PENURIE DE GAZ EN EUROPE ? 

LE RUSSE GAZPROM SUSPEND SES LIVRAISONS

 AU FRANCAIS ENGIE

Depuis que les pays occidentaux ont imposé des sanctions à Moscou après le lancement de son offensive contre l’Ukraine, la Russie a plusieurs fois réduit ses livraisons de gaz à l’Europe, qui en est fortement dépendante. La Russie représentaiten effet jusqu’à l’an dernier quelque 40 % des importations gazières de l’UE.

Suspension des livraison de Gazprom à la France pour facture impayée

Et le géant russe Gazprom, notifiant au groupe français ne pas avoir reçu « en intégralité les sommes financières dues pour les livraisons », a annoncé mardi soir la suspension totale de ses livraisons au groupe français Engie dés jeudi 1er septembre 2022.

« Gazprom Export a notifié Engie d’une suspension complète des livraisons de gaz à partir du 1er septembre 2022 jusqu’à la réception en intégralité des sommes financières dues pour les livraisons », a indiqué le groupe russe dans un communiqué publié mardi soir sur son compte Telegram.

En vertu d’un décret du président russe Vladimir Poutine signé fin mars, Gazprom précise « qu’il est interdit de livrer davantage de gaz naturel à un acheteur étranger si l’acheteur n’a pas effectué le paiement en intégralité dans le délai fixé dans le contrat ».

Des stocks de réserve?

La Première ministre française Elisabeth Borne, voulant « rassurer les clients d’Engie », a toutefois affirmé que le groupe français avait « trouvé d’autres sources d’approvisionnement », sans préciser lesquelles, dans le magazine Quotidien sur la chaîne TMC.

Les livraisons de gaz russe à Engie avaient déjà considérablement diminué depuis le début du conflit en Ukraine, passant récemment à seulement 1,5 TWh (térawatt-heure) par mois, selon Engie. Ce chiffre est à rapporter à des approvisionnements « totaux annuels en Europe supérieurs à 400 TWh » pour Engie, ajoute le principal fournisseur de gaz en France, dont l’État français détient près de 24 %.

Fin juillet, Engie avait assuré avoir significativement réduit son « exposition financière et physique au gaz russe », qui ne représentait déjà plus qu’à peu près 4 % de ses approvisionnements. « C’est complètement dans la marge de la flexibilité de nos portefeuilles, donc on n’est pas du tout inquiets », avait alors déclaré sa directrice générale Catherine MacGregor.

Jeudi dernier, les stocks de gaz de la France ont dépassé le seuil de 90 % de remplissage pour l’hiver (91,47 % mardi matin), selon la plateforme européenne Agregated Gas Storage Inventory (AGSI).

Toujours est-il que les Européens s'empressent en ordre dispersé de trouver du gaz ailleurs loin d'être prêts devant ce défi qu'ils se sont imposé...

Les Européens à la recherche de gaz désespérément...

Pour contrebalancer la chute des livraisons russes, les différents États de l’Union européenne négocient en effet chacun de leur côté avec les pays fournisseurs de gaz.

Le voyage en Algérie la semaine dernière d’Emmanuel Macron, officiellement destiné à renforcer les relations entre Paris et Alger, a permis de maigres négociations pour obtenir plus de gaz. .

La France n’est d'ailleurs pas la première à tenter d’obtenir plus de gaz de son partenaire algérien. Mario Draghi est venu signer, en juillet, un nouveau contrat de 4 milliards de m³ de gaz supplémentaire pour l’Italie. L’Espagne avait négocié du gaz algérien quelques semaines avant. D’autres pays européens ont fait le choix d’alliances avec des partenaires différents, comme la Norvège et les États-Unis. De son côté, le chancelier allemand, Olaf Scholz, s’est rendu au Canada pour signer un accord dans la nuit de mardi pour des livraisons de gaz qui débuteront vers 2025. 

Un bon moyen pour le gouvernement de Justin Trudeau de compter sur un partenaire fiable qui va financer ses nouvelles infrastructures pour le gaz naturel liquéfié et l’hydrogène. En outre certains pays se retrouvent incapables de discuter avec d’autres fournisseurs de gaz pour des raisons de simple géographie. La Hongrie de Viktor Orban est allée demander plus de gaz directement à Moscou, alors que le nouveau gouvernement intérimaire en Bulgarie est tenté de faire de même.

Dans ce contexte de crise énergétique, « L’Institut Jacques Delors plaide depuis dix ans pour la création d’une centrale d’achat commune du gaz au niveau européen », une structure qui existe déjà pour l’uranium, rappelle Thomas Pellerin-Carlin.

Une solution difficile cependant à mettre en place dans la mesure où le choix du mix énergétique relève de la compétence des États, avec des situations très différentes...




Andrew Preston pour DayNewsWorld