COMPRENDRE LE PLUS MEURTRIER INCENDIE 

A HAWAI

Hawaï n’en finit plus de compter ses victimes, après les violents incendies qui ont touché l’île de Maui. Le bilan humain dépasse désormais les 110 morts. "Ils trouveront probablement 10 à 20 personnes par jour jusqu'à ce qu'ils aient terminé", a expliqué le gouverneur de l'archipel américain, Josh Green.ans une interview diffusée lundi par la chaîne CBS.. Selon ses mots, les opérations de recherche s'étireront encore sur "environ dix jours", tandis que le bilan définitif, en l'état actuel, demeure "impossible à anticiper".
Selon lui, les opérations de recherches vont durer encore "probablement dix jours" et le bilan final est à l'heure actuelle "impossible à deviner". Si les pompiers ont tout fait, au péril de leur vie, pour limiter les dégâts, notamment dans la ville de Lahaina, le nombre de personnes disparues dans les flammes devrait encore augmenter.

"Dévastation totale"

L'ex-capitale du royaume d'Hawaï a été quasiment rasée par le feu et les dommages sont pour l'heure incommensurables. La ville, qui abritait 12 000 habitants, semble avoir été bombardée, avec des milliers d'immeubles réduits à des tas de cendres grisâtres. "Pour être tout à fait honnête, il n'y a rien à voir, si ce n'est la dévastation totale", a reconnu le gouverneur Green, qui s'est rendu sur place la semaine dernière.

A mesure que les réseaux de communication sont progressivement rétablis sur l'île, le nombre des disparus se résorbe : actuellement, selon le gouverneur, il s'élève à 1 300 individus, en baisse par rapport aux 2 000 précédemment enregistrés."Nos cœurs vont se briser irrémédiablement si cela signifie qu'il y a autant de morts", a-t-il déclaré. Les autorités pensent que le bilan ne sera pas aussi lourd, mais "nous nous préparons à de nombreuses histoires tragiques", a conclu Josh Green.

La population a essayé de fuir tant bien que mal, certains habitants ou touristes plongeant dans l’océan pour échapper au feu. Et alors qu’elle est aujourd’hui sous le choc face aux paysages dévastés, elle est également en colère et demande des réponses

La réaction des autorités est en effet pointée du doigt depuis plusieurs jours. C’est notamment le fait que les sirènes d’alerte n’aient pas été allumées qui pose question. D’autant que le réseau ayant été coupé pendant les incendies, de nombreux habitants n’ont pas pu non plus recevoir de signal sur leur téléphone, les informant de la situation et les invitant à quitter leur domicile.

Pourtant, le système d'alerte à Hawaï est l'un des plus sophistiqués au monde. Il compte quelque 400 alarmes réparties à travers tout l'État, en faisant le plus complet de la planète. Sur l'île de Maui, la deuxième plus grande de l'archipel hawaïen, pas moins de 80 sirènes extérieures sont opérationnelles pour avertir les résidents en cas de tsunami ou d'autres catastrophes naturelles. Toutefois, début août, elles restèrent étrangement silencieuses.

Un choix réfléchi des autorités

"Personne dans l'État ni dans le comté n'a tenté d'actionner ces sirènes", a admis Adam Weintraub, porte-parole de l'Agence de gestion des urgences d'Hawaï. Il explique néanmoins que cette décision dépendait grandement de la vitesse à laquelle les flammes progressaient. L'effort pour coordonner les opérations de secours sur le terrain simultanément au déclenchement d'autres systèmes d'alerte joua également un rôle.
Mercredi, Herman Andaya, administrateur de l'Agence de gestion des urgences du comté de Maui,a tenté à son tour de justifier la non-utilisation du système d'alerte. Il a avancé que ce dernier était principalement conçu pour alerter la population des risques de tsunami. Selon lui, l'actionner durant l'incendie aurait potentiellement incité les gens à se diriger vers le danger.

Néanmoins, les causes d'un si lourd bilan ne sont pas uniquement imputables à l'action humaine.

Un autre facteur joua un rôle déterminant dans l'étendue des incendies qui dévorèrent Hawaï , l'abandon des terres agricoles dans les années 1990.

Les champs autrefois bien entretenus, qui auraient pu freiner la propagation du feu, furent remplacés par d'immenses étendues de végétation non indigène, laissées à l'abandon. Clay Trauernicht, expert en incendies à l'université d'Hawaï, a expliqué sur Twitter que depuis une trentaine d'années, des herbes envahissantes telles que l'herbe de Guinée et l'herbe fontaine avaient été introduites. Celles-ci ont une double particularité : elles repoussent rapidement après un incendie, mais s'enflamment aussi plus facilement. À Lahaina la fermeture des exploitations de canne à sucre dans les années 1990 entraîna également l'arrêt des systèmes d'irrigation qui auraient pu endiguer la progression des feux.

Des conditions météorologiques particulièrement défavorables ont aussi joué dans le scénario catastrophe qui s'est déroulé sur l'île de Maui. Les flammes ont été attisées par des vents forts, qui ont dépassé les 100 km/h selon les services météorologiques américains (NWS). Ils ont été alimentés par un ouragan de catégorie 4 baptisé Dora. Pour ne rien arranger à la situation, l'année a été bien moins pluvieuse que de coutume à Hawaï : 16% du territoire était touché par une sécheresse "sévère" mercredi 9 août.

Autre sujet de colère à Maui, l’aide qui peine à arriver et le manque de réaction de Joe Biden, le président américain. Mercredi, il a annoncé qu’il se rendrait sur place avec son épouse Jill lundi prochain. Le couple doit « rencontrer des équipes de secours, des survivants ainsi que des responsables officiels », a annoncé sa porte-parole Karine Jean-Pierre.

 « Je reste déterminé à m’assurer que les habitants d’Hawaï aient tout ce dont ils ont besoin pour se remettre de cette catastrophe », a écrit le président sur X (anciennement appelé Twitter).




Britney Delsey pour DayNewsWorld