LE PRAGMATISME EN EUROPE L'EMPORTE SUR L'ECOLOGIE UNE CENTAINE DE NOUVELLES LICENCES

 GAZIERES ET PETROLIERES EN MER DU NORD

Le lundi 31 juillet 2023, le gouvernement britannique s'est engagé à octroyer au moins cent nouvelles licences d'exploration et d'exploitation pétrolières et gazières en mer du Nord, s'alignant ainsi sur l'engagement du Premier ministre Rishi Sunak de lutter de manière "pragmatique et proportionnée" contre le réchauffement climatique. Le premier ministre, Rishi Sunak, a justifié cette décision en insistant sur l’indépendance de son pays et la sécurité de ses approvisionnements.

Cette annonce suscite de lourdes critiques de la part des organisations écologistes, remettant en question la sincérité de l'engagement du gouvernement en faveur de l'environnement. Elle survient à un moment où certaines politiques vertes sont remises en cause tant au sein de la majorité conservatrice que de l'opposition travailliste, en raison de leur coût pour les Britanniques, confrontés à une période d'inflation.
Rishi Sunak justifie cette décision en mettant en avant la nécessité de renforcer la sécurité énergétique face aux agissements du président russe Vladimir Poutine, qui a utilisé l'énergie comme un levier pour perturber les approvisionnements et freiner la croissance économique dans le monde entier. Il souligne l'importance de capitaliser sur l'indépendance énergétique afin de fournir de l'énergie plus abordable et propre aux foyers et aux entreprises britanniques.

"Nous avons tous été témoins de la manière dont le président russe Vladimir Poutine a instrumentalisé l’énergie, perturbant les approvisionnement et faisant caler la croissance dans des pays du monde entier", a déclaré le chef du gouvernement conservateur dans un communiqué. "Maintenant plus que jamais, il est vital que nous renforcions notre sécurité énergétique et capitalisions sur cette indépendance pour procurer de l’énergie plus abordable et propre aux foyers et entreprises britanniques", ajoute M. Sunak.

La France comme l'Allemagne prennent cette nouvelle donne en compte. Main dans la main avec TotalÉnergies, Paris s’apprête notamment à importer massivement du gaz naturel liquéfié (GNL) via un nouveau terminal flottant, au Havre. D’ici la fin de l’année, il devrait débarquer 3,9 millions de tonnes de GNL par an, en provenance des États-Unis, du Qatar et d’Afrique.

L’Allemagne inaugure elle aussi, à tour de bras, de nouveaux terminaux pour importer du gaz liquéfié. L’argument brandi pour justifier ces est, à nouveau, la recherche de sécurité énergétique.

Du "côté" des ménages
Sur le plan national, le soutien accordé à l'exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord est présenté comme une mesure destinée à préserver plus de 200 000 emplois. De plus, le gouvernement dévoile des projets de capture et de stockage de CO₂ en mer du Nord, qui pourraient créer jusqu'à 50 000 emplois. 

Le 3 juillet, le gouvernement britannique a par ailleurs annoncé qu'il allait mettre sur le marché davantage de quotas d'émissions de CO2 – que les entreprises les plus polluantes doivent payer – entre 2024 et 2027. 

Cette annonce a fait chuter le prix de la tonne de CO2, qui s'échange autour de 55 euros au Royaume-Uni, contre 90 euros dans l'Union européenne, comme le rapporte le site du think tank britannique Ember Climate, qui met en ligne des données fournies par le groupe Montel, spécialiste européen des marchés de l'énergie. Ces initiatives suscitent des critiques de certains écologistes qui y voient une excuse pour maintenir les énergies fossiles.

Les politiques environnementales du Royaume-Uni sont sous le feu des projecteurs depuis la défaite surprise du parti travailliste face aux conservateurs lors d'une élection locale à l'ouest de Londres. Cette défaite a été associée à la résistance des électeurs face à l'extension prévue d'une taxe sur les véhicules polluants à l'ensemble du Grand Londres, voulue par le maire travailliste, Sadiq Khan.

Sous la pression d'une partie de sa majorité, le gouvernement laisse entendre que certains objectifs environnementaux pourraient être assouplis, notamment en ce qui concerne les normes énergétiques des logements. Rishi Sunak, soutenu par une tribune publiée dans le Sunday Telegraph, dépeint le Labour comme "antiautomobiliste" et se positionne en faveur des ménages qui ont besoin de leurs voitures.

Le Premier ministre britannique réaffirme toutefois son engagement envers la transition vers la neutralité carbone, mais insiste sur la nécessité de le faire de manière pragmatique et proportionnée, afin de ne pas accabler les familles face à l'inflation élevée. 

Selon un sondage YouGov, bien que 65 % des Britanniques se disent préoccupés par les conséquences du changement climatique, ils s'opposent majoritairement aux mesures qui impliqueraient un effort personnel.




Britney Delsey pour DayNewsWorld