AFFAIRE BENALLA  ACTE II SCENE 2

LE BAL DES MENTEURS

On vient d’apprendre qu’à la suite d’une seconde demande de mise en liberté, Alexandre Benalla et Vincent Crase ont été libérés le 26 février, une semaine jour pour jour après leur placement le 19 février 2019 en détention provisoire.

Alexandre Benalla dormait depuis le 19/02 à la prison de la Santé à Paris, alors que Vincent Crase avait été placé dans celle de Bois d’Arcy (Yvelines) sur décisions des juges d’instruction et d’un juge des Libertés et de la Détention, confirmées par la Chambre d’Instruction de la Cour d’Appel de Paris.

Opposés à ces décisions, leurs avocats respectifs avaient déposés, devant la même Chambre d’Instruction, sous la forme d’un référé liberté, de nouvelles demandes de mise en liberté qui ont donc été examinées le 26 février, séparément, lesdits avocats estimant que leur incarcération étaient injustifiées et infondées sur le plan du droit.

Même si, on en convient, la privation de liberté doit être l’exception, on a été pris d’un sérieux malaise à la suite de ces rebondissements successifs.

* Humorous illustration image

L’affaire Benalla, qui aurait depuis plusieurs semaines provoqué une panique générale à l’Elysée, rend en effet de plus en plus mal à l’aise, notamment depuis la publication le 20 février 2019 du rapport de la Commission d’Enquête du Sénat que ceux que cela intéresse peuvent lire en ligne (le rapport a été publié sur le site du Sénat) .Il faudra attendre le 21 mars pour savoir si Gérard Larcher déposera plainte pour les faits exposés.

L’affaire est en train de devenir surréaliste.

Rappel !

Alexandre Benalla , l’ange gardien d’Emmanuel Macron (et souvent de Brigitte) qui n’avait eu qu’à traverser la rue au lendemain des élections présidentielles de mai 2017 pour trouver un emploi de chargé de missions doublé des fonctions de garde du corps et de bonne à tout faire ( ?) est à l’origine de ce qui aujourd’hui apparait comme étant une affaire Macron et donc une affaire d’Etat (voir nos précédentes éditions).

Tout commence le 1er mai 2018. Déguisé en policier, Alexandre Benalla s’acharne en actes physiques, violemment, sur des opposants à Emmanuel Macron venus manifester, place de la Contre Escarpe à Paris. Une vidéo immortalise l’incident  et cette vidéo circule suffisamment largement pour devenir publique et créer l’attention des deux assemblées parlementaires qui décident alors, l’une et l’autre, de mettre en place des Commissions d’Enquêtes.

La Commission d’Enquête de l’Assemblée Nationale « coule » très vite.Ses travaux sont un fiasco dont sa Présidente, Yaël Braun Pivet, Députée LREM, Présidente de la Commissions des lois Constitutionnelles (avocate de profession dans la vie civile) en porte l’entière responsabilité. Yaël Braun Pivet est devenue à la suite de ses événements la figure emblématique du parlementarisme godillot qui lui a valu le Prix des Casseroles Politiques décerné le 10 janvier 2019 par l’Association Anticor.

Parallèlement, la Commission d’Enquête du Sénat résiste aux pressions, poursuit son bonhomme de chemin, enquête et interroge à tour de bras. Ses travaux sont diffusés publiquement sur le chaines TV et les Français (ou des étrangers intéressés par la politique française) deviennent « scotchés » à l’écoute des révélations qui surgissent audience après audience.

A la suite de ces révélations Alexandre Benalla et Vincent Crase sont mis en examen le 21 juillet 2018 et placé sous un contrôle judiciaire qui leur fait l’interdiction absolue de se rencontrer et d’échanger.

Quelques mois plus tard, notre confrère Médiapart publie, le 30 janvier 2019, l’enregistrement audio d’une conversation étrange entre les deux hommes portant sur des rendez vous secrets, des effacements de données sur leurs portables respectifs etc.

