LE CONSTAT ALARMANT DU 

MINISTRE ALLEMAND DE LA DEFENSE 

L'EUROPE DOIT ETRE PRETE A LA GUERRE …

L’Europe doit être prête à la guerre d’ici la fin de la décennie, selon le ministre allemand de la Défense.

L’Europe « pourrait être confrontée à des dangers » en provenance de Russie d’ici la fin de la décennie. Les pays de l’UE doivent développer leurs industries de défense afin d’être prêts, a déclaré le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, lors d’une interview à Welt am Sonntag samedi (16 décembre).

« Les menaces [de Vladimir Poutine] envers les États baltes, la Géorgie et la Moldavie doivent être prises très au sérieux. Il ne s’agit pas de simples menaces dans le vent. Nous pourrions être confrontés à des dangers d’ici la fin de la décennie », a déclaré M. Pistorius.

Il est grand temps pour les pays européens de s’adapter à l’évolution du paysage géopolitique, d’autant plus que les États-Unis pourraient réduire leur présence sur le continent, a-t-il ajouté.

« Il faudra du temps à l’industrie de la défense pour augmenter ses capacités. Nous avons maintenant cinq à huit ans pour rattraper notre retard, tant en ce qui concerne les forces armées que l’industrie et la société », a insisté le ministre de la Défense.

100 milliards d’euros pour la Bundeswehr

Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le gouvernement allemand a intensifié ses efforts pour reconstruire ses forces armées en difficulté, en s’appuyant également sur un fonds spécial de 100 milliards d’euros mis en place par le gouvernement à la suite de l’attaque

M. Pistorius a été nommé ministre de la Défense au début de l’année, pour remplacer Christine Lambrecht .

Le mois dernier, M. Pistorius a présenté de nouvelles lignes directrices en matière de défense, fixant comme objectif à la Bundeswehr, l’armée allemande, d’être « prête à la guerre » et à l’Allemagne d’assumer un rôle de chef militaire en tant qu’« économie la plus grande et la plus peuplée » de l’Europe.

Sa rhétorique a suscité une certaine controverse en Allemagne, compte tenu de la culture pacifiste du pays, façonnée par l’expérience de la Seconde Guerre mondiale.

Dans l’interview, M. Pistorius a réitéré l’appel des lignes directrices en faveur d’une collaboration accrue en matière de défense européenne.

Le Triangle de Weimar, un forum informel entre l’Allemagne, la Pologne et la France.

Les lignes directrices de 2023 décrivent le rôle de l’UE en matière de défense comme étant principalement « complémentaire » aux capacités défensives de l’OTAN « par le biais de mesures économiques, humanitaires et financières ». M. Pistorius a plutôt estimé qu’il était possible de renforcer la coordination par le biais du Triangle de Weimar, un forum informel entre l’Allemagne, la Pologne et la France.

« Nous sommes très intéressés par [l’ajout d’une composante militaire au Triangle de Weimar] », a déclaré M. Pistorius, ajoutant qu’il avait invité le nouveau Premier ministre polonais Donald Tusk à Berlin et qu’il envisageait de se rendre en Pologne dès que possible au cours de la nouvelle année. La promesse faite par le gouvernement de relancer le forum et d’encourager des liens plus étroits avec la Pologne est restée largement sans suite sous le gouvernement du prédécesseur de M. Tusk, Mateusz Morawiecki.

Autonomie stratégique de l’UE : entre géopolitique et protectionnisme

Les appels qui se multiplient pour que l’Europe renforce son autonomie et réduise sa dépendance vis-à-vis des autres pays dans les domaines stratégiques ont divisé l’UE, alors que la concurrence s’intensifie sur la scène internationale.a défense, un point sensible

Le concept d’autonomie stratégique de l’Europe en matière de défense s’est imposé comme une évidence après l’agression russe en Ukraine, les analystes suggérant que l’Europe doit trouver sa place dans la complexité géopolitique du monde actuel.

Les sentiments isolationnistes aux États-Unis

Ionela Maria Ciolan, experte en politique étrangère et en défense au Centre Wilfried Martens pour les études européennes, a déclaré que l’architecture de sécurité européenne de l’après-Guerre froide s’est effondrée alors que la Russie « cherche à redessiner les frontières européennes par la force ».

« Pendant ce temps, les sentiments isolationnistes aux États-Unis, alimentés par la perception de l’insuffisance des contributions européennes en matière de défense, pourraient tendre davantage les relations transatlantiques si Donald Trump devait être [réelu] », a-t-elle noté.

Si un tel scénario se réalise, Mme Ciolan s’attend à ce que le soutien américain à l’Ukraine diminue et à ce que les Européens deviennent de plus en plus responsables de la sécurité du continent européen et de la lutte contre la menace russe.

La stratégie de réduction des risques vis-à-vis de la Chine

« Les Européens devraient combler les lacunes en matière de capacités militaires au sein de l’OTAN et de l’UE. Le concept d’autonomie stratégique de l’UE n’est pas un défi lancé aux États-Unis ou à l’OTAN, mais un effort pour renforcer ensemble les capacités de défense européennes. »

« Concrètement, l’autonomie stratégique de l’UE en matière de sécurité et de défense signifie également le renforcement du pilier européen de l’OTAN », a-t-elle poursuivi, insistant sur le fait que l’Europe devrait s’appuyer sur des fournisseurs nationaux ou des pays qui partagent les mêmes valeurs qu’elle.

Nous avons déjà réduit notre dépendance vis-à-vis de la Russie, mais nous devons intensifier notre stratégie de réduction des risques vis-à-vis de la Chine […] 

La politique de l’UE vis-à-vis de la Chine devrait être basée sur les principes de coopération lorsque c’est possible, de concurrence lorsque c’est nécessaire et de confrontation lorsque c’est nécessaire », a-t-elle conclu.




Alyson Braxton pour DayNewsWorld