RETOUR SUR LA LUNE AVEC 

LA PROCHAINE MISSION ARTEMIS

Le grand retour de l'homme sur la Lune est bientôt enclenché : 

lundi 29 août 2022 doit décoller la mission Artemis du nouveau programme lunaire américain. Artemis est un programme de la Nasa, l’Agence spatiale américaine, qui collabore avec l’Agence spatiale européenne, les agences spatiales du Canada et du Japon, ainsi que plusieurs partenaires commerciaux (Airbus et Lockheed Martin, notamment).

Le décollage d'Artémis 1 est prévu lundi 29 août 2022. La mission de la Nasa doit durer 42 jours au total. C'est un voyage jusqu'à la Lune, mais sans astronaute à bord (cela, ce sera pour Artémis 3). Minutieusement chorégraphié, il doit permettre de récolter des images spectaculaires ainsi que de précieuses données scientifiques.

SLS, comme Space Launch System, est la nouvelle fusée géante de la Nasa. Avec ses 70 tonnes et presque 100 mètres de haut, il sera le lanceur le plus puissant jamais construit, surpassant l’emblématique Saturn V qui conduisit 24 astronautes américains vers la Lune entre 1968 et 1972. Elle fera son baptême de l'air depuis le complexe de lancement 39B du centre spatial Kennedy, en Floride. Ses quatre moteurs RS-25, et deux propulseurs d'appoint blancs situés de chaque côté, produiront une poussée de 39 méganewtons - soit 15% de plus que la fusée Saturn V du programme Apollo.

Au bout de deux minutes, les propulseurs retomberont dans l'océan Atlantique. Après huit minutes, l'étage principal (de couleur orange) se détachera à son tour. Il ne restera alors plus que le vaisseau Orion, dont les panneaux solaires seront alors déployés, accroché à l'étage supérieur de la fusée (ICPS). Après un tour de la Terre, ce dernier fournira l'ultime poussée qui placera Orion sur la trajectoire de la Lune, environ 1H30 après le décollage - avant d'être largué lui aussi.

Le trajet, sans astronaute, de la capsule Orion

Le vaisseau ne sera alors plus constitué que de la capsule où se trouveront à l'avenir les astronautes, propulsée par un module de service construit par l'Agence spatiale européenne (ESA). Il mettra plusieurs jours pour atteindre la Lune, dont il s'approchera à son arrivée à seulement 100 km. La capsule Orion ira jusqu'à 64.000 km derrière la Lune - un record pour une capsule habitable.

Mais dans un premier temps, c’est un vaisseau Orion vide qui sera lancé par le SLS afin de tester l’ensemble des étapes de la mission. Il restera en orbite autour de la Lune plusieurs jours afin de permettre aux ingénieurs de la NASA de vérifier ses performances.

Les « passagers » d'Orion

La capsule emportera un mannequin baptisé Moonikin Campos, installé dans le siège du commandant et vêtu de la nouvelle combinaison de la Nasa. Il enregistrera l'accélération et les vibrations subies. Egalement à bord : deux bustes de femmes, nommés Helga et Zohar, et composés de matériaux imitant les os ou même les organes humains. L'un sera vêtu d'une veste anti-radiation, l'autre non. Des capteurs permettront d'évaluer les taux de radiations reçues, notamment dans l'espace lointain, ou elles sont bien plus importantes.

Si cette répétition générale est concluante, un premier vol avec équipage suivra lors de la mission Artemis II, prévue pour l’instant pour la mi-2024. Comme leurs prédécesseurs d’Apollo 8, les quatre astronautes de la mission survoleront la Lune mais ne s’y poseront pas. Il faudra donc attendre Artemis III pour voir le véritable retour d’un équipage à la surface de notre satellite. Après avoir quitté Orion pour alunir à bord du HLS (Human Landing System), deux astronautes, dont la première femme à marcher sur la Lune, séjourneront près d’une semaine à la surface, soit plus du double du record établi lors des missions Apollo. Prévue pour 2025, la mission pourrait toutefois connaître plusieurs années de retard selon le dernier rapport de l’inspecteur général de la NASA.

Objectif Mars

L’objectif de l’ensemble du programme est d’établir une présence humaine durable sur la Lune, ce qui passera par une étape indispensable : la construction du Deep Space Gateway (DSG), une station spatiale hébergeant un module d’habitation autour de la Lune, capable d’accueillir des équipages pour une durée de 42 jours. La station spatiale, la Gateway, sera assemblée en orbite autour de la Lune à partir de la fin 2024. Beaucoup plus petite que la station spatiale internationale (ISS), elle s’appuiera sur un partenariat similaire entre agences spatiales américaine, européenne, japonaise et canadienne, mais cette fois sans la Russie.

La Gateway constitue l’une des grandes différences entre les programmes Artemis et Apollo. En offrant un point de transit et un lieu d’expérimentation entre la Terre et la Lune, elle est présentée comme un ingrédient de la pérennisation du retour sur la Lune dont les motivations sont aujourd’hui moins géopolitiques qu’économiques. Les accords Artemis, que la France vient de rejoindre, prévoient par exemple explicitement la possibilité d’extraire des ressources de la Lune ( comme l’hélium 3, essentiel pour les réacteurs à fusion nucléaire du futur, ou les terres rares utiles à la fabrication de nouvelles technologies....).

À plus long terme, l’idée derrière le programme Artemis est de réutiliser les développements réalisés pour un premier voyage vers la planète Mars à l’horizon 2040., confirme ces objectifs indirects que prépare la mission Artemis :

"C’est clairement en vue de préparer une mission sur la planète Mars, à beaucoup plus longue échéance, vers 2040, 2050, puisqu’un retour sur la Lune sera d’abord nécessaire », confirme Emmanuel Jehin, Docteur en astrophysique à l’ULiège.




Luc T. pour DayNewsWorld