LES « PIERRES DE LA FAIM » ALERTENT SUR LES DANGERS DE LA SECHERESSE

Avec la baisse du niveau des cours d’eau en Europe, lacs, fleuves et rivières laissent place à des paysages parfois inédits... ou des avertissements. « Si vous me voyez, alors pleurez ! » Voici l’inscription que l’on peut lire sur une « pierre de la faim » qui a refait surface, cet été, sur les bords de l’Elbe, dans la ville de Děčín (République tchèque).

Un écho singulier à l’aggravation actuelle de la crise climatique.

Par rituel, les habitants du bord de ce fleuve inscrivent la date, ainsi que leurs initiales, à chaque fois que l’eau laisse place à ces témoins de l’histoire. Selon Der Spiegel, celle de Decin date de 1616.

Ce message d'ailleurs n’est pas le seul laissé sur une « pierre de la faim » dans le secteur. Tel un livre ouvert, on pouvait y lire 10 dates allant de 1417 allant à 1893. 

« Avant 1900, les sécheresses suivantes sont commémorées sur la pierre : 

1417, 1616, 1707, 1746, 1790, 1800, 1811, 1830, 1842, 1868, 1892 et 1893 », précise une étude réalisée par des chercheurs tchèques en 2013. 

Comme des marqueurs du niveau hydraulique du fleuve, ces pierres retracent des moments de souffrances, de mauvaises récoltes, où les risques de famine étaient intenses le long de ce fleuve de l’est de l’Europe, qui traverse également l’Allemagne avant de se jeter dans la mer du Nord près de Hambourg.

Des marqueurs du passé anticipant l’avenir ?

Pour Andrea Toreti, chercheur au Centre commun de recherche de la Commission européenne « Notre analyse indique en effet que des débits extrêmement bas affectent presque tous les fleuves européens ». 

Symbole d’une extrême sécheresse, ces « pierres de la faim » ont été retrouvées également sur les rives du Rhin, de la Moselle et de la rivière allemande Weser. « Cette sécheresse pourrait être la pire depuis 500 ans » , poursuit-il.

Un phénomène appelé à se répéter en Europe.

Cette année, près de la moitié du territoire de l’Union européenne avait été exposée à des niveaux de sécheresse inquiétants en juillet, et 11 % à des niveaux d’alerte supérieurs, selon une étude du Centre commun de recherche de la Commission européenne et fondée sur les travaux de l’Observatoire européen de la sécheresse (OED).

« Nous avons pleuré, nous pleurons et vous pleurerez », avertit, prémonitoire, une « pierre de la faim » retrouvée sur sa rive droite de l'Elbe, à Tuchlovice, petite commune de République tchèque.




Carl Delsey pour DayNewsWorld