QUAND L'ARNAQUEUSE ANNA DELVEY

FASCINE L'AMERIQUE

Entre chèques en bois à la banque et « emprunts » auprès de ses amis, Anna Devley a enchaîné les arnaques pendant un an et demi et a dupé tout le gratin new-yorkais. Une vie de luxe pendant un an et demi pour 275.000 dollars. Mais la supercherie a pris fin en octobre 2017. La jeune femme est désormais derrière les barreaux. À son procès le 19 juin 2018, elle n'a pas pu s'empêcher de porter ses lunettes Céline.

Cétait « tellement facile », confie-t-elle au New Yorker le 28 mai, depuis sa cellule de Rikers Island. Anna Sorokin, alias Anna Delvey, fascine l'Amérique.

La fausse héritère Anna Delvey.

En s'inventant une fausse identité, cette Russe de 27 ans a réussi à arnaquer la haute société new-yorkaise vivant à crédit dans les plus beaux hôtels de New York et soutirant de l’argent à de riches crédules

Arrivé à New-York, Anna Delvey n'est personne. Mais elle se crée un personnage. Son compte Instragram avec plus de 50.000 abonnés entretient son mythe. Anna ment avec affront et tout le monde n'y voit que du feu.

En réalité, Anna Sorokin est la fille d'immigrés russes en Allemagne.Elle devient une riche héritière allemande. Un jour, son père est un riche entrepreneur dans les énergies renouvelables, un autre, il a fait fortune dans le pétrole.

Elle révèle volontiers que sur son compte bancaire dorment 60 millions de dollars. Le père de Delvey était un diplomate russe, assura un ami. Non, insista un autre, c’était un titan de l’industrie du pétrole. « Pour autant que je sache, sa famille était la famille Delvey qui est importante dans le marché des antiquités en Allemagne, » dit une autre connaissance, un millionnaire PDG d’une entreprise tech .

La femme d'affaires et le club à la Soho.

Et la voilà qui loge dans un hôtel prisé de Manhattan, le 11 Howard, qui distribue les pourboires de 100 dollars. Cette native de Washington D.C., avec ses cheveux au naturel, ses immenses yeux à la Margaret Keene, et ses dents du bonheur, se préparait à lancer son affaire, un club à la Soho House, avait-elle dit à Neff, la concierge de l’hôtel devenue son amie. Un club qui se focaliserait sur l’art, avec des adresses à Los Angeles, Londres, Hong Kong, et Dubaï, et Neff devint sa secrétaire. Elle organisait ses déjeuners et dîners d’affaires dans des restaurants comme Seamore’s et Le Coucou, le restaurant de l’hôtel.

Un jour, elle amena Neff à une séance avec une entraîneuse personnelle coach de viequi travaille avec des célébrités comme Dakota Johnson. Après la séance Anna acheta un lot de sessions. “Ca a coûté, et je mens pas, 4500 dollars,” dit Neff.Anna paya cash

« Arrête de t’affaler sur toi-même, ordonna l’entraîneuse à Anna. Redresse tes épaules, cambre ton dos de ton nombril jusqu’en haut de ta colonne vertébrale. Tu es une femme brillante ; tu veux devenir une femme d’affaires. Il faut que tu puises dans ta propre force ».

Son club ,elle l'imaginait de 4200 mètres carrés sur six étages. Le cœur du club, avait-elle dit, serait « un centre d’arts visuels dynamique », avec une sélection alternée de pop-up stores choisis par l’artiste Daniel Arsham, qu’elle connaissait de son temps à Purple, et des expositions et installations d’artistes de valeur sûre comme Urs Fischer, Damien Hirst, Jeff Koons, et Tracey Emin. Pour l’inauguration, Anna avait-elle dit, l’artiste Christo avait accepté d’envelopper le building de tissu.

