UNE RENTREE DE TOUS LES DANGERS

POUR LE GOUVERNEMENT FRANCAIS ?

Le président de la République se prépare à une rentrée agitée, avec des Français rattrapés par les conséquences économiques de la guerre en Ukraine et une opposition politique en embuscade. D'ailleurs vendredi 19 août, à Bormes-les-Mimosas (Var), Emmanuel Macron a demandé aux Français « d'accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs ». « L'exécutif est en effet face à des enjeux considérables : sur le plan géopolitique avec la guerre en Ukraine, sur le plan énergétique avec potentiellement des restrictions cet hiver, et des enjeux climatiques très présents tout au long de l'été, liste le politologue Bruno Cautrès. Et puis, pour corser tout ça, des enjeux économiques avec la question de l'inflation et du pouvoir d'achat. ».

L'inflation et le pouvoir d'achat

En France comme en Europe, les conséquences économiques sont lourdes, à commencer par le retour de l'inflation . Le vote du projet de loi sur le pouvoir d'achat en juillet a permis au gouvernement d'apporter une première salve de réponses . Les plus de 20 milliards d’euros de mesures votées – non sans mal – cet été pour soutenir le pouvoir d’achat (remise carburant, prime de rentrée, revalorisation des minima sociaux, bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité, hausse du plafond de défiscalisation des heures supplémentaires…) suffiront-ils à calmer les inquiétudes des Français La flambée des prix, en particulier alimentaires et de l’énergie, va continuer à mettre l’exécutif sous pression. Si les prix à la pompe sont en recul, l’inflation a dépassé 6 % en juillet.

La souveraineté énergétique

La souveraineté énergétique sera aussi au menu de la rentrée. Il faut « oeuvrer pour notre souveraineté énergétique, pour accompagner les Français, nos entreprises dans le contexte de cette guerre », a déclaré Emmanuel Macron depuis le Var. En effet, l’autonomie risque d’être difficile à atteindre et de possibles pénuries d’énergies consécutives à la guerre menée par la Russie en Ukraine ne sont pas exclues. Dans ce contexte, l'Algérie, premier exportateur africain de gaz naturel,et où le président se rend en fin de semaine, pourrait être une des solutions alternatives en attendant de profonds changements dans la politique énergétique.

L'urgence climatique, après un été marquant

L'été a été marqué par des incendies et phénomènes climatiques d'une ampleur sans précédent, comme les orages de la semaine dernière en Corse . Ils ont rappelé l'urgence des questions liées au réchauffement climatique . C'est pourquoi le président de la République organisera fin août un séminaire gouvernemental consacré notamment à l'écologie alors que la Première ministre, Elisabeth Borne, doit aussi prononcer un « discours fort sur la sobriété et la transition énergétiques » lors de l'université d'été du Medef. Le chef de l'Etat lui a en outre demandé de « remettre à l'automne un agenda de planification écologique décliné par mois et années », précise l'Elysée.

La sécurité

La période estivale a aussi été marquée par le retour de la sécurité dans le débat public, après plusieurs faits divers, dont un tir par balle après un rodéo urbain et un mort et un blessé grave lorsd'un refus d'obtempérer à Vénissieux (Rhône) . Occupant tout l'espace médiatique pendant l'été - comme le faisait Nicolas Sarkozy en 2002 - après sa reconduction dans ses fonctions, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, présentera un projet de loi sécurité à l'automne. Le gouvernement pourrait convaincre Les Républicains avec son projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi). Le texte doit permettre d'octroyer 15 milliards d'euros supplémentaires de budget en cinq ans et sera examiné en octobre au Parlement. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin a en revanche été sommé par l'Elysée et Matignon de reporter son projet de loi sur l'immigration. Il est prévu pour décembre, après l'organisation d'un « grand débat » au Parlement, comme l'a annoncé le ministre début août.

Le budget 2023

Le projet de loi de finances pour 2023 s'annonce périlleux pour l'exécutif, qui n'a plus que le mot « compromis » à la bouche.

Malgré ses promesses de changement de méthode, le gouvernement anticipe déjà un passage en force, avec un possible recours à l'article 49.3, pour faire adopter le projet de loi de finances 2023, faute de majorité absolue pour les macronistes à l'Assemblée. Traditionnellement, les oppositions votent contre pour exprimer leur désaccord avec la politique du gouvernement.

Des réformes explosives

L’automne doit aussi marquer le vrai coup d’envoi pour les réformes censées permettre d’atteindre les deux principaux objectifs de politique économique promis par le chef de l’Etat pour 2027 : le plein-emploi et un déficit public réduit à moins de 3 % du produit intérieur brut (PIB) ? « On peut aller vers le plein-emploi, mais il nous faut continuer à mener les réformes indispensables », avait-il rappelé dans son interview du 14-Juillet.

Parmi celles-ci, la réforme de l’assurance-chômage, destinée à la fois à faire des économies budgétaires et à inciter au retour à l’emploi, prévoit de moduler les indemnités des personnes concernées en fonction de la santé de l’économie. Un principe qui promet de cristalliser les tensions, tant du côté des oppositions que des syndicats. Un conditionnement du RSA à 15 ou 20 heures d'activité hebdomadaire, déjà expérimenté à Dijon et en Alsace, est également prévu.

L'autre est celle des retraites. La proposition faite par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle prévoit de reporter l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans, avec un système de carrières longues et de pénibilité. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a néanmoins promis de consulter les syndicats juste après la première réunion du Conseil national de la refondation.

Une rentrée périlleuse donc pour le gouvernement et pour Emmanuel Macron qui a  tout intérêt à soigner sa rentrée pour mener à bien ses réformes. D'autant que selon la dernière enquête Ifop publiée par le Journal du Dimanche, la côte de popularité du président de la République n' est actuellement qu'à 37 % alors que celle de la Première ministre Élisabeth Borne est désormais plus haute (41%). Pour tenter de se redonner du souffle politique et incarner un changement de méthode, Emmanuel Macron lancera donc le 8 septembre le Conseil national de la refondation (CNR) qui permettra de réunir « les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élus des territoires et de citoyens tirés au sort », selon le chef de l'Etat.

Mais la CGT prévoit déjà une journée de grève interprofessionnelle axée sur le pouvoir d'achat, les salaires et la réforme des retraites, le 29 septembre.




Emily Jackson pour DayNewsWorld