MONDIAL DE L'AUTOMOBILE

LA VOITURE ELECTRIQUE "UN SUICIDE COLLECTIF" ?

Le Mondial de l’Auto qui s’ouvre, ce lundi 17 octobre 2022 à Paris, est un petit salon, qui durera moins d’une semaine et qui n’accueillera même pas toutes les marques françaises, puisque Citroën est absent. Mardi, le grand public retrouve en tout cas le salon de l'auto après la coupure de 2020 liée au Covid.

Mais avec de gros changements: la moitié des fabricants présents, ou presque, sont désormais chinois. Cette année, pas de BMW, Opel ou Mercedes, supplantés par BYD, Ora ou bien Seres. Signe des temps, les constructeurs chinois surfent sur l’électrique et font le show face aux marques européennes. Premium et électriques, ils mettent en avant la sécurité pour tenter de séduire les clients français.

Pour ces marques venues de Chine, s'exposer à la porte de Versailles est la première étape d'une vaste offensive européenne, lancée après de nombreuses années de préparation par Pékin .

En fait l’industrie française est en transition et en crise, la demande chute, la production en France n’a cessé de reculer et les constructeurs n’ont plus besoin de grands événements pour conquérir les clients que l’on peut séduire via des smartphones.

Qu’il s’agisse de son accessibilité ou de sa fabrication, le VE n’est  cependant pas la solution miracle. En se fixant pour objectif d’interdire la vente de véhicules à moteur thermique dès 2035, l’Union européenne a mis la pression sur toute une filière, qui doit maintenant composer avec une injonction qui peut avoir du sens sur le plan environnemental, mais dont les jalons restent flous. Mais le passage à l’électrique pose plus de questions qu’il n’en résout.

L’accessibilité, d’abord.

Les constructeurs estiment qu’il faudra entre cinq et sept ans pour résorber l’écart de prix entre un véhicule thermique et son équivalent électrique. En attendant, le nombre d’acheteurs potentiels menace de s’effondrer.

Emmanuel Macron annonce de futures aides pour que les ménages les plus modestes puissent acheter une voiture électrique . Le président vient d’annoncer une augmentation de la prime à l’achat, qui pour les ménages les plus modestes va passer de 6 000 à 7 000 euros. 

De plus l’idée de mettre en place un système subventionné de location avec option d’achat à 100 euros se révèle plus compliquée que prévu. Difficile aussi de savoir quels modèles seront éligibles au futur leasing : 

la Dacia Spring, voiture neuve électrique la plus accessible en ce moment en France est aussi assemblée en Chine.

Malgré ces aides, le VE va rester hors de portée pour beaucoup de Français. Et si plus d’un million roulent déjà sur nos routes, les VE représentent à peine 2 % du parc total.

De plus le but sera difficile à atteindre car nos concurrents chinois en particulier ont déjà un coup d’avance. Huit voitures électriques sur dix vendues en France sont importées. C'est pourquoi Bruno Le Maire insiste sur la nécessité d'aides publiques ciblant les véhicules produits en Europe, batteries comprises, à l'image de ce qui est mis en place en Chine ou aux Etats-Unis. "Nous ne voulons pas financer les constructeurs étrangers", affirme Bruno Le Maire.

Carlos Tavares, le patron de Stellantis regrette d'ailleurs l'absence de protectionnisme européen face aux voitures électriques chinoises. A Emmanuel Macron de demander que l’Europe comme les Etats-Unis mettent en place des aides qui jouent la carte de la préférence au made in Europe. Une forme de protectionnisme limité et intelligent.

Quid de la technologie ?

Seul un Français sur quatre croit à l’avènement du tout-électrique en 2035. Le rythme d’installation de bornes de recharges n’est pas de nature à les rassurer. Sur les 100 000 promises par les pouvoirs publics, à peine les trois quarts ont été installés dont beaucoup sont hors d’usage, faute de maintenance. 

Sans une accélération des investissements dans ce domaine et une amélioration de l’autonomie des véhicules, l’usage du VE aura du mal à se généraliser. Evidemment  le chef de l’Etat annonce également qu’il va faciliter le déploiement des bornes électriques et pour éviter que le prix de la recharge n’explose, il propose qu’elles soient, comme les ménages, protégées par le bouclier tarifaire

Quid des conséquences industrielles de la transition ?

La moitié de la chaîne de valeur est encore localisée en Asie. En outre, l’Europe doit importer les principaux composants nécessaires à la fabrication des batteries, dont les prix explosent.

Si les constructeurs français tentent d’accélérer pour localiser l’assemblage dans leurs usines, rien ne dit qu’ils gagneront la course contre la montre engagée avec des concurrents chinois, qui sont prêts à déferler sur le Vieux Continent avec des voitures qui coûtent de 20 % à 30 % moins cher. 

Alors que Stellantis vient d'annoncer que six nouveaux véhicules électriques en France, Bruno Le Maire appelle les industriels français à continuer à relocaliser en France. Avec les efforts en termes de compétitivité industriels, un petit véhicule comme la Peugeot 208 "doit de nouveau être produit en France", présente le ministre. Le gouvernement table sur 2 millions de voitures électriques produites en France "dans les prochaines années" (environ 11 fois plus qu'actuellement), rappelle Bruno Le Maire.

Lors d'une table-ronde sur le thème " Mobilité durable, mobilité du futur ", Bruno Le Maire soutient également "qu'il faut continuer à se battre pour une batterie électrique décarbonée "

Pour le ministre, la production de batterie "décarbonée" en France est une étape essentielle de la transition électrique. Avec un intérêt à la fois commercial, pour ne plus être dépendant des batteries chinoises, et bien sûr environnemental, pour que la voiture électrique soit vraiment un outil de lutte contre le réchauffement climatique...

La planète en zone de turbulences

" Si vous avez aimé 2020, 2021 et 2022, vous allez adorer les 10 prochaines années: il y aura beaucoup plus de turbulences et de crises ! ", affirme Christophe Périllat. Pour le patron de Valeo, la transition électrique va notamment contribuer à l'inflation galopante des prochaines années. 

Des "turbulences" qui sont liées à la transformation à mener …

Trêve de plaisanteries.

Au delà de l'optimisme béat affiché par Emmanuel Macron au Mondial de l'automobile plongeons-nous dans le livre Voiture électrique : ils sont devenus fous !, de François-Xavier Pietri, ancien patron de la rédaction de La Tribune, dénonçant une "dictature" contre la voiture à combustion menée par l’UE.

"Il a choisi Victor Hugo pour illustrer son état d’esprit : "Quand la dictature est un fait, la révolution devient un droit."

Quelle "dictature" dénonce-t-il ? La décision prise par l’Union européenne de stopper la vente de véhicules neufs à combustion dès 2035 généralisant les voitures à batterie."

Pour l’auteur, cette décision, qu’il qualifie de "diktat", est un suicide collectif.




Tom Morgan pour DayNewsWorld