LE BRESIL EPICENTRE DE L'EPIDEMIE DE CORONAVIRUS

Le Brésil est devenu l'épicentre de l'épidémie, dépassant l'Espagne et l'Italie en nombre de cas de coronavirus.

Il s'agit désormais du quatrième pays le plus touché par la pandémie avec 250 511 cas positifs, mais surtout quelque 14 919 nouvelles contaminations détectées dans les dernières 24 heures.

Il compte officiellement 20 118 morts, des chiffres que les scientifiques jugent largement sous-estimés par rapport à la réalité.

Selon le Centre Covid-19 Brasil, le pays pourrait en réalité compter entre 2,5 et 3,4 millions de cas positifs.

Selon une étude de l'Imperial College de Londres réalisés fin avril sur 48 pays, le Brésil a aussi le plus fort taux de contagion au monde, avec un R0 de 2,81.

Le président Bolsonaro contre le confinement

Alors que le monde entier prend des mesures de confinement pour épargner sa population de l'épidémie de Covid-19, le Président du Brésil Jair Bolsonaro s'oppose à ces mesures donnant le primat à l'économie.

Interrogé fin avril sur le fait que le Brésil venait de dépasser le chiffre de 5.000 morts, le président Jair Bolsonaro avait répondu : « Et alors? ». Depuis le début de l'épidémie, il sous-estime la menace et parle d'une « petite grippe » ou une « hystérie » née de l’« imagination » des médias. L’activité économique doit continuer à tout prix, affirme Bolsonaro, qui peine surtout à prendre la mesure de la pandémie Le chef de l'Etat est entré en guerre avec les gouverneurs qui ont décidé du confinement alors qu'il s'y oppose. « Le chômage, la faim et la misère sera le futur de ceux qui sont en faveur de la tyrannie d'un isolement total », argue-t-il dans un tweet.

Le déni entretenu par le pouvoir dissuade la moitié de la population de se confiner, tandis que les appels à la distanciation physique lancés par les professionnels de santé, les gouverneurs et les maires ne sont que modérément suivis.

Un gouvernement instable.

En raison de ses divergences avec le président d'extrême-droite, le ministre de la Santé et médecin Luiz Henrique Mandetta a été limogé le 17 avril. Le 15 mai c'est au tour du ministre de la santé, Nelson Teich, de démissionner, quatre semaines après sa nomination à ce portefeuille crucial, pour « divergences de vues ». Son entourage a mis en avant des divergences avec le président sur le traitement à la chloroquine, dont Bolsonaro est un fervent défenseur, même si aucune étude n'a encore prouvé son efficacité.

Pendant ce temps, la courbe des contaminations progresse dans le pays de 210 millions d'habitants. Alors que la situation est déjà dramatique, le Brésil ne devrait connaître le pic de l'épidémie qu'au cours du mois de juin. Or plusieurs gouverneurs et maires ont déjà alerté sur un système de santé publique au bord de l'asphyxie. Mais lors de manifestations en faveur de Jair Bolsonaro, parfois en sa présence, certains de ses partisans ont réclamé des mesures d'une tout autre nature : une reprise en main militaire et la fermeture du Parlement

Dans ce climat de tension politique, six ex-ministres de la Défense ont exhorté les Forces armées à condamner ces appels à l'intervention militaire.




Andrew Preston pour DayNewsWorld