LES MESURES ANNONCEES PAR EMMANUEL MACRON NE SONT PAS A LA HAUTEUR DES DEMANDES

DES GILETS JAUNES

Lors d'une conférence de presse, un exercice inédit depuis son élection en 2017, devant quelque 320 journalistes, le chef de l’Etat a salué jeudi les « justes revendications à l’origine » du « mouvement inédit » des gilets jaunes qui a profondément chamboulé le quinquennat depuis le 17 novembre dernier.

Mais dès le préliminaire il a averti qu'il n' avait pas fait « fausse route », pensant « très profondément que les orientations prises durant ces deux premières années, à bien des égards, ont été justes ». « Les transformations en cours et les transformations indispensables à faire dans notre pays ne doivent pas être arrêtées, parce qu’elles répondent profondément à l’aspiration de nos concitoyens », a-t-il insisté. Il ne changera donc pas le cap de sa politique.

Le chef de l'Etat était très attendu par les « gilets jaunes » sur le volet fiscal, social,et législatif.

Par ses annonces d'Emmanuel Macron a-t-il répondu jeudi soir aux principales revendications portées par les « gilets jaunes » ?

Une baisse des impôts mais pas de rétablissement de l'ISF

Emmanuel Macron a proposé de réduire « significativement » l'impôt sur le revenu, pour répondre à l'injustice fiscale au cœur de la mobilisation des « gilets jaunes ». Cette baisse d'impôt autour de 5 milliard sera financée non seulement par la suppression de certaines niches fiscales pour les entreprises mais aussi par la nécessité de travailler davantage et des réductions de la dépense publique. Cette baisse d'impôt devrait toucher les deux premières tranches. Au gouvernement de « définir le quantum ».

Par contre il s'est prononcé contre le rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), une des principales revendications des « gilets jaunes », présentant sa décision de supprimer cet impôt comme une « réforme pour produire, pas une réforme pour les plus fortunés ». Il a toutefois souligné que l'impact de cette suppression serait "évalué en 2020", en vue d'éventuelles corrections.

Pas de référendum d'initiative citoyenne, mais un RIP assoupli

Emmanuel Macron a écarté l'une des principales revendications des « gilets jaunes »qui demandaient plus de démocratie directe avec le RIC. Il estime en effet que le RIC, tel qu'il est proposé, semble « remettre en cause la démocratie participative », ajoutant ne pas croire « à la République du référendum permanent ». Toutefois il se dit favorable à « plus de place à la voie référendaire dans notre démocratie ». Ainsi, le chef de l' Etat a indiqué vouloir « aller plus loin sur le référendum d'initiative partagée » en proposant d’abaisser à 1 million le nombre de signatures nécessaires pour saisir le Parlement. Cette mesure figurerait dans la réforme constitutionnelle que le chef de l’Etat veut voir revenir au Parlement « à l’été ». Actuellement, le référendum d'initiative partagée, en vigueur depuis 2015, nécessite le soutien de 20% des parlementaires et de 10% du corps électoral, soit près de 4,5 millions de signatures.

L'introduction d'une dose de proportionnelle

Pour parer à une crise de représentation au sein des assemblées le chef de l'État s'est dit jeudi « favorable » à l'introduction d'une dose de 20% de proportionnelle à l'Assemblée nationale (contre 15% jusqu'ici).

Le président a par ailleurs évoqué une baisse du nombre de parlementaires (577 députés et 348 sénateurs actuellement), qui serait de l'ordre de 25% à 30%, ainsi qu'une limitation des mandats dans le temps.

Pas de reconnaissance du vote blanc, pas de vote obligatoire.

Si dans une allocution télévisée du 16 décembre 2018 , le chef de l'Etat s'était dit prêt à ouvrir le débat sur la prise en compte du vote blanc, il a finalement écarté cette possibilité arguant que vote blanc était ne prendre aucune décision . « Blanc, ça ne décide pas. C'est trop facile, c'est l'agrégation des rejets », a-t-il déclaré. Il a aussi balayé l'éventualité d'un « vote obligatoire », qu'on ne « répond pas à une crise démocratique par la contrainte ».

Les retraites réindexées

Le président de la République a annoncé que les retraites 3de moins de 2 000 euros » seront réindexées sur l’inflation dès le 1er janvier 2020, mesure attendue, mais aussi qu’aucune pension n’augmentera moins vite que les prix à partir de 2021.

Emmanuel Macron a par ailleurs souhaité que « la retraite minimale » pour une carrière complète soit portée à 1 000 euros, un montant selon lui « significativement supérieur » au minimum vieillesse qu’il a promis de relever à 900 euros, un montant selon lui « significativement supérieur » au minimum vieillesse qu’il a promis de relever à 900 euros l’an prochain.

Il a aussi ajouté qu’il ne comptait pas revenir sur l’âge légal de départ à la retraite, privilégiant la piste menant à l’allongement de la durée de cotisation.

Emmanuel Macron a souhaité que les caisses d’allocations familiales (CAF) aient la « prérogative pour prélever les pensions alimentaires familiales » et ainsi aider les familles monoparentales.

« Ces fameuses familles monoparentales sont souvent ces mères vivant seules », a souligné le président de la République, estimant qu’ « on ne peut pas faire reposer sur des mères l’incivisme de leurs anciens conjoints ».

Un « nouvel acte de décentralisation » d'ici un an

Le président a annoncé « un nouvel acte de décentralisation » dans les territoires, qui devra aboutir "au premier trimestre 2020". Cette nouvelle décentralisation doit être « adaptée à chaque territoire » et porter « sur la politique de la vie quotidienne » comme « le logement, le transport, la transition écologique pour garantir des décisions prises au plus près du terrain », a-t-il ajouté.

Dans le même temps, Edouard Philippe présentera en mai « une profonde réforme de l’administration » destinée à déployer « plus de fonctionnaires sur le terrain ». Le chef de l’Etat a également annoncé la création dans chaque canton d’ici à la fin du quinquennat d’un « endroit où l’on puisse trouver une solution aux problèmes », baptisé « France services ».

Pour ce faire le président abandonnera certainement l’objectif de 120 000 suppressions de postes de fonctionnaires qu’il avait fixé si le gouvernement le juge nécessaire.

Si Emmanuel Macron n'exclut pas la réorganisation des services public il a souhaité « ne plus avoir d’ici à la fin du quinquennat de nouvelles fermetures, ni d’hôpitaux, ni d’écoles sans l’accord du maire ».

Un « conseil de défense écologique »

Emmanuel Macron a souhaité la mise en place d’un « conseil de défense écologique » qui réunira les ministres dédiés pour faire les « choix stratégiques » imposés par l’urgence climatique.

Majoritairement, les «gilets jaunes» ont été particulièrement déçus par ce qu’ils nomment les «mesurettes» du président de la République. Certains estiment qu’il n’a fait que se «congratuler», d’autres jugent que son discours n’était «que du théâtre».

En réaction, les figures du mouvement appellent à reprendre la rue.

Britney Delsey pour DayNewsWorld