UNE NOUVELLE FUSILLADE DE MASSE EN SERBIE

 FAIT HUIT MORTS ET TREIZE BLESSES

Un homme a ouvert le feu à l'arme automatique jeudi soir en Serbie sur un groupe de personnes depuis un véhicule en marche, faisant au moins huit morts et 13 blessés. C'est la deuxième tuerie de masse en deux jours dans le pays.

Le tireur a ouvert le feu à l'arme automatique sur un groupe de personnes depuis un véhicule en marche près de la ville de Mladenovac, à environ 60 km au sud de Belgrade, et s'est ensuite enfui, avait rapporté plus tôt la RTS.

La police serbe a arrêté vendredi matin l'auteur présumé près de la ville de Kragujevac, dans le centre du pays, a indiqué la télévision nationale (RTS)

Après plusieurs heures de traque, un homme a été arrêté vendredi matin. "U.B., né en 2002", selon le gouvernement serbe, est soupçonné d'avoir commis la tuerie avec une arme automatique dans trois villages près de Mladenovac, à une soixantaine de kilomètres de la capitale. Il s'agit de "l'un des jours les plus difficiles dans l'histoire contemporaine" du pays, a déploré le président serbe, Aleksandar Vucic. De nombreux policiers et ambulances ont été dépêchés sur place, et des hélicoptères survolaient les lieux.

Le ministre serbe de l'Intérieur, Bratislav Gasic, a qualifié les faits d'"acte terroriste".

Des proches inquiets se sont rassemblés devant le centre médical d'urgence de Belgrade, où au moins huit des blessés ont été hospitalisés, a rapporté la chaîne de télévision N1. La ministre de la santé, Danica Grujicic, a brièvement visité le centre.

Trois jours de deuil national

Cette nouvelle fusillade est survenue au lendemain du meurtre par balle, par un élève de 13 ans, de huit enfants et d'un gardien dans une école de Belgrade, une tuerie qui a profondément choqué le pays. Sept personnes – six élèves et une enseignante – ont par ailleurs été blessées dans cette attaque, et deux se trouvaient encore jeudi dans un état critique après avoir subi une série d'opérations chirurgicales.

L'assaillant a été arrêté peu après la tuerie dans la cour de l'école, où il attendait l'arrivée de policiers, et a été placé en hôpital psychiatrique. Le père du tireur, un médecin réputé, propriétaire de l'arme utilisée, a été arrêté et doit être entendu vendredi par un procureur. La mère a été interpellée aussi.

Trois jours de deuil national ont été décrétés à partir de vendredi. Les célébrations et les événements prévus seront en grande partie annulés. Le président serbe Aleksandar Vucic a déploré "l'un des jours les plus difficiles dans l'histoire contemporaine" de la Serbie.

Le chef de l'État a par ailleurs annoncé vendredi un vaste plan de "désarmement" visant à récupérer des centaines de milliers d'armes auprès des habitants de ce pays des Balkans, où quelque 765 000 armes, dont plus de 232 000 pistolets, sont légalement enregistrées.

Selon l'ONG suisse Small Arms Survey (contenu en anglais), la Serbie était en 2018 le troisième pays au monde en matière de circulation d'armes à feu (ex æquo avec le Monténégro), derrière les Etats-Unis et le Yémen, avec 39 armes pour 100 habitants.

Des stocks d'armes accumulés durant la guerre

En effet dans les années 1990, du fait des guerres qui ont mené à la fin de la Yougoslavie, puis les conflits dans les différentes zones de la région, un grand nombre d'armes à feu circulaient dans les Balkans. Déjà en 1989, sous le régime de Tito, 6,1 millions d'armes légères et de petit calibre étaient recensées, selon un rapport du ministère de la Défense et de l'Iris en 2017.

La fin des combats a entraîné une baisse de la demande, mais n'a pas conduit à la diminution du nombre d'armes en circulation. Le maintien de l'industrie de l'armement locale est notamment en cause, selon l'Iris. "Que ce soit en Serbie, en Croatie ou au Monténégro, des armes légères et de petit calibre continuent d'être produites", explique le rapport. Ce dernier met aussi en avant le "détournement dans les stocks de l’armée" et la "corruption", liés notamment à "la faiblesse des salaires des ouvriers et la maigre solde des soldats".

"Désarmer" le pays

Selon l'ONG suisse Small Arms Survey, en 2018, il y avait 2,7 millions d'armes à feu détenues par les civils en Serbie, pour 7 millions d'habitants. Parmi elles, 1,18 million étaient officiellement enregistrées et 1,53 million non déclarées. "La culture des armes à feu est bien ancrée ici", expliquait en 2016 Predrag Petrovic, du centre de Belgrade pour la politique de sécurité, une ONG serbe, au média allemand Deutsche Welle .

Le ministère de l'Intérieur avait annoncé jeudi des contrôles aux domiciles pour vérifier si les armes étaient gardées dans des coffres-forts, conformément aux règles, précisant que les contrevenants verraient leurs armes confisquées. Mais le président est allé plus loin vendredi. Il a notamment promis une révision du permis de port d'armes légères .

"Nous allons procéder à un désarmement presque complet de la Serbie", a déclaré Aleksandar Vucic lors d'une conférence de presse retransmise en direct, quelques heures après la seconde fusillade.




Abby Shelcore pour DayNewsWorld