LE PALMARES DE CANNES AVEC LA PALME D'OR

POUR ANATOMIE D'UNE CHUTE

La 76e édition du Festival de Cannes a touché à sa fin, ce samedi 27 mai 2023. Après douze jours pendant lesquels les personnalités ont défilé sur le tapis rouge, la Palme d'or a été remise à "Anatomie d'une chute" de la réalisatrice française Justine Triet, qui succède à "Sans Filtre", de Ruben Östlund

La cérémonie de clôture était, comme le 16 mai, orchestrée par Chiara Mastroianni. Parmi les beaux moments d'émotions de cette année, le visage stupéfait, les yeux écarquillés et la fébrilité de Merve Dizdar, récompensée pour son rôle dans Les Herbes sèches, mais aussi la standing-ovation pour le légendaire réalisateur américain Roger Corman, introduit par Quentin Tarantino. Du côté des discours, Jane Fonda s'est illustrée par une rafraîchissante prise de parole et a profité de sa tribune pour rappeler quelques vérités : en 1963, date de sa première venue au Festival, aucune femme n'était nommée en compétition et personne ne s'en souciait. " Il faut célébrer le changement lorsqu'il se produit ", s'est-elle réjouie, à raison de sept réalisatrices en compétition.

La palme d'or revient à Anatomie d’une chute

un très grand film, où Justine Triet a franchi d’un coup une immense marche dans son art. Après, déjà, des portraits échevelés de femmes qui l’étaient tout autant (La Bataille de Solférino, Victoria et Sybil), la cinéaste, 10 ans après ses débuts, raconte l'histoire d’une écrivaine, jouée avec par la troublante l’actrice allemande Sandra Hüller (doublement honorée ce soir, puisqu’elle est également à l’affiche, dans le rôle de la femme de Rudolf Höss, de The Zone of Interest, de Jonathan Glazer, Grand Prix du Jury), accusée du meurtre de son mari retrouvé la tête en sang au pied de leur chalet savoyard.

Les réactions de l'héroïne, femme agaçante et glaciale interprétée par la sublime Sandra Hüller, sont analysée avec une grande acuité par une cinéaste spécialiste des portraits féminins qui a notamment révélé Virginie Efira. Sandra Hüller joue "un personnage qui assume sa liberté, sa sexualité, ses choix de vie. Elle a l'air forte et ça la rend suspecte", décrit la réalisatrice. "J'ai toujours fait des films autour de femmes. Cette fois, c'est quelqu'un qui n'est pas facile à comprendre".

Anatomie d'une chute, dont le scénario a été co-écrit par la réalisatrice et son compagnon, l'acteur et réalisateur Arthur Harari, repose sur une déconstruction cérébrale et méticuleuse des mécanismes du couple et de la justice.

"J’avais très envie de refaire un film de procès depuis longtemps (depuis le film « Victoria » en 2016 NDLR). J’hésitais même à en faire une série. Je voulais vraiment aborder la question judiciaire dans ses moindres détails, aborder les questions du couple, du vivre ensemble. Pour "Anatomie d'une chute", j'ai été ​​​​fascinée par l’affaire Amanda Knox "

De l’enquête policière au procès qui s’ensuit, Anatomie d’une chute est surtout la dissection implacable d’un couple en désagrégation, déséquilibré quand le succès de l’une provoque le ressentiment de l’autre, le tout vu par le regard paradoxal de leur enfant malvoyant.

Une histoire qui reste cependant jusqu’au bout obscure et indécidable.

" C’est peut-être le film le plus intime que j’ai réalisé " explique la cinéaste sur scène.

 Palmarès de la 76ème édition du Festival de Cannes.

Palme d'Or

Anatomie d'une chute, porté par Sandra Hüller de Justine Triet

Palme d'or du court métrage

Gunnur Martinsdóttir Schlüter reçoit une mention spéciale pour Far et Flóra Anna Buda reçoit la

La Caméra d'or :

L'arbre au papillon d'or de An Pham Thien.

Prix d'interprétation masculine

Koji Yakusho est distingué pour son rôle principal dans Perfect Days, Wim Wenders.

Prix d'interprétation féminine

L'actrice turque Merve Dizdar pour son rôle dans Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan.

Prix du scénario

Le prix est décerné à Yūji Sakamoto pour Monster, de Hirokazu Kore-eda.

Prix du jury

Les feuilles mortes de Aki Kaurismäki.

Prix de la mise en scène : Tran Anh Hung pour La passion de Dodin Bouffant

Grand Prix

The Zone of Interest, réalisé par Jonathan Glazer.




Kate White pour DayNewsWorld