UN REFERENDUM SUR LA PRIVATISATION D'AEROPORTS DE PARIS EN DEPIT DES ARGUMENTS FALLACIEUX

DE MARLENE CHIAPPA

Au moment où le Parlement a définitivement adopté ce jeudi le projet de loi Pacte, porté par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, dans lequel figure entre autre la décision de privatiser Aéroports de Paris (ADP), l'ambiance à l'Assemblée était des plus tendue, de nombreux députés de l'opposition ayant lancé il y a deux jours une procédure de référendum d'initiative partagée sur la privatisation de Aéroports de Paris (ADP), .

Et la secrétaire d’Etat, à l’égalité entre les femmes et les hommes, égale à elle-même, a ajouté de l'huile sur le feu. Elle est en effet montée au créneau mardi pour défendre la vente par l’Etat du groupe Aéroports de Paris, arguant que « gérer la partie centre commercial » n’était pas une « mission de l’Etat » !Un argument des plus discutables ! Un raccourci fallacieux !

Avec cette défense de la vente d’ADP en raison de ses activités commerciales, Marlène Schiappa fait un raccourci fallacieux.

Le groupe Aéroports de Paris est en effet un groupe international qui déploie des activités beaucoup plus variées que ne le laisse croire la secrétaire d’Etat : il possède notamment les plus gros aéroports français : Roissy-Charles-de-Gaulle (72,2 millions de passagers), Orly (33,1 millions de passagers), Le Bourget et une dizaine d'autres aérodromes ;

Il est le premier propriétaire foncier d’Ile-de-France, grâce aux 6 686 hectares des aéroports,et possède aussi plus d’un million de mètres carrés de bâtiments, hangars, hôtels, bureaux, etc. ;

ainsi qu' une filiale dans la téléphonie (Hub One).Sa participation dans le capital de nombreux aéroports internationaux a été développée, et enfin, ces aéroports sont aussi des centres commerciaux importants !

Si cette activité est lucrative, elle est doncd’être la seule mission d’ADP, qui génère un chiffre d’affaires de près de 4,5 milliards d’euros. Par ailleurs, le fait de rapporter de l’argent à l’Etat fait partie des missions de l’Agence des participations de l’Etat dans son objectif de « la valorisation dans la durée du patrimoine des Français ».

Quant à l’argument sur les « missions essentielles de l’Etat », il est contredit par les actuels investissements de la puissance publique. Si l'Etat détient les secteurs-clés comme notamment l’énergie (EDF, Engie), le transport public (SNCF, RATP), l’Etat détient également des parts d’un opérateur de télécommunications (Orange), d’un constructeur automobile (Renault) ou aéronautique (Airbus), d’un chantier naval (Naval Group, ex-DCNS)... Sans compter les diverses participations de la Caisse des dépôts dans l’immobilier, les forêts ou les stations de ski.

Si le gouvernement français semble réticent sur le référendum d'initiative citoyenne, le groupe socialiste à l'Assemblée nationale, de son côté, a annoncé mardi avoir réuni les 185 signatures de parlementaires nécessaires pour engager la procédure d'organisation de son pendant parlementaire qu'est le référendum d'initiative partagée contre la privatisation d'Aéroport de Paris.

Des députés et sénateurs socialistes mais aussi Les Républicains, communistes et membres du groupe Libertés et territoires, au total 197, ont déjà donné leur accord, a annoncé le député socialiste Boris Vallaud.

Pour la première fois, le seuil des 185 parlementaires nécessaire pour déclencher le processus conduisant à l’organisation d’un référendum d’initiative partagée (RIP) a donc été atteint.

La disposition est prévue dans la loi Pacte qui doit être votée définitivement cette semaine.

Bien entendu l'organisation d'un tel référendum suppose également de réunir plus de 4,5 millions de signatures d'électeurs (10 % du corps électoral) en neuf mois pour soutenir cette proposition de référendum.

Mais entre ces deux étapes il y a celle, encore très incertaine, de la validation de la démarche par le Conseil constitutionnel. Ce dernier doit se prononcer sur la conformité de l’initiative aux règles du RIP.

« Nous ne voulions pas que soit à nouveau commise l'erreur qui s'est transformée en scandale, de la privatisation des autoroutes, avec la privatisation des aéroports de Paris », a déclaré Boris Vallaud lors d'une conférence de presse.

C'est la première fois que la mesure, qui avait été voté en 2008 sous Nicolas Sarkozy, et entrée en vigueur sous François Hollande, est lancée.

Andrew Preston pour DayNewsWorld