VERITABLE HUMILIATION POUR LES OCCIDENTAUX

LA DECISION DE L'OPEP SOULIGNE L'ALIGNEMENT

 DE L'ARABIE SAOUDITE SUR LA RUSSIE

Plutôt Poutine que les Occidentaux ! 

La décision de l’OPEP+ de réduire sa production de pétrole, alors que les États-Unis et la France réclamaient une hausse, souligne la solidité des liens tissés entre l’Arabie saoudite, leader du cartel, et la Russie.

Fin septembre et à la suite du G7, l'Union européenne annonçait ce qu'elle pensait être l'une des armes les plus efficaces pour assécher les finances guerrières de Moscou tout en luttant contre sa propre crise énergétique: un plafonnement du prix du pétrole.

Quelques semaines plus tard c'en est fait de l'Occident, qui voit son plan fortement mis à mal.

Les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, menés par l'Arabie saoudite, et leurs dix partenaires conduits par la Russie ont en effet décidé ce mercredi 5octobre 2022 d'une baisse de « deux millions » de barils par jour pour le mois de novembre. Cette coupe drastique pourrait faire flamber les prix du brut au bénéfice des pays producteurs, dont la Russie, qui a besoin des ventes d'hydrocarbures pour financer son invasion de l'Ukraine.

Une gifle du prince saoudien MBS à ses alliés occidentaux

Il s’agit d’une véritable gifle donnée par l’homme fort d’Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed Ben Salman, à ses alliés occidentaux. Ces derniers mois, Joe Biden et Emmanuel Macron avaient renoué avec MBS - au risque qu’on leur reproche de réhabiliter celui que la CIA juge responsable de l’assassinat du dissident saoudien Jamal Khashoggi. Les deux dirigeants se voient aujourd’hui éconduits dans leurs demandes.

À quelques semaines d'élections de mi-mandat forcément cruciales, l'administration Biden est bien sûr furieuse: luttant chez elle contre une inflation galopante –menée notamment par les prix de l'énergie–, elle a longuement pressuré ses alliés au sein de l'OPEP, à commencer par l'Arabie saoudite, pour qu'ils ne réduisent pas ainsi leur production.

Alignement avec la Russie contre « fist bump »

La décision de l'Opep+ tombe au plus mal pour Joe Biden. Dans un communiqué, il s'est dit « déçu de la décision à courte vue » du cartel de pays producteurs et exportateurs d'or noir. « Il est clair qu'avec sa décision aujourd'hui, l'Opep+ s'aligne avec la Russie », a ensuite déclaré, en durcissant le ton, sa porte-parole Karine Jean-Pierre.

Elle accuse ainsi Mohammed ben Salmane , Premier ministre en exercice, de s'aligner avec la Russie. C'est toute la politique de l'administration Biden dans le Golfe qui est remise en cause, après une visite estivale aux maigres résultats que d'aucuns avaient décrite comme « humiliante» pour les États-Unis. Le président américain s'était rendu en juillet à Jeddah, en Arabie saoudite, pour une visite officielle qui l'a notamment vu échanger un « fist bump », salut familier poing contre poing, avec le prince héritier MBS, et participer à un sommet avec de nombreux dirigeants arabes...Or avec cette décision de mercredi, les Saoudiens ont clairement fait comprendre qu'ils se moquaient de leurs relations avec Biden .

Réserves stratégiques

Le démocrate de 79 ans sait qu'une remontée des prix de l'essence à un mois des élections législatives de mi-mandat saperait les chances de son parti, qui jusqu'ici espère garder au moins le contrôle de l'une des deux chambres du Congrès, le Sénat.

Face à ce risque économique et électoral, la Maison Blanche esquisse déjà sa riposte. Elle va notamment « mettre sur le marché le mois prochain dix millions de barils pris sur les réserves stratégiques de pétrole ».

L'exécutif américain avait déjà décidé en mars de mettre à contribution pendant plusieurs mois ces réserves d'or noir, désormais au plus bas depuis juillet 1984.

Mais « les Etats-Unis ne peuvent pas puiser éternellement dans les réserves stratégiques (...) et l'Opep le sait »,constate l'analyste Andy Lipow (Lipow Oil Associates), pour qui la solution serait « de produire davantage de pétrole » sur le sol américain.

C'est pourquoi Joe Biden veut aussi réfléchir à la meilleure manière de « réduire le contrôle de l'Opep+ sur les prix de l'énergie », selon le long communiqué de la Maison Blanche .

Et quid de l'Union européenne ?

Mais l'expert signale que « cela pénaliserait les alliés européens et asiatiques »...

Comme d'habitude l'Union europénne est prise au dépourvue et peut bien partager son ire. En renchérissant ainsi le prix du brut, la décision du cartel pétrolier met fin à son plan de plafonnement du prix de pétrole .« Nous sommes déterminés à faire payer au Kremlin le prix de cette nouvelle escalade », avait déclaré mercredi 28 septembre la controversée présidente de la Commission Ursula von der Leyen avec un huitième train de sanctions.

Or cette coupe de la production mondiale risque de coûter cher à l'Europe et aux Etats-Unis et de contribuer à remplir les caisses du Kremlin.




Joanne Courbet pour DayNewsWorld