LA MAISON HAUTEVILLE HOUSE DE VICTOR HUGO REOUVERTE AU PUBLIC

Elle va ré-ouvrir dimanche 7 avril au public, après un an de travaux, la maison Hauteville House de Victor Hugo (1802-1885) . Après le bannissement décrété par Louis-Napoléon Bonaparte l'écrivain s'est exilé à Guernesey, île anglo-normande au large de la péninsule du Cotentin.

Il s’installe alors à Guernesey où il acquiert Hauteville House en 1856, grâce au produit de la vente du recueil, Les Contemplations.

Restée propriété familiale jusqu’en 1927, Hauteville House est offerte en donation à la Ville de Paris, à l’occasion du centenaire du Romantisme, par Jeanne Nègreponte, la petite-fille de Victor Hugo, et les enfants de Georges Hugo, son petit-fils.

Bâtie sur les hauteurs de Saint Peter Port, Hauteville House fut la demeure de Victor Hugo pendant son exil à Guernesey et la seule propriété de l’écrivain.

Lieu d’écriture de nombreux chefs-d’œuvre – Les Misérables, Les Travailleurs de la Mer, L'Homme qui rit, La Légende des siècles, Le Théâtre en liberté… – elle est aussi une œuvre d’art totale par son aménagement et ses décors conçus par Victor Hugo lui-même.

L'homme d'affaires breton François Pinault, 82 ans, a rendu possible la rénovation de cette bâtisse dont la décoration atypique correspond à la créativité hugolienne.

« Autographe à trois étages, un poème en plusieurs chambres », selon Charles Hugo, œuvre à part entière, la maison immerge le visiteur dans une atmosphère unique.

Le visiteur qui pénètre dans cette demeure se trouve tout d'abord écrasé dans une l’entrée exiguë donnant sur une ruelle, des vestibules et des escaliers étroits, dans une obscurité presque funèbre.

La luminosité du troisième étage de Hauteville House, où se trouve le « look-out » en verrières, adjacent à une chambre modeste, contraste ensuite avec cette obscurité.

Le grand écrivain Victor Hugo y travaillait face à la mer et dormait dans un lit qu’il repliait, en compagnie d’une croix argentée que cet anticlérical croyant gardait près de lui.

Jardin d’hiver, galerie de chêne, salon rouge et salon bleu, panneaux de laque chinoise, colonnades et stalles néo-gothiques, portraits de famille, dessins de la célèbre série des « souvenirs » de ses voyages, tapisserie, tentures encadrées de chênes, murs et plafond couverts des porcelaines :

le tout assemblé de manière hétéroclite.

Hugo aimait retravailler les objets ordinaires, les détourner. D’un curieux candélabre, il veut faire un arbre de feu à travers lequel faire surgir le gaz.

Des inscriptions comme « Nox, Mors, Lux » (« Nuit, mort, lumière ») ou « Perge, surge » (« Lève-toi, reste debout ») disent ses obsessions. Pour Gérard Audinet, directeur des maisons de Victor Hugo, Hauteville House est « une maison écritoire ».

Toute la symbolique hugolienne se trouve dans cette demeure de l'exil du grand homme qui y a planté le chêne des Etats Unis d’Europe le 14 juillet 1870, juste avant son retour en France.

Andrew Preston pour DayNewsWorld