UN EXPLOIT SCIENTIFIQUE MONDIAL

UNE ODYSSEE DE 28 JOURS SOUS LA MER

Le photographe et biologiste Laurent Ballesta se lance lundi dans une aventure sous-marine inédite :

28 jours à 120 mètres de profondeur, entre Marseille et Monaco. Fasciné par le commandant Jacques-Yves Cousteau, il reprend le flambeau de ses exploits sous-marins pour explorer la Méditerranée.

A 45 ans, dont trente ans de plongée, il va vivre une expédition extraordinaire. Avec ses trois coéquipiers, ils vont vivre 28 jours en mer, à 120 mètres de profondeur, entre Marseille et Monaco, en huis-clos.

« L'exotisme n'est pas au bout du monde. En Méditerranée, il y a des endroits vierges » , assure ce passionné des fonds sous-marins.

Un défi de la nature : 28 jours de huis-clos à 120 mètres de profondeurs

Pour une telle mission il fallait défier la nature. La pression qui s’exerce dans cette zone – treize fois supérieure à celle de la surface ! – oblige en effet à de longs paliers de décompression et raccourcit sensiblement le temps d’exploration.

« Le problème de la plongée, indique-t-il, ce n’est pas la descente, c’est la remontée. » Pour une poignée de minutes à grande profondeur, ce sont des heures et des heures de remontée et de décompression obligatoire.

« Quand on séjourne seulement trente minutes à une profondeur de 120 mètres, la remontée dure cinq heures ! », déplore Laurent Ballesta.

Pour défier la nature et gagner du temps, Ballesta et son équipe ont donc imaginé de nouvelles techniques en recourant à des pratiques déjà en cours, mais qui n’avaient encore jamais été combinées. Le résultat s’appelle « Gombessa V : Planète Méditerranée ».

Une immersion  de vingt-huit jours non stop dans les « sous-sols » aquatiques de la Méditerranée

La solution c’est donc de ne plus remonter ! Ainsi pour travailler à 120 mètres sous l'eau pendant 28 jours, Laurent Ballesta et ses plongeurs vont s'enfermer dans un caisson pressurisé aux murs d’acier.

Plus exactement dans deux modules de vie dont un module dortoir de 5m² et un module humide avec une salle de bain et des toilettes, de 2m². Auprès de Ballesta, ses complices de longue date : Antonin Guilbert, biologiste marin, Thibault Rauby, moniteur de plongée instructeur et assistant éclairagiste, et Yanick Gentil, plongeur-cadreur.

Chaque jour, une cloche descendra les plongeurs jusqu’à 120 mètres de profondeur. Ils remonteront à la surface pour manger et se reposer, mais toujours enfermés et soumis à une pression treize fois supérieure à celle de l’atmosphère.

La technique n’est pas nouvelle en soi. Une technique déjà employée pour les scaphandriers de l’industrie pétrolière offshore qui réparent les pipelines .

Mais dans cette nouvelle aventure chaque plongeur sera, en outre, équipé de propulseurs sous-marins et de palmes. Ils pourront ainsi parcourir les fonds jusqu’à huit heures par jour !

« L’exploit mondial, c’est notre liberté ! déclare le biologiste (...) nous pourrons nous déplacer comme bon nous semble dans des sites vierges de toute observation. C’est un tournant dans l’histoire de la plongée. Si rejoindre de telles profondeurs est toujours un défi, y séjourner était un fantasme. Cet été, l’utopie va devenir réalité. »

Les objectifs de cette mission

Grâce à cette odyssée les thématiques de la pollution, de la biodiversité tout comme celle de l' histoire vont s'inviter…, une dizaine de laboratoires français et étrangers ayant commandité des protocoles de recherche inédits. Les forêts de corail noir et les récifs coralligènes ou encore la cartographie des zones, l’étude des sites de rejet des eaux usées, l’exploration d’une épave datant de la Première Guerre mondiale vont être étudier.

A terre toute une équipe d'une trentaine de scientifiques.

Trois caméras surveilleront jour et nuit les plongeurs et leur état de santé. Car de telles conditions de vie altèrent le caractère. Aux commandes de l’équipe « technique de saturation » du projet, Théo Mavrostomos, une légende qui détient le record de l’homme « le plus profond du monde » avec une plongée expérimentale à 701 mètres.

« “Planète Méditerranée” est un challenge technique au service de la connaissance, un défi humain et sportif pour mieux connaître la Méditerranée », explique l’explorateur en chef.

Andrew Preston pour DayNewsWorld