Anna partait pour collecter les fonds, les amis artistes et célèbres à ses dîners furent progressivement dépassés par « des mallettes Goyard et des Rolex, et des Hublot, comme ces paroles de Jay-Z,» selon Neff qui, à un moment, regardai tla personne de l’autre côté de la table au Coucou pour y reconnaître le visage du tristement célèbre  Martin Shkreli, qui serait plus tard reconnu coupable de fraude en matière de valeurs mobilière.

Mais Anna ne passait-elle pas beaucoup de temps à travailler, à froncer les sourcils devant sa boîte mail et à soupirer d’un air énervé au téléphone ?. « Elle était tout le temps au téléphone avec des avocats, dit Neff, qui avait tendance à tendre l’oreille depuis son comptoir de concierge. Ils étaient toujours là à l’adoucir. Genre, ‘Anna, t’essaies d’augmenter la valeur de quelque chose qui ne vaut en fait que tant. C’est pas comme ça que ça marche.’ »

Les ennuis commencèrent.

Les ennuis se pointèrent au mois de décembre précédent, la City National ayant refusé sa demande de prêt . Les choses se détériorèrent rapidement pour Anna Delvey à New York. Les responsables de Beekman Hotel, ayant réalisé qu’ils ne possédaient pas de carte bancaire qui fonctionnait dans leur base de données, et n’ayant pas reçu le virement promis pour son solde de 11.518,59 dollars, bloquèrent l’accès d’Anna à sa chambre et confisquèrent ses affaires.Et la descente en enfer commença.

Sa soif de célébrité n'est cependant pas encore assouvie. Son histoire doit être adaptée en série par la célèbre Shonda Rhimes, productrice de « Grey's Anatomy » et « Scandal ». La jeune femme est au courant de ce projet, et verrait bien Jennifer Lawrence ou Margot Robbie dans son rôle, a-t-elle raconté au New Yorker.

Une donneuse de leçon.

A New York, la « fausse héritière » Anna Delvey fait de son procès un vrai défilé de mode.Celle qui est accusée d’avoir arnaqué le Tout-New York, encourt jusqu’à 15 ans de prison. Son arme de défense son apparence.

L’ouverture de son procès, mercredi 27 mars, fascine donc toujours. Venue répondre de dix chefs d’accusation, elle s'est présentée vêtue d’une robe noire col V, d’un ras-de-cou noir, d’une paire de ballerines et de larges lunettes de vue devant le juge et les jurés. Les réseaux sociaux se sont enflammé. Ce look  a provoqué un flot de commentaires admiratifs sur Twitter.« Ma reine Anna Delvey arborant un look de procès iconique » . « Je suis tellement contente qu’Anna Delvey ait porté un ras de cou à la cour ». La fausse héritière, revenue de pause déjeuner, est apparue vêtue d’un pull beige, par-dessus sa robe noire. L'air d’une petite brebis innocente face à la cruauté du système judiciaire américain.« ELLE A AJOUTÉ UN PULL APRÈS LE DÉJEUNER, ELLE PEUT TOUT FAIRE. Personne ne manipule une audience avec des vêtements mieux que cette femme!!! »

Toujours selon Vanity Fair, présente à la cour le 20 mars afin de rencontrer les jurés sélectionnés pour assister à son procès, la jeune trentenaire avait demandé au préalable à son avocat de faire du shopping chez H&M. Avec 200 dollars Quelques heures plus tard, la jeune femme s’était présentée à la cour vêtue d’un blazer et d’un panta-court noirs ainsi que d’un sweat beige que. Toujours selon le New York Post les avocats de cette dernière avaient également essayé de lui faire porter une paire de stilettos, finalement jugés « trop dangereux » par le département des services correctionnels. Des baskets Puma d'un blanc immaculé à la place.

Une véritable leçon de mode...

Et une leçon  « Genre, l’argent, y’a une quantité illimitée de capital dans le monde, vous savez ? me dit Anna à un moment. Mais il y a une quantité limitée de gens talentueux. ». A vous de juger




Britney Delsey pour DayNewsWorld