L'EX-PRESIDENT DU BRESIL LULA

SORTI DE PRISON

RETOURNE DANS L'ARENE POLITIQUE

L’ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, 74 ans, figure historique de la gauche brésilienne, incarcéré depuis plus d’un an et demi, est libre. Un juge brésilien a autorisé vendredi sa sortie de prison.

Après un arrêt rendu la veille par la Cour suprême, selon l’ordre de libération, l’ex-président a été libéré dans la foulée de l’annonce, vendredi.

Dans son ordre de libération, le juge a expliqué qu’il n’y avait plus « aucun fondement pour l’exécution de la peine » en raison de la décision de la Cour suprême de mettre fin à une jurisprudence permettant l’emprisonnement dès une première condamnation en appel, même si tous les recours ne sont pas épuisés.

A sa sortie de prison, l’ex-président a été accueilli par une véritable marée rouge de militants de gauche, après plus d’un an et demi d’incarcération. Il a chaleureusement embrassé des sympathisants et salué la foule d’un poing levéAvant de promettre de « continuer à lutter » pour le peuple brésilien. « Je veux continuer à lutter pour améliorer la vie du peuple brésilien », a lancé Lula, 74 ans, lors d’un discours chargé d’émotion.

Condamnation pour corruption passive

Condamné dans l’affaire « Lava Jato » (Lavage Express) , lex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) purgeait depuis avril 2018 une peine de huit ans et dix mois de prison pour corruption.

Il est sorti  de prison à la faveur d’un arrêt rendu jeudi 7 novembre par la Cour suprême.

Les magistrats ont en effet mis fin à une jurisprudence selon laquelle une personne peut être emprisonnée avant l’épuisement de tous ses recours si sa condamnation a été confirmée en appel, ce qui est le cas de Lula. Ce dernier dispose en effet encore de recours auprès de tribunaux supérieurs.

Immédiatement après le rendu de la décision, ses avocats ont donc annoncé qu’ils allaient demander la libération de « l’ancien président emprisonné de manière injuste depuis 579 jours ».

Parmi les 5000 autres détenus qui pourraient être également concernés figurent des dizaines de personnes condamnées comme l’ex-président âgé de 74 ans dans le cadre de l’enquête anticorruption « Lavage Express ».

Lula se dit victime d’un complot

Lula avait été accusé d’avoir bénéficié d’un triplex dans la station balnéaire de Guarujá, près de Sao Paulo, en échange de contrats accordés à une compagnie du BTP. Depuis sa cellule de la Police fédérale à Curitiba (sud), il n’a cessé de clamer son innocence: il se disait victime d’un complot pour l’empêcher de revenir au pouvoir alors qu'il était donné grand favori des sondages pour la présidentielle d’octobre 2018. Mais il avait été déclaré inéligible quelques semaines avant le scrutin, laissant la voie libre au candidat de l’extrême droite Jair Bolsonaro.

Dans son blog, Jean-Luc Mélenchon (LFI) dénonçait alors « le cas le plus célèbre dans le monde de 'Lawfare', cette méthode d’instrumentalisation de la justice pour éliminer un adversaire politique ».

Un clivage persiste

La décision des 11 juges de la Cour suprême a été obtenue, après de longs débats, sur un score serré de 6 à 5 voix.

Les procureurs chargés de l' enquête anticorruption ont immédiatement affirmé que la décision de la Cour suprême allait à l’encontre « du sentiment de rejet de l’impunité » et de l’importance « du combat de la corruption, qui sont des priorités de notre pays ». Pour Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des Travailleurs (PT), fondé par Lula en 1980, la décision de la Cour suprême a, au contraire, « renforcé la démocratie et la Constitution, menacées par le gouvernement d’extrême droite » du président Jair Bolsonaro.

Durant la campagne électorale, ce dernier n’avait pas caché son souhait de voir l’ex-président de gauche, sa bête noire, « pourrir en prison ». Jair Bolsonaro a d’ailleurs choisi pour ministre de la Justice Sergio Moro, ex-juge qui avait condamné Lula en première instance en juillet 2017.

La libération de Lula rebat les cartes politiques au Brésil où l’opposition restait inaudible depuis l’entrée en fonction du président Bolsonaro.

« Si la Cour suprême le déclare innocent dans les prochaines semaines, Lula pourrait être à nouveau candidat aux élections présidentielles de 2022 », selon Gaspard Estrada, directeur exécutif de l'OPALC (Observatoire Politique de l'Amérique latine et des Caraïbes) de Sciences Po et spécialiste du Brésil

Alyson Braxton pour DayNewsWorld