CATASTROPHE EVITEE POUR LA STATION SPATIALE INTERNATIONALE (ISS)

SOUS LA MENACE D'UN DEBRIS SPATIAL

C'est la troisième fois, cette année, que l'ISS doit manœuvrer pour éviter un débris spatial, sans compter les menaçantes conjonctions potentielles au quotidien. La densité de fragments et de débris d'anciennes fusées ou de satellites lancés depuis six décennies est telle que les objets spatiaux se comptent par milliers.

La station spatiale internationale (ISS) a dû manœuvrer mardi 22 septembre pour éviter une possible collision avec un débris d'une ancienne fusée japonaise, la troisième manœuvre d'évitement cette année, a annoncé la Nasa, qui réclame plus de moyens pour surveiller le nombre croissant d'objets en orbite terrestre.

Rappelons que l'ISS est large de 110 m, long de 74 m et haut de 30 m pour une masse de quelque 400 tonnes. Malgré la petite taille du débris d'environ 10 centimètres et, provenant d'un étage d'une fusée japonaise lancée en 2018désintégré en 77 morceaux en février 2019, une collision avec ce complexe orbital des plus imposants, peut engendrer un risque de dépressurisation rapide.

Troisième manœuvre d'évitement cette année

Le débris serait passé à seulement 1,39 kilomètre de l'ISS, selon la Nasa, mais il a été décidé d'élever l'orbite de la station par précaution. C'est une capsule cargo russe (Progress), amarrée à la station, qui a poussé l'ISS un peu plus haut en allumant ses propulseurs, pendant 2 minutes et demie, l'opération étant contrôlée en coopération entre les salles de contrôle russe et américaine.

Les membres d'équipage, deux Russes et un Américain, ont dû temporairement se placer dans la partie russe de l'ISS, afin de pouvoir évacuer en urgence avec la capsule Soyouz en cas de danger, ce qui n'a finalement pas été nécessaire . En juin 2011, comme en 2009, alors qu'il n'était plus possible d'effectuer une manœuvre d'évitement, les occupants de l'ISS avaient dû se réfugier dans les capsules Soyouz après la détection d'un objet potentiellement dangereux.

Selon le site de l'Agence spatiale européenne, l'ISS était à environ 421 km au-dessus des océans avant l'opération, et à 435 km après. Elle file à environ 27.500 km/h : à cette vitesse, même un petit objet peut gravement endommager, voire détruire un panneau solaire ou un autre élément.

Pollution céleste: des milliers de débris spatiaux voltigent depuis 60 ans

Si les débris spatiaux ne polluent pas l'espace, à proprement parler, (ils ne le détériorent pas) comme le font les marées noires par exemple , on parle tout de même de pollution car ils sont si nombreux qu'ils en deviennent une gêne pour les activités humaines en orbite.

Ce type de manœuvre est régulièrement nécessaire, et devrait devenir plus fréquent avec la pollution croissante des environs de la Terre par des débris d'anciennes fusées ou de satellites lancés depuis six décennies, et par les milliers de fragments créés par des collisions accidentelles ou délibérées, par exemple avec les envois de missiles anti-satellites par l'Inde en 2019 et la Chine en 2007.

La station a dû procéder à des évitements 25 fois entre 1999 et 2018, selon la Nasa. « La Station spatiale a manœuvré trois fois en 2020 pour éviter des débris. Ces deux dernières semaines, il y a eu trois conjonctions potentielles à haut risque. Les débris empirent ! » a tweeté Jim Bridenstine, administrateur de la Nasa, qui réclame 15 millions de dollars au Congrès pour que le Bureau du commerce spatial, un service civil, prenne en charge la surveillance des objets spatiaux et coordonne les avertissements aux opérateurs de satellites privés en cas de risques de collision.

Outre des moyens financiers réadaptés au contexte, la Nasa souhaite transférer cette surveillance spatiale auprès d'un service civil

À ce jour, c'est une unité militaire qui est chargée de la surveillance spatiale.




Paul Emison pour DayNewsWorld