GUERRE COMMERCIALE SINO-AMERICAINE OU L'ETAT D'URGENCE SUR LA TECH

Donald Trump a signé mercredi 15 mai un décret interdisant les entreprises de télécommunications américaines d'utiliser du matériel étranger, visant, sans les nommer, la Chine et Huawei, que le président américain accuse d'espionnage.

« Espionnage économique et industriel »

En pleines tensions commerciales avec Pékin, le président américain a déclaré une « urgence nationale » pour prendre ce décret.  Bien qu'ils ne soient pas nommés explicitement dans le décret, la Maison Blanche vise la Chine et Huawei en particulier, évitant ainsi que des « adversaires étrangers exploitent de façon croissante des vulnérabilités dans les services et les infrastructures technologiques de l’information et de la communication aux États-Unis ».

Le texte permet donc de prendre des mesures qualifiées « d'urgence nationale » contre des « actes malveillants favorisés par Internet, dont l’espionnage économique et industriel ».

Huawei dénonce une mesure illégitime

Le groupe chinois a vivement rétorqué dénonçant aussitôt des « restrictions déraisonnables [qui] empiéteront sur les droits de Huawei ». Ajoutant que d'empêcher le commerce de ses appareils sur le territoire américain « ne rendra pas les États-Unis plus sûrs ou plus forts » réduisant ainsi le pays à « des alternatives de qualité inférieure et malgré tout plus coûteuses, laissant les États-Unis à la traîne pour le déploiement de la 5G » . Huawei se qualifie en effet comme « le leader sans rival de la 5G », dont le déploiement sur le territoire américain a totalement été radié par cet accord.

C'est une des mesures les plus sévères prises pas le gouvernement Trump contre le secteur technologique chinois en pleine expansion internationale, en particulier dans les pays émergents d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie.

Un décret avant tout symbolique

Pour le numéro un mondial des équipements télécoms, l’impact de ce décret est cependant davantage symbolique qu’économique. Huawei, dont le chiffre d’affaires atteignait 93,5 milliards d’euros en 2018, réalise en effet l’essentiel de ses ventes en Asie et en Europe. Le continent américain ne représente que 6,6 % de son résultat annuel.

Mais le géant chinois, qui entend faire la course en tête sur la 5G, doit faire face depuis novembre 2018 à une vague mondiale de suspicion sur la sécurité de ses équipements télécoms.

Son président, Liang Hua, s’est d'ailleurs de nouveau défendu mardi 16 mai contre les accusations d'espionnage lors d’un déplacement à Londres et, s'est dit prêt à signer des accords de « non-espionnage » avec les gouvernements.

Emily Jackson pour DayNewsWorld