PAYS-BAS QUAND L'IMMIGRATION FAIT TOMBER

LE GOUVERNEMENT

Les crispations autour de l’immigration ont de plus en plus tendance à faire et à défaire les gouvernements dans les pays membres de l’Union européenne. Une semaine après un sommet européen qui a fait ressurgir les nombreuses divisions entre les Vingt-Sept sur la question de l’immigration, ce thème a été fatal au Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte, qui a démissionné après un désaccord avec ses alliés de la coalition au pouvoir.

Le Premier ministre Mark Rutte a remis sa démission au roi samedi au lendemain de la chute de son gouvernement en raison de divergences sur la politique d’accueil des réfugiés, sujet particulièrement brûlant actuellement sur le Vieux Continent.

Mark Rutte, a annoncé qu’il ne se représenterait pas en tant que leader de son parti (VVD) lors des prochaines élections. Il a l’intention de quitter la politique.

" Ce qui me motive : les Pays-Bas"

" Ces derniers jours, on s’est demandé ce qui me motivait», a déclaré M. Rutte, faisant référence à la querelle au sein de la coalition sur la politique d’asile. «La seule réponse est: les Pays-Bas. Mon sort à cet égard est tout à fait secondaire. Dimanche, j’ai décidé de ne pas être disponible en tant que tête de liste du VVD pour les prochaines élections."

Une fois qu’un nouveau gouvernement sera en place après les élections à l’automne prochain, M. Rutte quittera la vie politique. Le roi Willem-Alexander lui a demandé de continuer à gérer les grands dossiers, tels que la guerre en Ukraine. En concertation avec la Chambre basse, il déterminera quels dossiers seront encore traités.

Différend " insurmontable" sur la politique d’accueil des réfugiés.

La coalition actuelle se débat depuis un certain temps, en particulier face à la profonde crise paysanne engendrée par l'agenda écologique maximaliste du gouvernement. Et sur la question du droit d'asile, c'est un moment décisif, en raison de la nouvelle vague migratoire qui touche le pays, ainsi que toute l'Europe occidentale, et qui se rapproche du tsunami de 2015. Avec près de 47 000 demandeurs d'asile en 2022, ce chiffre est proportionnellement supérieur à celui de la France. Des incidents graves dans les centres d'accueil témoignent de la saturation des capacités, même si la situation est loin d'atteindre le degré explosif de la crise en France.

Rutte a donc tiré la sonnette d’alarme dès avril et voulu sortir de l’ambiguïté en proposant de limiter strictement le regroupement familial des réfugiés.Cependant, les négociations au sein du gouvernement ont échoué, car deux partenaires de la coalition se sont opposés à toute véritable limitation. Le petit parti chrétien progressiste CU, héritier de la tradition du protestantisme humanitaire, et surtout le parti de "centre gauche" D66, imprégné du multiculturalisme, sous l'influence de sa cheffe, la vice-première ministre Sigrid Kaag, ancienne haut-fonctionnaire de l'ONU, sont tous deux favorables à l'accueil des migrants et aux causes du "Sud global".

Cet événement marque la fin de 12 ans de gouvernance et fait suite à l’incapacité de l’exécutif à trouver à un accord pour restreindre l’afflux de demandeurs d’asile.

La chute du gouvernement néerlandais confirme le fossé qui se creuse partout en Europe entre le discours politico-médiatique dominant et le sentiment des classes populaires et moyennes.




Alize Marion pour DayNewsWorld