VERS UN ECHEC DE LA CONTRE-OFFENSIVE UKRAINIENNE ?

L’enthousiasme qui prévalait au début de la contre-offensive ukrainienne n’a pas duré.

Lancée début juin, cette dernière semble, depuis, patiner. Selon CNN ce mardi, de hauts responsables occidentaux, et notamment américains, décrivent des évaluations "qui donnent à réfléchir" sur la capacité de l'armée ukrainienne à reprendre des "territoires importants" à la Russie au cours de cette contre-offensive.

"Ils verront au cours des deux prochaines semaines s'il y a une chance de faire des progrès. Mais Il est hautement improbable qu’ils fassent des progrès qui changeraient l’équilibre du conflit", a affirmé un haut responsable occidental à CNN.

Mike Quigley, représentant américain démocrate de l'Illinois récemment revenu d'Europe où il a côtoyé des commandants américains en charge de la formation de soldats ukrainiens, a indiqué que ces réunions "donnent matière à réfléchir. On nous rappelle les défis auxquels ils sont confrontés. C'est la période la plus compliquée de la guerre".

Les experts de retour d’Ukraine reconnaissent la solidité de l’armée russe. On se prépare à une guerre longue.

L’armée russe a en effet gagné en efficacité et tient solidement ses positions. L'armée russe a affirmé ce jeudi avoir progressé dans le nord-est de l'Ukraine au cours des dernières heures. Dans son rapport quotidien, le ministère de la Défense russe affirme que ses troupes ont "amélioré leur position" dans une zone où elles ont repris l'initiative depuis plusieurs semaines.

"Dans la direction de Koupiansk, les unités d’assaut des groupes de combat Ouest ont, lors d’actions offensives, amélioré leurs positions en première ligne du front", indique le ministère de la Défense russe.

Face à la progression des troupes russes, les autorités ukrainiennes ont ordonné ce jeudi l'évacuation de 37 localités du district de Koupiansk. Le gouvernement régional a indiqué sur Telegram recommander à la population de quitter la zone pour Kharkiv "compte tenu des bombardements constants et de la situation sécuritaire sur le territoire", indique Ukranian Pravda.

De retour du front, Eric Schmidt, ancien PDG de Google et très impliqué dans le développement d’une industrie de drones militaires ukrainiens, reconnaissait sur CNN le 17 juillet que les Russes maîtrisaient les airs et étaient devenus maîtres dans le brouillage électronique de l’adversaire. « Actuellement, ils interceptent ou clouent au sol les drones et avions que les Ukrainiens font décoller » ajoutait-il.

En outre les pertes humaines sont lourdes côté ukrainien. Entre vingt et trente mille morts laminées dans le « hachoir à viande » russe en deux mois, selon les sources. La question du renouvellement des troupes est délicate pour l’Ukraine, pays de 36 millions d’habitants, dont dix millions sont partis à l’étranger. 

L’armée de Kiev disposerait de plus de 50 mille hommes en réserve alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi 11 août sur Telegram que tous les chefs des bureaux régionaux d'enregistrement et d'enrôlement militaires seront licenciés après des signalements d'enrichissement illégal (...) de profits illicites, transport illégal de l'autre côté de la frontière de conscrits", a détaillé le chef d'Etat. 

La Russie, pays quatre fois plus peuplé, disposerait, elle, de près de 300.000 hommes prêts à monter au front. Et le recrutement se poursuit de manière soutenue dans l’ensemble de la Russie, avec l’objectif d’une armée d’un million d’hommes.

Quant au matériel, selon Le New York Times, l’Ukraine avait perdu 20% des équipements lourds engagés au cours des deux premières semaines de son offensive. L’Occident ne dispose pas des stocks d’armes suffisants pour rivaliser avec la puissance de feu russe sur le long terme. A défaut de pouvoir envoyer les obus conventionnels attendus, les Etats-Unis n’ont eu d’autre ressource que de livrer les controversées bombes à fragmentation, très meurtrières pour les civils et interdites par la plupart des pays occidentaux.

La situation actuelle se révèle incontestablement peu favorable pour l'Ukraine et l'OTAN, engagés dans un conflit qui s'enlise. De quoi faire réfléchir les Etats-Unis pour la suite à donner...




Alize Marion pour DayNewsWorld