VERS UNE SORTIE DE CRISE PACIFIQUE

DE MOINS EN MOINS PROBABLE AU VENEZUELA

Au Venezuela, le bras de fer continue entre le président en titre Nicolas Maduro et son opposant, le président par interim autoproclamé Juan Guaido. La situation devient de plus en plus critique depuis que le pays est frappé par une gigantesque panne d’électricité. Le pays s'enfonce dans une crise profonde.

Depuis ce jeudi 7 mars, le pays est plongé dans le noir, l'activité économique est à l'arrêt et les établissements sont de santé paralysés si bien qu'en moins de 48 heures, quinze personnes souffrant de maladies rénales sont mortes faute de dialyse. La population qui manque de tout est à bout.

Le gouvernement, de plus en plus isolé sur la scène internationale, dénonce des « attaques cybernétiques » des Etats-Unis visant à déstabiliser le pays tandis que l'opposition attribue cette panne à une mauvaise gestion gouvernementale, dans un pays habitué aux coupures de courant bien que jamais de cette ampleur.

Quelle sera l'issue de cette crise ? Qui du président Nicolas Maduro ou de son rival Juan Guaido va remporter la lutte pour le pouvoir ?

Juan Guaido et la transition pacifique ?

Nicolas Maduro ne dispose plus que de 14% d'opinions positives, selon l'institut d'enquête Datanalisis. Les conditions actuelles sont telles qu'une grande partie de la population voit en Juan Guaido une solution pacifique et démocratique. Mais y parviendra-t-il ?

Certes l'opposant a acquis une telle renommée que les autorités n'ont pas pu se permettre de l'arrêter à son retour alors qu'il avait violé la semaine dernière une interdiction de sortie du territoire.

Juan Guaido tentait alors de faire entrer dans le pays des tonnes d'aides humanitaires offertes principalement par les Etats-Unis et bloquées par les forces armées à la frontière colombienne. Mais M. Maduro et son armée ont tenu bon - le chef de l'Etat y voyait une tentative déguisée d'intervention militaire extérieure.

A la suite de cet échec, le parlementaire a aussitôt promis d'intensifier la mobilisation populaire et l'isolement diplomatique du gouvernement Maduro.

« J'annonce une tournée populaire et l'isolement diplomatique du gouvernement Maduro. » « J'annonce une tournée, ma tournée et celle de tous les députés (à travers le pays) pour vous faire venir à Caracas de manière définitive », a-t-il lancé le 9 mars devant des milliers de partisans descendus dans les rues de la capitale.

« Après la fin de cette tournée (...) nous annoncerons la date où tous ensemble nous marcherons sur Caracas », a-t-il ajouté. Il a promis une marche sur la capitale. Il s'est même dit prêt aussi à soutenir la grève des syndicats du secteur public.

A l'armée revient le rôle d'arbitre...

Cette pression accrue a en effet pour seul objectif d'amener le haut commandement de l'armée à lâcher Maduro et, à terme, à faire tomber le régime, ouvrant la voie à une transition pacifique et à des élections. Selon Datanalisis, Nicolas Maduro ne dispose plus que de 14% d'opinions positives, mais il peut toujours compter sur la loyauté de l'armée.

Si 700 militaires et policiers ont déjà rejoint Juan Guaido ces dernières semaines et fait défection en passant les frontières avec le Brésil et la Colombie, aucun officier de haut rang n'est passé de son côté. Or le Venezuela compte environ 365.000 militaires et policiers. Pour convaincre, il faudrait une négociation octroyant « des garanties spécifiques » aux officiers impliqués dans la corruption et les violations des droits de l'homme.

Dans ces conditions,  la transition prendrait plus de temps mais cela accroîtrait la probabilité qu'elle soit non-violente , selon le spécialiste Michael Shifter.

Par contre « Le scénario d'une intervention militaire conduite par les Etats-Unis paraît chaque jour moins probable mais ne peut pas être écarté en fonction de l'évolution de la situation », prévient cet analyste.

Les sanctions américaines - dont l'embargo sur le pétrole - aggravent encore les difficultés de la vie quotidienne de la population. Avant de provoquer éventuellement la chute du gouvernement, elles risquent, « tôt ou tard, d'abîmer l'image de Guaido », prévient Luis Vicente Leon, analyste vénézuélien et directeur de l'institut Datanalisis. M. Maduro parie en un sens sur le « désamour » de M. Guaido qui pourrait survenir à la longue, selon le politologue Luis Salamanca, .

Plus le temps passe et plus une transition démocratique et pacifique pour sortir le pays de la crise semble s'éloigner.

Joanne Courbet pour DayNewsWorld