INONDATIONS MEURTRIERES

DUES A LA MOUSSON AU PAKISTAN

Les inondations provoquées par les pluies de mousson ont provoqué la mort de 1 061 personnes, selon le dernier bilan publié lundi matin. Et le bilan humain risque encore de s'alourdir.

Plus de 33 millions d’habitants, soit un Pakistanais sur sept, ont également été touchés par les inondations ; près d’un million de maisons ont été détruites ou gravement endommagées, selon le gouvernement. La NDMA a indiqué que plus de 80 000 hectares de terres cultivables ont par ailleurs été ravagés. En outre, environ 3 400 kilomètres de routes et 149 ponts ont été emportés par les eaux. De nombreuses rivières de la province de Khyber Pahktunkhwa, parcourue de montagnes et de vallées escarpées, ont débordé et détruit des dizaines de bâtiments. En aval, la crainte d’une inondation autour des berges du fleuve Kaboul a incité près de 180 000 personnes du district de Charsadda à fuir leurs maisons, selon les responsables des catastrophes, certains ayant passé la nuit sur les routes avec leur bétail.

Dans la province sud du Sindh, où vivent quelque 500.000 habitants, déjà massivement touchés, des torrents d’eau devraient encore arriver dans les prochains jours. Alimenté par des dizaines de rivières et de ruisseaux de montagne sortis de leur lit à la suite des pluies record et de la fonte des glaciers, l’Indus, fleuve qui traverse le Sindh, ne cesse de grossir. Les vannes ont été ouvertes pour faire face à un débit de plus de 600.000 m3 par seconde, a indiqué le responsable de l’important barrage qui régule le débit du fleuve.

Des négligence dans l'entretien du barrage Sukkur

A plusieurs endroits, l'Indus déborde déjà sur les rives et si le barrage de Sukkur ne parvient pas à contrôler le débit d'eau, une catastrophe est à redouter. Construit jadis par l'empire britannique, le barrage était considéré comme une merveille d'ingénierie, capable de déverser 1,4 million de mètres cubes d'eau par seconde à travers 19 portes en acier articulées entre des piliers de pierre.

Ce barrage, vieux de 90 ans contrôlant le puissant fleuve Indus, redistribue l'eau dans presque 10.000 kilomètres de canaux qui répartissent l'eau sur les terres agricoles. Mais après des années de négligence ces canaux ne permettent plus de traiter les volumes records aujourd'hui enregistrés. « Le limon s'est accumulé et n'a pas pu être retiré », a expliqué le ministre, ajoutant qu'en raison d'un manque d'équipement, les canaux n'ont pas été dragués depuis 2010.

Le gouvernement a déclaré vendredi l’état d’urgence et mobilisé l’armée pour faire face à cette « catastrophe d’une rare ampleur », comme l’a qualifiée la ministre du Changement climatique, Sherry Rehman. « L’ampleur de la calamité est plus grande que ce qui avait été estimé », a affirmé samedi le Premier ministre Shehbaz Sharif, dans un tweet, après avoir visité les zones inondées.

Des pluies essentielles mais souvent dramatiques

La mousson, qui dure habituellement de juin à septembre, est essentielle pour l’irrigation des plantations et pour reconstituer les ressources en eau du sous-continent indien. Mais elle provoque régulièrement de nombreuses pertes humaines et des destructions. Les autorités estiment que les intempéries en cours sont comparables à celles de 2010, année au cours de laquelle 2 000 personnes avaient été tuées et près d’un cinquième du pays submergé.

Les responsables pakistanais attribuent ces intempéries dévastatrices au changement climatique, affirmant que le Pakistan subit injustement les conséquences de pratiques environnementales irresponsables ailleurs dans le monde. Il figure en huitième position des plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes, selon une étude de l’organisation non gouvernementale Germanwatch. Mais la corruption et des programmes d’urbanisme mal établis contribuent à aggraver les conséquences des intempéries puisque des milliers de bâtiments ont été construits dans des zones inondables.

Ces inondations surviennent au pire moment pour le Pakistan, dont l'économie s'effondre et qui connaît une profonde crise politique depuis l'éviction du Premier ministre Imran Khan en avril, à la suite d'une motion de censure à l'Assemblée nationale.




Boby Dean pour DayNewsWorld