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LA RUEE VERS MARS

Direction Mars. Après les Émirats Arabes Unis lundi, la Chine a lancé jeudi 23 juillet 2020 avec succès une sonde spatiale depuis la base de Wenchang, sur l'île de Hainan. Embarquée à bord d'une fusée Longue Marche 5, la sonde spatiale Tianwen-1 (« Questions au ciel » en mandarin) est désormais en route vers la planète rouge.

Un voyage qui durera sept mois. Le départ d'une sonde américaine est également prévu pour la fin du mois.

Il faut dire que les conditions de lancement sont particulièrement idéales en ce mois de juillet. La planète rouge, la Terre et le Soleil se retrouveront dans le même alignement à la fin de l'année, permettant aux missions de suivre la trajectoire la courte.

« L'idée est de profiter de ce qu'on appelle l'opposition, moment où le Soleil, la Terre et Mars sont alignés exactement dans cet ordre-là , explique Olivier Sanguy, de la Cité de l'Espace . Le cycle de la mécanique céleste n'offre qu'une fenêtre de tir tous les 26 mois, pendant laquelle la distance entre Mars et la Terre est la plus courte. »

Les Emirats arabes unis ont été les premiers à se lancer durant le mois de juillet. Après deux reports de lancement, en raison du mauvais temps, la sonde émiratie Al-Amal (« Espoir » ), première mission spatiale arabe vers Mars, a décollé lundi depuis le centre spatial de Tanegashima (Japon). La sonde Al-Amal devrait amorcer son orbite autour de Mars d'ici à février 2021, marquant le 50e anniversaire de l'unification des sept principautés qui forment les Emirats arabes unis.Une fois sur place, elle doit faire le tour de la planète rouge pendant toute une année martienne, soit 687 jours terrestres. L'objectif est de fournir une image complète et inédite de la dynamique du temps dans l'atmosphère de Mars.

La mission chinoise, nommée Tianwen-1 (« Questions au ciel-1 »), est partie du centre de lancement de Wenchang, dans le sud de la Chine, ce jeudi 23 juillet 2020. Ambitieuse, la Chine espère faire, lors de cette première tentative indépendante, presque tout ce que les Etats-Unis ont réalisé en plusieurs missions martiennes depuis les années 1960 : placer une sonde en orbite, poser un module sur Mars, puis en faire sortir un petit robot téléguidé afin qu'il mène des analyses à la surface.

Après Curiosity lancé en 2012 ,qui continue de parcourir activement sa surface accidentée, les Etats-Unis enverront le rover américain Perseverance à la fin de ce mois. Il se posera le 18 février 2021 dans le cratère de Jezero, où une rivière se déversait il y a 3 à 4 milliards d'années, déposant boues, sables et sédiments dans l'un des deltas les mieux préservés de la surface de Mars. L'engin mesure trois mètres de long, pèse une tonne, a des yeux (19 caméras), des oreilles (deux micros), un bras robotique de deux mètres et est doté d'un drone. Objectif de la Nasa : collecter des échantillons de son sol rocailleux, dans la perspective historique de les ramener sur Terre lors de missions ultérieures.

Pourquoi une telle course vers la Planète rouge ?

Si certes Mars est la planète la plus proche de la nôtre , les raisons principales sont d'abord scientifiques. « La sonde Mars Express nous a appris qu'elle était habitable. Il faut savoir si elle a été habitée », explique Jean-Yves le Gall, président du Cnes.

De plus la course vers Mars est aussi une affaire de puissance. Pendant la Guerre froide, Etats-Unis et URSS se livraient un duel sans merci pour aller sur la Lune. Des décennies plus tard, la Chine a pris la place du régime soviétique. « Ses objectifs ne sont pas différents de ceux d'autres pays, déclare Chen Lan, analyste pour un site spécialisé dans le programme spatial chinois. Il s'agit d'améliorer ses capacités, d'explorer l'univers, d'investir dans les ressources futures et in fine d'augmenter son influence politique et son prestige. »

Le saint Graal de l'espace, ce sont aussi les extractions minières. Dans la transition numérique et environnementale en cours, ce sont les métaux rares indispensables à tous les nouveaux produits technologiques -batteries, panneaux solaires, serveurs, calculateurs...- Or, l'espace regorge de tels métaux rares. Il y en a sur la Lune, sur Mars, et sur de nombreuses astéroïdes.

Selon un traité international de 1967, tous les corps célestes sont des biens communs : personne ne peut se les approprier.

Mais le droit est en voie d'évoluer très vite. En 2015, Barack Obama a signé le Commercial Space Act, qui reconnaît le droit de posséder et de vendre des « ressources » spatiales...




Paul Emison pour DayNewsWorld