DECOUVERTE DE LA PLUS GRANDE VILLE ANTIQUE D'EGYPTE PRES DE LOUXOR

Jeudi 8 avril 2021, le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités a annoncé la découverte de la plus grande ville antique d'Égypte, située près de Louxor, l'antique « Thèbes aux cent portes ». Enfouie depuis 3 000 ans, la cité perdue, en très bon état de conservation, daterait du règne d'Amenhotep III (1391-1353 avant J.C.). Cette « cité perdue » du Nouvel Empire (1580-1077 avant J.-C.) aurait vraisemblablement continué à être utilisée sous les règnes de Toutankhâmon (1336/1335-1327 avant J.-C.) et Aÿ (1327-1323 avant J.-C.).

Les archéologues qui l'ont découverte en septembre 2020 n'en reviennent toujours pas. La mission a commencé ses excavations en septembre 2020 entre les temples de Ramsès III et d'Amenhotep III près de Louxor, à environ 500 km au sud du Caire.

« En quelques semaines, à la grande surprise de l'équipe, des formations en briques d'argile ont commencé à apparaître », indique le communiqué.

Et le site est « en bon état de conservation, avec des murs presque entiers et des pièces pleines d'outils de la vie quotidiennes ». Pour le directeur de la mission, Zahi Hawass, c'est « la plus grande ville antique d'Egypte » qui a été découverte.

« La découverte de cette cité perdue est la deuxième plus importante découverte archéologique depuis la tombe de Toutankhâmon », estime Betsy Brian, professeure d'égyptologie à l'Université John Hopkins, aux États-Unis, également citée dans le communiqué. Elle permettra notamment « de nous offrir un rare aperçu de la vie des anciens Égyptiens durant les heures les plus fastes du (Nouvel) Empire »

Une cité perdue très bien conservée

L’équipe a d’ores et déjà mis au jour plusieurs zones et quartiers du site antique tels que trois palais royaux, un centre administratif et manufacturier de l’Empire ainsi que des espaces de la vie quotidienne comme une « cuisine », une « boulangerie » avec une zone de cuisson et de préparation des aliments, des fours et des poteries de stockage, des zones résidentielles où, des bâtiments qui semblent liés à l’administration, un atelier qui produisait des briques en terre crue et des décorations pour les temples et les tombes, une nécropole dont les tombes taillées dans la roche rappellent celles des nobles retrouvées dans la Vallée des rois, deux sépultures de vaches ou de taureaux et une dépouille humaine « inhabituelle » qui a été retrouvée les bras tendus et le reste d’une corde enroulée autour de ses genoux.

Objets du quotidien des Égyptiens

Toutes ces structures regorgent d’objets du quotidien des Égyptiens tels que des bijoux, des poteries, des anneaux, des scarabées mais aussi des moules de coulée pour la production d’amulettes et d’éléments décoratifs, des récipients en poterie colorée et des briques d’argile portant le sceau du roi Amenhotep III, permettant de dater la période d’activité de la cité.

L'abandon de la ville semble avoir été rapide, sans qu'on en connaisse encore les causes. Le règne étrange d'Akhenaton pourrait en être la clé. Fils d'Amenhotep III, 9e roi de la XVIIIe dynastie , ce pharaon controversé rompt avec la religion de l'Empire, et tourne le dos à Thèbes, alors la capitale, pour en fonder une autre. Si ses successeurs sont revenus sur ses choix radicaux, ce brutal abandon de 150 ans a peut-être son rôle dans l'inhabituelle préservation de la ville. . Cette nouvelle découverte pourrait donc résoudre bien des mystères non résolus autour du pharaon réformateur, souvent qualifié d’hérétique.

« C'est comme un instantané de l'histoire- une version égyptienne de Pompéi », s'exclame Salima Ikram, égyptologue.




Jenny Chase pour DayNewsWorld