L'INSTALLATION D'UN NOUVEL EL NINO SE TRADUIT

PAR UNE HAUSSE DES TEMPERATURES

Le climat des prochains mois promet quelques chamboulements. 

Et certaines parties du globe pourraient être particulièrement concernées. 

En cause, le phénomène climatique El Niño (le petit garçon en français) qui a officiellement débuté ce jeudi, selon l'agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA). De nombreux climatologues avaient en effet prévu son arrivée en cette fin de printemps 2023. Il pourrait se traduire par une hausse généralisée de la température à la surface de la Terre et l'apparition de plusieurs épisodes météorologiques extrêmes. Explications.

On parle d’un phénomène El Niño lorsque les alizés, qui sont des vents réguliers soufflant d’est en ouest le long de l’équateur, faiblissent ou changent de direction. Ce simple changement a de lourdes conséquences.

"La réponse de l’océan à ce changement des Alizés va renforcer le réchauffement initial", complète Jérôme Vialard, océanographe et directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD). Dans les cas où le phénomène El Niño se fait particulièrement intense, le sens des vents Alizés peut même s'inverser et accélérer le déplacement d'eau chaude jusqu'aux côtes sud-américaines, entraînant tout un tas de conséquences désastreuses.

Les masses d’eau chaude accumulées dans l’ouest de l’océan Pacifique se déplace en effet vers l’est, en direction de la côte ouest de l’Amérique du Sud, ce qui modifie les schémas atmosphériques. Les régions qui reçoivent normalement des précipitations limitées peuvent par exemple connaître des pluies abondantes, tandis que certaines régions habituellement humides peuvent expérimenter une période de sécheresse. Nous savons que les températures peuvent être plus élevées que la normale dans certaines régions et plus basses que la normale dans d’autres.

Des conséquences désastreuses

Au-delà de l'augmentation globale des températures, les conséquences liées à El Niño sont différentes selon les zones du globe. Pour l'Amérique du Sud, il peut s'agir de pluies diluviennes avec des risques de glissements de terrain et un océan qui ne permet plus aux pêcheurs de vivre. Du côté de l'Australie, le phénomène pourrait induire un risque de sécheresse accru, augmentant aussi les risques d'incendies. La problématique de la sécheresse concerne également le continent africain et une partie de l'Asie avec une potentielle baisse des rendements de l'agriculture et une hausse des risques de famine.

Les conséquences pour l’Europe

Les conséquences sont évidemment assez difficiles à prédire dans la mesure où elles varient d’un événement à l’autre. Elles dépendent aussi de nombreux facteurs interagissant avec les systèmes climatiques régionaux. Cependant, nous savons que l’Europe connaît généralement des hivers plus doux, des printemps plus frais et des étés plus chauds que la normale. Entre autres conséquences, cela peut avoir des effets dramatiques sur l’agriculture, en limitant la croissance des cultures en hiver, tandis que des périodes de sécheresse peuvent réduire la disponibilité de l’eau pour l’irrigation.

Certaines régions peuvent également recevoir des précipitations supérieures à la normale, entraînant des risques accrus d’inondations, tandis que d’autres régions peuvent connaître des périodes de sécheresse accrue. Les phénomènes El Niño peuvent aussi influencer la trajectoire et l’intensité des systèmes de tempêtes dans l’Atlantique, ce qui peut avoir des répercussions sur les régions côtières de l’Europe. Enfin, les variations des températures de surface de la mer pourraient avoir des répercussions sur les écosystèmes marins de l’Atlantique et de la Méditerranée, affectant la distribution et la migration des espèces marines.

El Niño affecte aussi la vie marine

El Niño met également en danger la vie marine le long de la côte pacifique. En temps normal, un phénomène connu sous le nom de "remontée d'eau" fait remonter les eaux fraîches et riches en nutriments des profondeurs de l'océan. Lorsque le phénomène El Niño se produit, ce processus est supprimé ou complètement interrompu. Il y a alors moins de phytoplancton le long des côtes, ce qui réduit la quantité de nourriture pour certains poissons.En mars, les scientifiques ont constaté que les températures de surface de la mer atteignaient un niveau record. El Niño risque d'aggraver la situation.

Selon la NOAA, il y a 56 % de chances que, lorsque le phénomène météorologique atteindra sa puissance maximale, les températures de surface de la mer dans l'est du Pacifique soient supérieures d'au moins 1,5 degré Celsius par rapport à la normale.L'eau plus chaude provoque le blanchiment des récifs coralliens, ce qui les expose à un risque accru de famine.

La NOAA, qui s’attend à des conditions modérées à fortes, annonce qu’il pourrait durer jusqu’en 2024.




Boby Dean pour DayNewsWorld