Médiapart affirme que ces conversations ont été enregistrées le 26 juillet 2018 soit quelques jours seulement après la mise en examen des deux hommes ; ces enregistrements démontrent qu’Alexandre Benalla et Vincent Crase ont violé leur contrôle judicaire.

Dès lors, il était inévitable que la mécanique d’une affaire d’Etat s’enclenche  et que les réunions de crises se  succèdent à l’Elysée.

C’est donc à cause de la violation de leur contrôle judiciaire, dont Médiapart déclare détenir les preuves certaines que les deux hommes, convoqués au tout neuf Palais de Justice de Paris le 19 février, ont été placés en détention.

Les deux hommes ont « croupis » en prison depuis cette date, laissant à leurs avocats respectifs le soin d’organiser leur défense et donc de solliciter, en référé liberté, à nouveau  devant la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel de Paris leur remise en liberté.

On dit que depuis, Alexandre Benalla serait près à « balancer » Emmanuel Macron ? Dans cet antagonisme de « garnements » il serait intéressant de composer un nouveau livret littéraire titré « La revanche de Scapin ».

Mais cette voie n’est cependant pas certaine ? L’Elysée pourrait continuer à protéger son cher « Benallou » en accentuant la pression sur le procureur de la République, Rémi Heitz, nommé le 8 novembre 2018 dans des conditions rocambolesques grâce à l’entêtement d’Emmanuel Macron, lequel Rémi Heitz reconnaitrait qu’il se trouve aujourd’hui dans une situation particulièrement inconfortable. C’est pourtant lui, qui sur injonction de la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet a décidé de perquisitionner Médiapart…

Cette dernière issue n’est en effet pas impossible  surtout lorsqu’on apprend qu’Alexandre Benalla et Vincent Crase « avaient été placés le 19 février 2019, le jour même ou ils ont été placés en détention provisoire pour violation de leur contrôle judiciaire, dans le même box et laissés 1h30 en tête à tête…. le temps qu’ils accordent leurs violons ».

Cet énorme cafouillage a été mis sur le compte « d’une mauvaise transmission  des consignes des magistrats aux escortes policières » (dans les faits le @mail n’aurait pas été envoyé ?). Le TGI de Paris s’est refusé à tout commentaire, mais une source proche du dossier a qualifié la situation d’ubuesque !

Comme d’habitude, pour Christophe Castaner, le Ministre de l’Intérieur, l’affaire Benalla n’est pas une affaire d’Etat. Le Ministre affirme avoir interrogé sur la possibilité que les enregistrements de Médiapart aient été réalisés par un service de police, qu’elles aient été judicaires ou administratives. Il dit avoir fait vérifier !

De son coté, notre confrère Médiapart a rappelé  qu’il n’était pas une officine de renseignements, mais un journal d’informations, qui lutte contre les entraves à la vérité dans cette affaire ou dans d’autres.

Pour protéger ses sources, Médiapart s’est opposé, comme on vient de l’indiquer,  à une perquisition programmée dans le cadre d’une enquête préalable suite à une plainte déposée par Alexandre Benalla et Vincent Crase, « pour atteinte à l’intimité de leur vie privée ( ?) ».

A la suite de cet incident, Médiapart a remis officiellement copie des 7 enregistrements inédits que la Justice souhaitait se procurer par la force.

L’affaire Benalla n’est pas finie.

Les médias, le parlement et les bruissements de la toile vont pouvoir commenter encore longtemps de ce qui apparait aujourd’hui comme une affaire sordide, symptomatique de ce que l’on peut qualifier comme les écuries d’Augias de la Présidence de la République.

Et il faut en convenir, ces écuries là, « elles puent », tant le système s’est avéré vermoulu et pervers. Les remugles de la République macroniste  vont donc emplir l’atmosphère encore longtemps.

Clara Mitchell pour DayNewsWorld