mark Rutte qui a accompagné à Tunis Giorgia Meloni.

« L'Italie a toutes les cartes en main pour jouer le premier rôle en Méditerranée », que ce soit sur le dossier migratoire , la coopération économique, ou encore pour devenir le « carrefour » de distribution énergétique entre l'Afrique du nord et l'Europe, a-t-elle conclut à la conférence de Rome .




Kelly Donaldson pour DayNewsWorld