FESTIVAL DE CANNES

 TOP GUN MAVERICK AVEC TOM CRUISE

Voir Top Gun : Maverick, c’est être instantanément pris d’un sentiment de déjà-vu. Le film de Joseph Kosinski, diffusé hors compétition lors du festival de Cannes ce mercredi 18 mai, ne fait pas que reprendre les codes du Top Gun originel.

La mouture 2022 fait tout bonnement office de remake : les scènes identiques se succèdent, jouant sur les mêmes codes et les mêmes axes narratifs, reprenant les mêmes petites phrases qui tuent. 

Le Maverick que l’on quitte en 1986 après 1h50 de film semble contraint de revivre la même séquence à l’identique, façon Age of Tomorrow. 

Et pourtant,Top Gun et Top Gun : Maverick sont de faux jumeaux.

ll manque déjà un petit soupçon de nostalgie à la réunion Top Gun promise par le deuxième volet, qui sort en France le 25 mai. 

Si Maverick et Iceman seront bien réunis, on ne reverra pas Charlie. Il n'a pas été question de re-caster Kelly McGillis pour la simple raison que son personnage ne figure pas au scénario de Tom Gun : 

Maverick. Exit son rôle d'instructrice et sa romance avec le héros incarné par Tom Cruise, donc,trente ans après les événements de l'histoire sortie en 1986, tout l'enjeu pour le réalisateur Joseph Kosinski était de ne pas « toujours regarder en l'arrière » : 

« [les histoires du premier volet] ne sont pas des histoires que nous lancions » pour la suite, a-il déclaré à Insider.

Pour le réalisateur, il était « important d'introduire de nouveaux personnages […] C'était une opportunité incroyable d'intégrer le personnage de Jennifer Connelly. » L'actrice, âgée de 51 ans, interprète Penny Benjamin, la protagoniste romantique de cette nouvelle ère pour Top Gun.

Top Gun n’était pas le film le plus chaud des années 1980. Mais tout de même, le jeune Tom Cruise, avec ses dents de travers et son sourire de beatnik, les cheveux ondulés de Charlie (Kelly McGillis) et son regard pénétrant, avaient quelque chose de torride. 

On revoit avec excitation cette scène où, invité à dîner chez sa professeure, Pete Mitchell lui demande s’il peut « prendre une douche », avant de discuter de tout et de rien sur le patio. La douche, c’est Top Gun : Maverick qui la prend. Jamais une scène de sexe n’aura été aussi austère que celle qui réunit Tom Cruise et Penny (Jennifer Connely) dans le grenier de la mère célibataire. Il ne se passe tellement rien à l’écran qu’on en vient à douter qu’ils aient réellement couché ensemble.

Top Gun était un sommet d’homoérotisme, mais Maverick ne semble pas décidé à reprendre cette part de l’héritage du blockbuster de Tony Scott. L’amour pudique entre Pete Mitchell et celui qui partageait son cockpit, Goose (Anthony Edwards), est mort avec le copilote. Cet amour, qui se déployait à grands coups de mecs baraqués et torses nus dans les vestiaires de l’école d’aviation, est remplacé par une bonne vieille relation père fils conflictuelle entre Tom Cruise et le fils de Goose.

Goose, copilote originel de Pete Mitchell, est mort dans le crash de son avion, après s'être éjecté en vol. L'experience, traumatisante pour Pete Mitchell, l'est d'autant plus pour la veuve de Goose et leur nourrisson, Bradley. 

Trente-cinq années ont passé mais le fiston n'a rien pardonné au copilote de son père, d'autant qu'il a pourri son dossier à l'école de pilotage, pour des raisons qu'il ignore. 

Miles Teller s'est vu confier la lourde tâche d'interpréter le rôle de Bradley Bradshaw : un personnage tiraillé entre son ressentiment envers Pete Mitchell et son sens du devoir militaire.

Teller livre une prestation juste et sensible de ce personnage. Et l'axe narratif qu'il porte est crucial, mais n'en disons pas plus.

Et pour les mordus d'aviation : Dans Maverick, les élèves de Top Gun ne pilotent plus des Grumman F-14 Tomcat comme en 1986, mais des Boeing F-18 Super Hornet. Les Mig ennemis ont disparu, comme l’étoile rouge sur leur carrosserie...

La voix de Val Kilmer (Iceman) est un sujet qui, aujourd’hui, n’a rien de drôle. 

L’acteur, immense star déchue d’Hollywood, a subi une trachéotomie en 2017, à la suite d'un cancer de la gorge. Incapable de parler, il est doublé par une intelligence artificielle dans Top Gun : Maverick. Ce qui permet à son personnage de s’exprimer pour narguer ce diable de Pete Mitchell : « De toi ou moi, Pete, qui est le meilleur pilote ? », sourit Iceman.

 Réponse de Tom Cruise : « On passait un si bon moment jusqu’à présent. »


Andrew Preston depuis Cannes pour DayNewsWorld