LA FRANCE AVEUGLE FACE A L'EVOLUTION DU COVID

Difficile aujourd'hui pour les autorités sanitaires de suivre l'évolution de l'épidémie de Covid-19 dans le pays : le mouvement de grève des laboratoires d'analyses médicales a fortement impacté la production de données chiffrées fiables. Par ailleurs, le nombre de tests de dépistage est lui aussi en décrue.

Sur le papier, la France repasse dans le vert. Avec un peu plus de 20 000 nouveaux cas de contaminations aux Covid-19 détectés chaque jour, les quelques chiffres qui sont aujourd'hui communiqués par les autorités sanitaires montrent une nette amélioration de la situation sur le front épidémique.

Les Français peuvent-ils s'en réjouir ? Pas tellement, et pour cause : difficile de se fier aux données qui sont actuellement partagées. « Ces données sont non interprétables, indique Santé publique France dans un bilan hebdomadaire. Certains taux sont sous-estimés. »

Pourquoi ?

D'abord parce que depuis le 27 octobre dernier, les laboratoires d'analyses médicales ne communiquent plus les résultats des tests de dépistage contre le Covid-19 auprès du fichier national des tests de dépistage (SI-DEP). Ces derniers sont en effet opposés au budget prévisionnel 2023 de la Sécurité sociale, qui va obliger les biologistes à réaliser 250 millions d'euros d'économies chaque année : un « coup de rabot inacceptable » pour la profession :

« Devant la surdité des pouvoirs publics, nous avons décidé de suspendre la transmission des données de dépistage sur la plateforme SI-DEP », avait annoncé il y a quelques jours Alain Le Meur, porte-parole de l'Alliance pour la biologie médicale (APBM).

La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) a constaté une diminution de près de 80% du nombre de résultats de tests partagés dans cette base de données au début de ce mouvement... Selon nos confrères du Parisien, les laboratoires ont repris le partage des données depuis mercredi 2 novembre dernier, mais les professionnels du secteur menacent d'un mouvement de grève à compter du 14 novembre prochain s'ils n'obtiennent pas gain de cause auprès de Thomas Fatôme, directeur de l'Assurance Maladie.

Un nouveau sous-variant – BQ.1.1, trouble-fête ?

À cela, s'ajoute également la baisse du nombre de tests réalisés dans l'Hexagone. En moyenne, un peu moins de 90 000 tests sont enregistrés chaque jour dans le pays : un chiffre aussi bas n'a plus été observé depuis août 2020. Moins il y a de tests, moins la visibilité est bonne sur le front du Covid-19. Ce suivi épidémiologique est d'autant plus important qu'un nouveau sous-variant - BQ.1.1. - s'impose progressivement dans le pays et gagne du terrain. BQ.1.1. pourrait devenir dominant dans le pays d'ici les prochaines semaines.

« On n’a jamais vu un des sous-variants Omicron s’imposer sans entraîner de vague épidémique, et on ne voit pas très bien pourquoi ce ne serait pas le cas cette fois-ci », affirme Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à Genève.




Sandra Stac pour DayNewsWorld