LIBERATION DU JOURNALISTE RUSSE IVAN GOLOUNOV

«La décision d’arrêter les poursuites contre Ivan Golounov a été prise en raison de charges insuffisantes à son encontre», a annoncé le ministre russe de l’Intérieur Vladimir Kolokoltsev.

Le ministre russe de l’Intérieur a annoncé la levée des poursuites contre le journaliste Ivan Golounov en raison de charges insuffisantes à son encontre. Une enquête interne a été initiée pour évaluer les actes des policiers qui l'ont interpellé. Le ministre sollicitera la révocation de deux policiers de haut rang dans le cadre de cette affaire.

Lundi, trois quotidiens russes (Kommersant, Vedomosti et RBK) avaient manifesté leur soutien au journaliste d’investigation Ivan Golounov en publiant une «une» commune ainsi qu’une tribune en sa faveur :

« Je suis, nous sommes Ivan Golounov ». Ce mouvement avait fait tache d’huile au point de pousser des supporteurs habituels du Kremlin, ou des personnalités d’ordinaire silencieuses sur les questions politiques, à prendre position en faveur du journaliste emprisonné.

« Aujourd’hui on essaie d’enfermer un journaliste qui dérange, avait lancé lundi soir l’acteur Konstantin Khabenski, depuis la scène d’un festival de cinéma à Sotchi.

Si cela réussit, rien ne dit que nous ne serons pas à notre tour, demain, considérés comme dérangeants. »

Cet événement est le dernier épisode en date dans une affaire qui a provoqué une vague d’indignation en Russie.

Le journaliste d’investigation du média en ligne indépendant Meduza, Ivan Golounov avait déjà publié plusieurs enquêtes sur la corruption à Moscou, et notamment à la mairie de la ville. Ivan Golounov a été arrêté jeudi 6 juin et assigné à résidence samedi soir par un juge. Selon la police, il a tenté de vendre «une quantité importante» de cocaïne et de méphédrone, une drogue de synthèse.

Le journaliste rejette ces accusations, estimant qu'elles sont liées à ses enquêtes.

Samedi, un juge de Moscou le libère finalement sous contrôle judiciaire et l' assigne à résidence «pour une durée de deux mois».

Ivan Golounov a toujours rejeté les accusations de la police, depuis le début. Dans une déclaration commune, trois journaux russes estiment que «les preuves de culpabilité d’Ivan Golounov, fournies par les enquêteurs, ne sont pas convaincantes et que les circonstances de son arrestation font beaucoup douter qu’elle ne se soit déroulée avec violation de la loi». «N’excluant pas» que l’arrestation du journaliste soit «liée à ses activités professionnelles», les médias «exigent une vérification détaillée des actes des policiers impliqués dans l’arrestation d’Ivan Golounov [...] et une transparence maximale lors du déroulement de l’enquête». Ils préviennent par ailleurs qu’ils suivront «attentivement l’enquête» sur ce dossier.

Par ailleurs, Meduza, qui estime que son journaliste est «persécuté en raison de son travail d’enquête», a également ouvert l’accès libre aux travaux d’Ivan Golounov, qui peuvent donc être lus en anglais et partagés par tous sans demander la permission au site

Les poursuites contre le journaliste russe d’investigation Ivan Golounov, accusé de trafic de drogue, ont été abandonnées. Il sera libéré de son assignation à résidence plus tard dans la journée ce mardi 11 juin,

Le ministre a ajouté qu'une enquête interne était en cours. Les policiers qui avaient procédé à l'arrestation du journaliste ont été suspendus le temps de l'enquête initiée pour évaluer leurs actes.Vladimir Kolokoltsev a également annoncé qu'il allait demander à Vladimir Poutine de prononcer la révocation de deux policiers de haut rang dans le cadre de cette affaire.

La justice devra désormais évaluer « la légalité des actions des policiers qui ont interpellé » le journaliste à Moscou.

Deux hauts responsables de la police seront, en outre, limogés. Il s’agit du général de la police, Andreï Poutchkov, responsable des forces de l’ordre dans le district ouest de la capitale russe, et du général Iouri Deviatkine, qui dirige l’antenne moscovite du département de la lutte contre le trafic de drogue, selon la même source.

Le sacrifice de hauts fonctionnaires est-il un signe de fragilité du pouvoir ?

Commentant cette nouvelle sur son compte Facebook, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a écrit  «Le meilleur jour. [Touchée] jusqu'aux larmes. Bonheur».

Depuis l'arrestation d'Ivan Golounov, de nombreux confrères, y compris des médias officiels, mais aussi des artistes et responsables politiques, lui ont apporté leur soutien. L’interpellation du journaliste a provoqué une série de protestations à travers plusieurs villes russes. Plus de 66.000 personnes ont signé une pétition pour exiger la libération du journaliste sur le site Change.org. En outre, près de 6.000 journalistes ont signé la lettre ouverte demandant sa libération qui a été publiée par le syndicat des employés des médias.

"ll s’agit d’une victoire sans précédent pour la société civile, donnée quasiment morte, confrontée à un arsenal législatif toujours plus répressif, et qui a réussi à l’emporter en seulement quelques jours".

Britney Delsey pour DayNewsWorld