AFFAIRE McKINSEY MACRON SUR LA SELETTE ?

Le parquet national financier (PNF) a ouvert deux enquêtes fin octobre pour « favoritisme » et « financement illégal de campagnes électorales » visant le rôle des cabinets de conseil pendant les campagnes présidentielles de 2017 et 2022. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a assuré hier qu'il n'y avait eu ni « abus » ni  « dérives » dans la manière dont l'Etat a travaillé avec les cabinets de conseil. La veille, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, avait pourtant affirmé le contraire.

Vendredi dernier, Emmanuel Macron a , quant à lui, estimé qu'il n'était pas au « cœur de l'enquête », tout en déclarant : « Je ne crains rien Macron pourrait être convoqué à la fin de son second mandat

Le chef de l'État, dont le nom ne figure pas dans le communiqué du parquet, est protégé par son immunité pénale, prévue à l'article 67 de la Constitution. Selon cet article de la loi suprême, le chef de l'État « ne peut, durant son mandat et devant aucune juridiction ou autorité administrative française, être requis de témoigner non plus que faire l'objet d'une action, d'un acte d'information, d'instruction ou de poursuite ».

Si les magistrats instructeurs devaient estimer qu'Emmanuel Macron doit s'expliquer sur ces questions, ils pourraient le convoquer à la fin de son second mandat à l'Élysée, et seulement sur les actes qui n'ont pas été commis dans l'exercice de ses fonctions de président.

Ironie du sort :

Emmanuel Macron est un enfant du PNF. Sans l'intervention du Parquet national financier dans la campagne électorale de 2017 et la mise en cause de François Fillon soudain rattrapé par l'emploi présumé fictif de sa femme, l'actuel président aurait-il trouvé les clés de l'Elysée ? .

Pendant la présidentielle 2022, en pleine polémique, Emmanuel Macron avait estimé que le non-paiement de l'impôt sur les sociétés par McKinsey s'expliquait par les règles fiscales en vigueur. « S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal », avait-il lancé.

Le président de la commission d'enquête du Sénat, Arnaud Bazin, et la rapporteuse Éliane Assassi ont indiqué pour leur part avoir « toute confiance en la justice pour mener cette enquête ». « Toute la lumière doit être faite sur cette affaire, qui revêt une importance majeure pour notre vie démocratique. »

Ils ont rappelé que le Sénat avait adopté mi-octobre à l'unanimité une proposition de loi qui vise à mieux encadrer les prestations des cabinets de conseil, mais qui doit encore être inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée.

La justice s'intéresse pourtant bien aux relations très étroites entre le chef de l'Etat et McKinsey.

 « C'est la première fois que le PNF ouvre une enquête contre un président de la République en exercice... après l'avoir fait contre son secrétaire général, Alexis Kohler, et son ministre de la Justice », rappelle un journaliste.




Andrew Preston pour DayNewsWorld