COMPRENDRE LA GREVE DU TOUT HOLLYWOOD

ACTEURS ET SCENARISTES

Un mouvement inédit dans le monde du cinéma. Les acteurs américains ont lancé voilà maintenant plus de cent jours un mouvement de grève massif. Le syndicat des acteurs SAG-AFTRA a initié le mouvement après l’échec des négociations avec les studios et les plates-formes de streaming.Fran Drescher, présidente de l’organisation , s’est félicitée de cet événement : «C’est un moment historique».

«Nous n’avions pas le choix. C’est nous qui sommes les victimes. Nous sommes victimes d’une entité très cupide», a estimé l’ancienne vedette de la série «Une nounou d’enfer».

Elle a par ailleurs ajouté que ce mouvement de grève est une nécessité : «Si nous ne nous levons pas maintenant, […] nous risquons tous d’être remplacés par des machines et des grandes entreprises qui se préoccupent plus de Wall Street que de vous et de votre famille».

Le mouvement avait été initié par les scénaristes en mai dernier, et s’est désormais transformé en double mouvement social.Il s'agit de la première grève des acteurs depuis 1980 à Hollywood. Le dernier double mouvement social réunissant comédiens et scénaristes remonte, lui, à 1960. À l’époque, le futur président des Etats-Unis Ronald Reagan menait le syndicat des acteurs et s'était construit une stature politique en obtenant d'importantes concessions des studios.

Cette grève, décidée par la SAG-AFTRA, syndicat unique des acteurs, engage ses 160 000 membres, qu'ils soient de simples figurants, des cascadeurs, des seconds rôles occasionnels ou des vedettes. De nombreuses célébrités, parmi lesquelles Meryl Streep, Ben Stiller ou Colin Farrell, se sont d'ailleurs déjà publiquement prononcées en faveur d'une grève. Elles vont devenir un porte-voix essentiel. Le mouvement social est crucial pour la multitude d'acteurs, bien moins payés que ces stars."

Demande de revalorisation et peur de l'IA

A l’origine de ce mouvement social, une demande de revalorisation des salaires et cachets, qui ont bien diminué avec l’arrivée du streaming. Substantiels pour la télévision car calculés en fonction du tarif des publicités, ces émoluments sont bien moindres avec les plateformes de streaming, qui ne communiquent pas leurs chiffres d'audience et paient un forfait, indépendamment du succès.

Eric Edelstein, un acteur qui a joué un petit rôle dans Jurassic World, a récemment illustré cette érosion dramatique auprès du Los Angeles Times. Les revenus tirés de la rediffusion du film sur les chaînes câblées lui ont rapporté 1 400 dollars sur un trimestre. Pour la même période, le comédien a touché 40 dollars au titre des rediffusions en streaming.

De plus, les grévistes demandent à être protégés de l'usage de l'intelligence artificielle et ainsi éviter que cette dernière puisse générer des scripts, ou encore cloner leur image et leur voix. Les acteurs craignent en effet d'être remplacés par l'intelligence artificielle (IA). Ils réclament des garanties contre le clonage de leur voix et de leur image sans consentement.

"Aucune expérience de vie"

Et pourtant pour Steven Sonderbergh il n'y a pas lieu d'avoir peur de l'IA. La possibilité que l'intelligence artificielle puisse remplacer les scénaristes et les acteurs n'est pas un sujet qui hante ses nuits, a-t-il indiqué à Variety qui l'interrogeait à ce propos à l'occasion de la sortie prochaine de sa mini-série Full Circle" Je suis peut-être le Neville Chamberlain de ce sujet, mais je n'ai pas peur de l'IA dans ce contexte spécifique. Elle n'a aucune expérience de la vie", constate le réalisateur américain.

"(L'intelligence artificielle) n'a jamais eu la gueule de bois. Elle n'a jamais préparé un repas pour quelqu'un qu'elle aimait. Elle n'a jamais eu peur en rentrant chez elle tard le soir. Elle ne s'est jamais sentie fragile parce que quelqu'un avec qui elle était au lycée, il y a 20 ans, a connu une réussite incroyable. Je n'en ai pas peur. C'est juste un autre outil". Et Steven Sonderbergh de conclure : "Si (cet outil) vous aide à terminer la première version d'un scénario, tant mieux. Mais est-ce qu''il peut le finir et le rendre génial en soi ? Absolument pas. À ce jour, (tout cela) ne m'empêche pas de dormir la nuit".

Pour Christopher Nolan, le réalisateur du film Oppenheimer le cinéaste, reste également plus doué que l'intelligence artificielle qu'il qualifie d' "outil très puissant pour nous".Le cinéaste, qui compte bien tirer profit de cette technologie dans l'exercice de son art, a ainsi sa recette pour l'aborder. "Ma position sur la technologie, en ce qui concerne mon travail, est que je veux [l]'utiliser pour ce qu'elle a de mieux à offrir", résume-t-il.

Car cette intelligence n'est pas humaine mais seulement artificielle ...




Garett Skyport pour DayNewsWorld