L'EQUATEUR EN ETAT D'URGENCE APRES L'EVASION DE PRISON DU CHEF DE GANG FITO 

ENNEMI PUBLIC N° 1…

Depuis dimanche 7 janvier, le pays est secoué par de violentes révoltes dans les prisons et plusieurs localités du pays. Une situation de crise qui met en lumière de graves dysfonctionnements dans l’institution judiciaire de ce pays d’Amérique latine. La politique sécuritaire du nouveau président, approximative, est déjà fragilisée.

Le président Daniel Noboa a décrété l’état d’urgence pour l’ensemble du pays suite à l’évasion d’Adolfo Macias , surnommé « Fito ».

Qui est ce chef du plus grand gang criminel du pays surnommé « Fito » ?

C'est l'ennemi public numéro un en Équateur : "Fito", de son vrai nom Adolfo Macias, est le chef des "Choneros", le plus grand gang criminel du pays. Un groupe d'environ 12 000 hommes devenu le principal acteur du narcotrafic du pays.

Emprisonné depuis 2011 dans une prison de haute sécurité à Guayaquil (Sud-Ouest) où il purgeait une peine de 34 ans de détention pour crime organisé, trafic de drogues et meurtres, "Fito" manque à l'appel depuis ce dimanche 7 janvier. Adolfo Macias, plus connu sous le nom de « Fito », s’est évadé du pénitencier de cette ville portuaire du sud de l’Équateur dimanche, quelques heures avant une opération de contrôle menée dans la prison.

Une évasion qui a contraint le président Daniel Noboa à décréter l’état d’urgence pour l’ensemble du pays, y compris dans le système pénitentiaire, ce criminel étant l’ennemi public N° 1 et chef du plus grand gang criminel du pays, responsable de soulèvements dans des prisons.

Le criminel de 44 ans s'était déjà échappé pendant 3 mois en 2013 d'une prison de haute sécurité. 

Un "traitement différencié et préférentiel de la part des autorités",(CIDH)

"Fito" avait aussi pris la tête du quartier du centre pénitentiaire de Guayaquil dans lequel il était incarcéré. Les murs y sont ornés de peintures à sa gloire et des vidéos le montrent en train de faire la fête à l'intérieur de l'établissement, avec des musiciens et des engins pyrotechniques. Il y a même enregistré le clip vidéo d'un "narcorroccido", une chanson populaire en l'honneur des narcotrafiquants : "El corrido del Leon". Dans cette séquence, "Fito" apparaît coiffé d'un large chapeau, dans la cour de la prison et aux côtés de quatre autres détenus. Il caresse un coq de combat et ri sur un air chanté notamment par sa fille, connue sous le nom de Queen Michelle.

Dans un rapport publié en 2022, la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) avait souligné le "contrôle interne important" exercé par le chef de Los Choneros sur la prison. Elle notait par ailleurs que ce dernier, ainsi que Junior Roldan, un autre dirigeant du gang tué l'année dernière en Colombie, bénéficiaient d'un "traitement différencié et préférentiel de la part des autorités".

Un candidat à la présidentielle exécuté

Ces derniers mois, «Fito», qui a obtenu son diplôme d'avocat en prison, a fait la une des journaux équatoriens après l'assassinat début août de l'un des principaux candidats à l'élection présidentielle. Fernando Villavicencio, ancien journaliste et parlementaire, a été abattu par un tueur à gages colombien. Peu avant son exécution, il avait dit être menacé de mort par le chef des Choneros

Los Choneros,est un gang de narcotrafiquants apparu dans les années 1990 dans la province côtière de Manabi, stratégique pour l'exportation de la cocaïne vers les Etats-Unis et l'Europe.

