LE CAMOUFLET PRIS PAR EMMANUEL MACRON FACE A L'INFLATION REDUCTION ACT  DE JOE BIDEN

Le président de la République français s’est envolé pour Washington accompagné d’une vaste délégation visant à défendre les atouts de la France .

Présentée comme une célébration de la relation « profonde » entre deux alliés, la visite d'Etat, explique Chris Coons, un influent sénateur proche de Joe Biden , d'Emmanuel Macron aux Etats-Unis ne produira pas de miracle pour les industriels européens, pénalisés par une loi américaine sur le climat. Axé principalement sur le climat et les dépenses sociales, le plan, baptisé « Inflation Reduction Act »(IRA), prévoit plus de 430 milliards de dollars d'investissement dont 370 milliards afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d'ici à 2030, soit le plus important effort jamais consenti par les Etats-Unis dans ce domaine.

Au premier jour d'une visite d'Etat célébrant l'amitié franco-américaine, le président français a toutefois plaidé pour « essayer ensemble d'être à la hauteur de ce que l'Histoire a scellé entre nous, une alliance plus forte que tout », estimant que sa seconde visite d'Etat aux Etats-Unis en quatre ans « montr(ait) aussi la force, le lien entre les Etats-Unis et la France ».

L'IRA ou « les Etats-Unis regardent d'abord les Etats-Unis »

Mais il a encore mis en garde son allié: le « risque c'est que face aux défis de l'époque les Etats-Unis regardent d'abord les Etats-Unis, c'est normal (...) et regardent ensuite la rivalité avec la Chine, et, en quelque sorte, que l'Europe et la France deviennent une sorte de variable d'ajustement » entre les deux premières puissances mondiales.

Dans un discours devant la communauté française à l'ambassade de France à Washington, le président français Emmanuel Macron a en effet prévenu mercredi les Etats-Unis que leur programme d'investissements et de subventions de 430 milliards de dollars pour aider leurs entreprises et lutter contre l'inflation risquait de « fragmenter l'Occident ».

Il a également mis en garde contre le « risque » que « l'Europe et la France deviennent une sorte de variable d'ajustement » de la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine, les deux premières puissances mondiales.

Le président français a raconté devant ses compatriotes à l'ambassade avoir « dit avec beaucoup de franchise, d'amitié (aux élus américains) (...) que ce qui s'est passé ces derniers mois est un défi pour nous parce qu'on commence à se décaler sur les sujets énergétiques et le coût de la guerre (en Ukraine) n'est pas le même en Europe et aux Etats-Unis ». « Mais surtout, les choix faits, dont je partage les objectifs, en particulier l'Inflation Reduction Act (IRA, un programme de réformes et d'investissements environnementaux et sociaux pour les entreprises américaines) sont des choix qui vont fragmenter l'Occident », a déploré le président français.

Pour Emmanuel Macron, l'IRA « créé de telles différences entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe que ceux qui travaillent dans nombre d'entreprises vont juste se dire +on ne fait plus d'investissements de l'autre côté de l'océan+ Atlantique. »

Lors de ce déjeuner avec des parlementaires américains, il avait dénoncé les mesures « super agressives » prises par le président démocrate Joe Biden pour doper l'industrie américaine, en plaidant pour une meilleure coordination économique de part et d'autre de l'Atlantique.

Pourtant l'espoir du président français Emmanuel Macron d'obtenir des exemptions pour les industriels européens, pénalisés par le « Inflation Reduction Act », la grande loi de Joe Biden sur le climat qui donne une préférence aux constructeurs automobiles américains, a radicalement été douché par Joe Biden lui-même. C’est LE point de crispation actuel entre les deux pays, et le sujet qui est revenu le plus durant cette conférence : le programme industriel américain, le « Inflation Reduction Act », jugé trop protectionniste par Paris.

« Les Etats-Unis ne s’excuseront jamais pour le plan que nous allons mettre en place »

Il n'y a pas d'évolution en vue pour le plan d'aide américain même si les présidents américain et français Joe Biden et Emmanuel Macron ont cherché jeudi à minimiser les tensions commerciales entre l'Union européenne et les Etats-Unis en affirmant vouloir « synchroniser » leurs approches en termes d'industrie verte et éviter la concurrence sur les emplois.

Pour autant, il y a peu de chance que Washington retouche l'Inflation Reduction Act, ce programme d'investissements de 430 milliards de dollars lancé pour aider ses entreprises américaines

« Nous avons le même objectif : investir massivement dans les énergies propres. Nos équipes vont continuer à se parler, pour nous coordonner », a tenté de rassurer Joe Biden.Tout en étant très clair : « Les Etats-Unis ne s’excuseront jamais pour le plan que nous allons mettre en place », a-t-il ajouté,

Dans le cadre du Inflation Reduction Act, c'est le plus grand investissement dans la transition vers l'énergie propre de l'histoire des Etats-Unis qui a été adopté et au forceps par l 'administration Biden Une grande victoire et réalisation de Biden donc sur laquelle il sera jugé à la prochaine élection présidentielle.Voulant redynamiser son industrie et rassurer une classe moyenne ébranlée par la mondialisation, tout en tenant tête à Pékin, le président démocrate américain a fait voter ce gigantesque programme d’investissements, l' IRA qui inquiète les Européens.

Le texte affole en effet à juste titre l’Union européenne, qui craint un exode industriel massif outre-Atlantique. Et pour cause, le tissu économique du Vieux continent, qui pâtit déjà de la crise gazière, risque d'en souffrir un peu plus, à défaut de subventions équivalentes.

« Pour moi, la bonne politique en la matière est de chercher en premier lieu le consensus européen et ensuite de parler aux Américains à partir d’un front commun. Il est évident que la France n’a pas le poids suffisant pour peser sur les décisions américaines. L’économie française représente 2% du PIB mondial tandis que les Etats-Unis sont aux alentours des 20%. C’est comme si on posait la question de savoir si la Belgique (0,5 % du PIB mondial) pouvait influencer les décisions de la France. Très généralement, dans le débat national, on s’intéresse particulièrement à la position de l’Allemagne et éventuellement de l’Italie. 

Je vois rarement les positions belges débattues en France. « Il faut être conscient que vu de Washington, notre pays est un acteur secondaire sur la scène européenne. Ce sont les Allemands qui dominent. Et sur l’aspect mondial, l’Etat français n’est pas au même niveau que la Chine auprès des Américains. Donc, le bon niveau pour combattre le protectionnisme américain est de porter ce sujet au niveau européen.  », conclut Gilles Babinet co-président du Conseil national du numérique, interrogé par un confrère d'Atlantico..

"Encore une fois, nous ne sommes pas dans un partenariat d’égal à égal. L’Etat français doit accepter de faire une politique de puissance moyenne.", concède-t-il.




Joanne Courbet pour DayNewsWorld