Fito qui n'était qu'un modeste chauffeur de taxi dans une autre vie s'est hissé à la tête du gang après les décès successifs des chefs précédents. Ces changements ont dans le même temps entraîné une fragmentation du groupe composé de quelque 8.000 membres, entraînant des «luttes intestines» entre ses différentes ramifications, selon le centre de recherches Insight Crime.Par exemple, les Tiguerones et les Chone Killers se sont désolidarisés, devenant de puissants rivaux. Insight crime affirme que, dans cette situation, Los Choneros ont «progressivement perdu le pouvoir au profit d'une alliance menée par Los Lobos».Le chef de ces derniers, Fabricio Colon Pico, s'est d'ailleurs lui aussi échappé ce mardi de la prison dans laquelle il était incarcéré. 

Pour se renforcer, les Choneros ont donc établi des liens avec de puissantes organisations criminelles en Colombie, tel que le Clan del Golfo, et au Mexique, avec le Cartel de Sinaloa. L'Observatoire équatorien du crime organisé leur prête aussi des liens avec des réseaux des Balkans.

L'Equateur en "conflit armé interne"

Ce mardi après-midi, un groupe d’hommes a terrorisé des journalistes, en débarquant armés et cagoulés sur le plateau d’une émission de télévision à Guayaquil, dans le sud-ouest du pays.

La scène retransmise en direct a choqué les téléspectateurs. Les journalistes et autres employés présents ont été pris en otage par les assaillants, forcés à se mettre au sol et menacés avec des pistolets, fusils à pompe et grenades.

Une situation qui vient s’ajouter au contexte particulièrement tendu du pays, qui a été déclaré en état de «conflit armé interne» par le président.La situation, devenant ingérable, a poussé le président à déclarer l’Équateur en état de "conflit armé interne" et a ordonné la "neutralisation" des groupes criminels impliqués, d’après un décret rendu public mardi.

Au moins quatre policiers ont également été enlevés dans la ville côtière de Machala, au sud-ouest du pays et à Quito, la capitale. Ces enlèvements surviennent dans un fort climat de tension qui a contraint le président Noboa à déclarer l'état d'urgence pour soixante jours dans l'ensemble du pays ainsi qu'un couvre-feu de 23 heures à 5 heures.

Daniel Noboa, le président équatorien de 36 ans, élu à l’automne dernier à l’issue d’une grave crise politique, affronte une situation sécuritaire à très hauts risques. Depuis dimanche 7 janvier et la fuite du " criminel le plus dangereux " du pays, les prises d’otages et séquestrations de surveillants se succèdent dans les prisons du pays. Le gouvernement a évoqué des " fuites d’informations " et la probable corruption de deux agents pénitentiaires dans cette évasion mystérieuse.

Le président équatorien s’est d'ailleurs exprimé dans la soirée du lundi 8 janvier sur Instagram, l’air grave et concentré, veste en cuir entrouverte, pour annoncer qu’il décrétait l’état d’urgence et un couvre-feu dans tout le pays. Les forces de sécurité "sont à pied d'œuvre pour retrouver cet individu extrêmement dangereux" qui aurait fui dimanche "quelques heures" avant une opération de contrôle menée dans la prison de Guayaquil. Le parquet a ouvert une enquête contre deux fonctionnaires pénitentiaires "qui auraient participé à l'évasion".

Des images publiées sur les réseaux sociaux, qui n'ont pu être vérifiées, ont montré des gardiens retenus sous la menace de couteaux par des hommes cagoulés, suppliant le gouvernement "d'agir avec prudence" et de "ne pas envoyer de troupes dans les prisons".

Pays ravagé par la violence des gangs et des narcotrafiquants

Le nom de "Fito" a fait la Une de la presse sud-américaine ces derniers mois, suite à l'assassinat début août de l'un des principaux candidats à l'élection présidentielle. La victime, ancien journaliste et parlementaire, avait fait état peu avant son exécution de menaces de mort de la part du chef des Choneros.

Pays devenu un centre logistique pour l'expédition de cocaïne vers l'Occident, l’Équateur est ravagé par la violence des gangs et des narcotrafiquants.




Jenny Chase pour DayNewsWorld